La Confédération Générale du Logement (CGL), qui représente des milliers de locataires en France, tient son congrès national à Martigues. Augmentation des loyers et des charges, disparition du bouclier tarifaire, "on court à la catastrophe", alerte son président. L’association, crée en 1954 par l'Abbé Pierre, lance un appel de détresse à l'État.
La Confédération Générale du Logement (CGL), association représentative des locataires qui compte plus de 20 000 adhérents en France, tient ce week-end du 11 novembre son congrès national à Martigues (Bouches-du-Rhône), ville récemment touchée par l'évacuation pour danger imminent de 150 locataires du parc social. La menace d'effondrement, symbole d'une urgence à tous les étages dans le secteur du logement en France.
C'est tous cas ce que sont venus dire les responsables de la CGL, qui, au travers de leurs 400 antennes locales, prennent le pouls des locataires et dressent partout le même constat : une hausse des loyers (+7%), des charges grimpantes, la disparition progressive du bouclier tarifaire accablent les occupants de logements sociaux, mais aussi ceux du privé, qui se demandent comment ils vont pouvoir régler leurs factures.
Une hausse croissante des impayés
"On reçoit des appels de détresse de locataires dans l'incapacité de payer", explique Thierry Del Baldo, président de la CGL des Bouches-du-Rhône, qui ne cache pas son inquiétude." Nous étudions les dossiers, revenus et quittance à l'appui, et pour certains le loyer représente plus de la moitié de leur revenu, sans compter les charges". Plus inquiétant encore, selon lui, la proportion d'impayés augmente désormais chaque mois de 2 à 3%." On n'a jamais connu cela et en face, il n'y a pas de réponse, ni de la part des bailleurs, ni de la part du gouvernement".
Aujourd'hui, on ne parle plus du pouvoir d'achat, mais du reste à vivre! Une retraitée qui perçoit 890 euros par mois, mais en paye 600 de loyer hors charges, comment fait-elle pour manger à sa faim ?
Thierry Del Baldo, président de la Confédération générale du logement des Bouches-du-RhôneFrance 3 Provence-Alpes
Thierry Del Baldo s'exaspère de voir les portes se fermer devant lui dès lors qu'il vient alerter sur une "catastrophe annoncée". Depuis des mois, "le préfet nous balade, les élus et députés ne nous reçoivent pas, comment les convaincre qu'il faut un plan Marshall du logement en France ?" Il affirme pourtant avancer main dans la main avec les bailleurs pour dénoncer "cet abandon du logement social" par l'État. "Il est urgent de faire baisser les loyers, les charges et le coût énergétique, la situation des locataires n'est plus tenable".
Fin du bouclier tarifaire à l'hiver 2025
Un point de vue que partage Michel Fréchet. "D'un côté, l'État doit agir sur le pouvoir d'achat et de l'autre se remettre à financer le logement social", explique le président de la CGL, en poste depuis 2005, "on est en train de fabriquer une crise du logement colossale et sans précédent." Selon lui, il est devenu urgent de construire des logements neufs tout en préservant le parc existant afin de déjouer la tension dans le secteur de l'immobilier en France.
Les charges de chauffage vont encore augmenter l'année prochaine, alors quid des factures qui se présenteront pour les locataires en 2025 ?
Thierry Del Baldo, CGL 13France 3 Provence-Alpes
Autre sujet qui fâche la CGL : la disparition progressive du bouclier tarifaire d'ici la fin de l'année 2024. Désormais, la consommation d'électricité pour un ménage représentera en moyenne un surcoût de 150 euros par an. Et autre mauvaise nouvelle pour les consommateurs, depuis le 1ᵉʳ novembre, l'augmentation du prix du gaz est entrée en vigueur et le tarif réglementé de l'électricité devrait être revu à la hausse à partir du mois de février. Le tout sur fond de crise inflationniste.
"La loi anti-squat atteint les droits des locataires"
Michel Fréchet évoque également la loi Kasbarian comme une menace " pour le droit au logement et c'est très grave" : ce texte de loi anti-squat cible à la fois les mauvais payeurs, les squatteurs et les locataires. Son objectif affiché : rétablir l'équilibre entre droit au logement et droit de propriété, notamment en réduisant les délais qui conduisent à l'expulsion.
Selon Thierry Del Baldo, si l'intention est bonne, "on met sur le même plan le squatteur et la personne qui a un problème d'argent et qui risque de se retrouver expulsée au bout de deux mois d'impayé". Pour le président du CGL 13, les mauvais payeurs font très souvent face à des situations de pauvreté. "Faut-il rappeler qu'à Marseille il y a 198 points de distribution alimentaire et que dans certains quartiers, la moitié des habitants en sont bénéficiaires ? "
Entre inflation, difficultés pour obtenir un emprunt et suppression de certains dispositifs, les professionnels de l'immobilier ne semblent pas plus optimistes quant à l'avenir. Ce que l'ex-ministre socialiste du Logement Sylvia Pinel a désigné comme "bombe sociale" peut alors exploser à tout moment.