Marseille : cinq choses à retenir après l'élection de Benoît Payan à la place de Michèle Rubirola

Benoît Payan a été élu maire de Marseille au premier tour, à la majorité absolue, lundi. Les élections n'ont duré qu'une demi-heure, loin de l'agitation de celles de juin de cet été mais elles laissent un goût amer à de nombreux Marseillais.

Le Printemps marseillais passera l'hiver. Benoît Payan a été élu maire de Marseille, lundi 21 décembre. Une élection sans surprise pour celui que Michèle Rubirola avait désigné comme son successeur après sa démission suprise la semaine dernière. 

L'opposition de son côté a dénoncé une manipulation politique. L'ancien maire Jean-Claude Gaudin a salué l'événement par un communiqué. Retour sur cette journée d'élection qui marque le retour du PS aux commandes de la ville. 

• 1. Une élection attendue

En démissionnant la semaine dernière de sa fonction de maire de la deuxième ville de France, Michèle Rubirola a nommé immédiatement son premier adjoint Benoît Payan comme son successeur. Tous deux se sont révéles proches durant la campagne et après l'élection à la mairie de Marseille de la candidate EELV. "Je souhaite que notre binôme continue, mais s’inverse", avait-elle déclaré devant la presse.

Samia Ghali, l'élue des quartiers nord, a annoncé à son tour dès le 17 décembre, son soutien à Benoît Payan. Celle dont les voix ont fortement pesé dans les élections de juin, n'a pas tardé à renouveller "son contrat avec le Printemps Marseillais". Elle a confirmé cette volonté dans les urnes lundi avant de venir expliquer son choix à la sortie du conseil municipal.

Benoît Payan a donc été élu, sans surprise au premier tour, par les 53 voix du PM et celles des partisans de Samia Ghali. Le vote n'a duré qu'une demi-heure, loin de l'agitation des élections dernières.  Michèle Rubirola, tout sourire, a remis l'écharpe tricolore à son ancien premier adjoint, sous les applaudissement des élus présents.

• 2. Une opposition en colère

Cette inversion des rôles entre maire et premier adjoint n'a pas été du goût des partis d'opposition. Les élus de droite et d'extrême droite ont refusé de présenter un candidat et de participer au vote pour dénoncer une "mascarade" électorale. Les Républicains ont même décidé de quitter l'hémicycle avant le début du scrutin.

Catherine Pila, présidente du groupe LR

Contrairement au vote de cet été, les élus du RN sont restés mais ils se sont abstenus. Leur leader Stéphane Ravier a dénoncé "une tromperie" par une "gauche socialiste qui avance  masquée" alors que "les Marseillais n'ont pas voté pour ça"

La séance électorale s'est tenue sous la présidence du doyen d'âge Guy Teissier (LR). Au nom de son groupe, ce dernier est revenu sur cet échange de sièges entre Benoît Payan et Michèle Rubirola.

"Cela ressemble à s’y méprendre à un détournement. Comment vos électeurs comprendront ils qu’après avoir voté pour une femme écologiste, ils pourraient se retrouver avec un maire homme et socialiste. J’y vois comme un déni de démocratie."

Guy Teissier attaque d'entrée Michèle Rubirola et Benoit Payan

A l'issue de cette élection, les réactions de personnalités politiques ont été nombreuses. Martine Vassal, présidente LR du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, et présidente de Marseille Provence Métropole, évoque "un goût amer après cet épisode". 

"Les Marseillais n'ont pas voté pour Benoît Payan, un socialiste. Ils ont voté pour Michèle Rubirola, qui portait un courant politique sous les couleurs écologistes, a-t-elle expliqué. Sa défection restera à jamais un camouflet pour ses électeurs et une immense déception pour les femmes qui se battent afin d'accéder aux responsabilités".

En revanche, l'ancien maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin a tenu à féliciter son successeur. "Nous nous sommes souvent opposés mais j’ai pu constater qu’il possédait les qualités nécessaires pour diriger la ville, la volonté de fédérer et d’agir, la maîtrise et la détermination face aux situations difficiles", a assuré l'ancien édile qui nourrit un respect réciproque avec le nouveau maire.

"Je suis convaincu qu’il a l’ambition d’oeuvrer pour un développement qui fera de Marseille une ville euroméditerranéenne."

 

Jean-Claude Gaudin, ancien maire LR de Marseille

• 3. Un nouveau conseil municipal

En milieu de matinée, les conseillers ont ensuite procédé à l'élection des trente adjoints, à répartir entre les 52 élus de la majorité hors Benoît Payan. Michèle Rubirola a été élue premièr adjoint à la ville de Marseille.  Pour respecter la parité homme-femme dans l'ordre de la liste, Samia Ghali est devenue 3e adjointe. 

Voici la liste des noms au complet : 

1. Michèle Rubirola
2. Pierre-Marie Ganozzi
3. Samia Ghali
4. Jean-Marc Coppola
5. Olivia¨Fortin
6. Joël Canicave
7. Christine Juste
8. Pierre Huguet
9. Audrey Garino
10. Sébastien Barles
11. Mathilde Chaboche
12. Patrick Amico
13. Marie Batoux
14. Yannick Ohanessian
15. Aïcha Sif
16. Laurent Lhardit
17. Sophie Guérard
18. Henri Jibrayel
19. Sophie Roques
20. Théo Challande-Nevoret
21. Audrey Gatian
22. Hattab Fadhla
23. Aurélie Biancarelli-Lopes
24. Ahmed Heddadi
25. Lisette Narducci
26. Hervé Menchon
27. Nassera Benmarnia
28. Jean-Pierre Cochet
29. Rebecca Bernardi

• 4. Une volonté de rassembler pour Benoît Payan

Dans son premier discours de nouveau maire, Benoît Payan a rappelé la majorité plurielle à laquelle il appartient, engagé dans ce "rassemblement qui défend une ville plus verte, plus juste plus démocratique. Et qui se donne deux priorités : rassembler les Marseillais en combattant les injustices et dessiner l’horizon d’une ville durable".

"Nous continuerons à lutter contre les inégalités"

A ses opposants, le nouvel édile a lancé ces quelques mots en guise d’apaisement : "Nous avons des désaccords, et nous aurons des passes d’armes mais je veux vous dire que je respecte vos engagements, vos histoires et nos différences". 

Il a également remercié Michèle Rubirola, la "femme qui a su incarner l’espoir des Marseillais"  pour "son courage et la force de son geste".

Rappelant l’engagement politique qu’il "assume et revendique", Benoît Payan a promis : "Marseille ne sera pas, ne sera plus la ville la plus inégalitaire du pays".

• 5. Un vote qui laisse un goût amer aux Marseillais

Benoît Payan vient d’investir le fauteuil du premier magistrat de la ville. Mais les Marseillais de leur nouvel élu n'ont pas semblé emballés comme l'a constaté France 3. "Au départ, on en avait voté pour le Printemps marseillais, pour Michèle Rubirola. Aujourd’hui, avec l’élection de Benoît Payan, on a peur de retrouver le système politique que nous avions avant... ",  souffle un Marseillais rencontré aux abords du marché de Noël à Marseille.

 

"Personne n’a voté pour lui. On ne le connaît pas. Il y a eu une esbroufe...C’était prévu d’avance. On ne l’a jamais vue, elle (Michèle Rubirola). C’était prévu d’avance...", ajoute un badaud sur le Vieux-Port.

 

 

De cette nouvelle élection, certains Marseillais attendent de nombreux changements. "Ce que demandent les Marseillais, c’est plus de sécurité, plus d’emplois. Revoir aussi la politique du logement ; pour avoir un logement sur Marseille, ce n’est pas toujours facile. Revoir aussi les problèmes de transports, c’est toujours compliqué aujourd’hui de se déplacer à Marseille", égraine exprime un jeune homme.

Dès les premières lueurs du jour, des représentants du Collectif des écoles, du syndicat Sud collectivités territoriales et du Collectif de la porte d’Aix se sont rassemblés devant la mairie de Marseille. Leur objectif : rappeler au nouveau maire un certain nombre de ses engagements afin qu’ils les tiennent.

"Les écoles c’était l’axe numéro 1 du Printemps marseillais au moment des élections, souligne Nicolas Steinfelds, membre du collectif des écoles de Marseille. Le personnel municipal, ça fait des années qu’il est en sous-effectif. Avant quand ils étaient dans l’opposition, ils disaient qu’il fallait recruter, et depuis qu’ils sont aux manettes, on ne voit de plans de recrutement arriver."  

"On a encore un espoir dans Michèle Rubirola. Après le passage de témoin à Benoît Payan, il reste à discuter", ajoute Zaker Benrezkallah du syndicat SUD Collectivités territoriales. "Depuis presque six mois qu’ils ont été élus, on a absolument aucun signe d’un changement : on le voit sur les espaces verts, on le voit sur les écoles. Les cacahuètes, ce n’est pas pour nous, les cacahuètes c’est pour les singes", conclut Denis Eychenne, membre du Collectif Porte d’Aix.

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