Alors qu'elle vient de décrocher un deuxième titre mondial consécutif, la championne de Martigues lance un SOS : "Si je ne trouve pas de sponsor, il faudra que je raccroche, parce que je suis dans le rouge financièrement".
C'est à Poitiers ce week-end que la martégale Samantha Jean-François est allée défendre son titre de championne du monde de MMA dans la catégorie des moins de 52 kilos. Une ceinture qui lui revient à l'issu de 5 rounds et 27 minutes de combat, face à son adversaire brésilienne, Andressa Rocha, qu'elle a vaincue par soumission.
Samantha a fait le déplacement avec Jérémie, son compagnon qui est aussi son entraineur. Train annulé. Il faut prendre la route, après le travail et avoir déposé leur petit garçon dans la famille, pour finalement passer la nuit dans la voiture, quelque part à mi-chemin. De drôles de conditions pour combattre dans une compétition internationale, mais la championne positive : "C'est la première fois que je bénéficiais d'une vraie préparation de sportive de haut niveau, et ce grâce au soutien d'une amie boxeuse, Sarah Soilihi et de sa fondation. Avec cette subvention, j'ai pu m'offrir les services d'une diététicienne, et payer des séances de cryothérapie ou d'ostéopathie...Cela m'a vraiment permis d'être au top. "
Une bonne préparation est un luxe
Pratiquer le MMA en compétition coûte cher. Outre les déplacements dans le monde entier, la boxeuse énumère les dépenses incontournables à sa préparation : "Les protéines, les soins médicaux, les pansements, mais le plus onéreux ce sont les camps d'entraînement que l'on trouve en Thaïlande ou en Angleterre. Il faut compter minimum 2 000 euros la semaine, c'est le seul moyen d'avoir un sparing-partner, donc un adversaire au niveau avec lequel s'entraîner. Je n'ai jamais pu m'en payer un."
Alors Samantha fait avec les moyens du bord : elle remplace la cryothérapie de récupération par des bains de mer glacés l'hiver, à la plage à Martigues où elle réside, et s'entraîne avec son amie boxeuse Sarah Soilihi. Mais à la maison, le couple doit faire des sacrifices et a déjà dû recourir à l'emprunt pour financer la carrière sportive de Samantha.
"Lorsque ma voisine a appris que j'étais championne du monde, elle m'a dit : mais vous avez vu où vous habitez ? Ben oui, on ne roule pas sur l'or."
Samantha Jean-François, championne du monde de MMA
Salariée dans une structure d'insertion professionnelle, elle est contrainte d'accepter par ailleurs des missions à l'étranger pour arrondir ses fins de mois. Depuis neuf ans dans le circuit de compétition, Samantha désespère de trouver un sponsor. Pourtant, à 36 ans, elle se sent dans une urgence à réussir et rêve de représenter la France dans les compétitions de la prestigieuse UFC (Ultimate Fighting Championship) considérée comme la plus importante de la discipline. Et pour cela, il lui faut un vrai coup de pouce financier.
"Avec le MMA, je porte les valeurs de l'égalité homme-femme parce dans cette discipline, le clivage n'existe pas. Et cette égalité est le combat de ma vie."
Samantha Jean-Francois, championne du monde de MMA
Alors que le MMA, légalisé en France en 2020, gagne en popularité, Samantha ne comprend pas pourquoi elle ne trouve aucun partenaire. Elle estime incarner des valeurs qui peuvent séduire des entreprises, telles que la persévérance et la réussite par le travail. A savoir si le MMA est une discipline qui fait peur, elle répond que bien au contraire, elle attire de plus en plus les regards.
Partie à la conquête des réseaux sociaux, en espérant lever des fonds, Samantha Jean-Francois est consciente que la paupérisation menace de nombreux athlètes de haut niveau. Mais la championne n'a pas encore renoncé à faire briller la France à l'international dans sa discipline et promet de se battre pied et poing jusqu'au bout.