Un peu plus de la moitié des Marseillais ne sont pas satisfaits de l'action de la municipalité et les trois quarts attendent de profonds changements pour la suite du mandat de maire de Benoît Payan, selon un sondage Ipsos - Sopra Steria réalisé pour France 3 Provence-Alpes, France Bleu et La Provence.
Trois ans après l'élection du Printemps marseillais et la prise de fonction de Benoit Payan, les habitants attendent un nouveau cap. Seuls 43% d'entre eux estiment que l'équipe municipale accomplit un bon travail, près de deux tiers (64%) ont l'impression que la situation se détériore, et les trois quarts (75%) veulent des changements "en profondeur" pour la suite de ce mandat, selon les résultats d'un sondage Ispos - Sopra Steria* pour France 3 Provence-Alpes, France Bleu et la Provence révélés ce vendredi 15 décembre.
"ll y a un consensus négatif sur certains aspects de l'action municipale. Mais quand on regarde dans le détail, c'est plus compliqué que ça", tempère Pierre Latrille, l'un des auteurs du sondage et membre de l'institut Ipsos. Il observe que le jugement de l'action municipale varie selon l'affinité politique des sondés.
"Ceux qui ont voté pour le Printemps marseillais ont une bonne opinion". Ils sont en effet 69% à juger que la municipalité a accompli un bon travail contre seulement 18% des électeurs de Stéphane Ravier lors des dernières municipales, alors affilié au Rassemblement National.
Quels chiffres retenir de ce sondage ?
85% des Marseillais ne se sentent pas en sécurité
Parmi les principaux enseignements de cette étude : l'important sentiment d'insécurité, ressentie par 85% des personnes interrogées, ce chiffre étant légèrement plus élevé chez les femmes (89%) que chez les hommes (80%). "Un sentiment très partagé partout en France" précise Pierre Latrille.
Malgré les 330 policiers, 11 enquêteurs pour la police judiciaire, trois compagnies de CRS déployés en renfort à l'initiative de l'État au cours des deux dernières années, les fusillades et règlements de compte en tout genre ont fait plus de 40 morts, dont trois victimes collatérales, depuis le début de l'année 2023.
72% de mécontents de la politique du logement
Les élus ne sont pas non plus parvenus à convaincre concernant leur politique du logement : 72% des sondés s'en disent insatisfaits. Et ce, alors même qu'il s'agissait de l'un des enjeux phares de la dernière élection, au lendemain des effondrements de deux immeubles de la rue d'Aubagne qui a causé la mort de 8 personnes, le 5 novembre 2018.
Parmi les facteurs qui peuvent expliquer ce mécontentement, la difficulté à se loger, la pénurie de logements sociaux, avec 40 000 demandes encore en attente, ou encore la colère face à l'explosion du nombre d'Airbnbs. Face à cette crise, la Ville propose la création de 4 500 logements par an pendant six ans, dont 1 500 logements sociaux dans le cadre de son programme local de l'habitat métropolitain. Le maire demande aussi une évolution de la loi pour mieux lutter contre les marchands de sommeil.
La perception des sondés est légèrement meilleure en ce qui concerne les autres volets de la politique municipale : la gestion des écoles et de la police municipale, dont 48 % de personnes qui se disent plutôt ou très satisfaits dans les deux cas.
75% veulent un changement "en profondeur"
De manière générale, seuls 43% des sondés estiment que l'équipe municipale accomplit un bon travail depuis son élection en 2020. Près de deux tiers (64%) ont l'impression que la situation de la ville s'est détériorée "au cours des dernières années", dont près de la moitié des sympathisants du Printemps marseillais (49%).
Pour les prochaines années, 75 % des personnes sondées veulent un changement "en profondeur". Un pourcentage qui chute sans surprise chez les sympathisants du Printemps Marseillais : 54 % de celles et ceux qui ont voté pour la liste au premier tour de l'élection municipale de 2020 jugent à l'inverse qu'il est préférable de la poursuivre "telle qu'elle est menée actuellement".
*Sondage réalisé en ligne auprès de 813 personnes du 28 novembre au 11 décembre 2023.