Muriel, Nicolas, Mathilde, Raphaël, Emilie et Guillaume sont enfants de Pieds-Noirs. Nés après 1962, ils n’ont pas connu l’Algérie de leurs parents. Alors que la dernière génération de Pieds-Noirs est en train de disparaître, que conservent-ils de l’histoire et de la culture familiales ? Que peuvent-ils transmettre ? Etre Pied-Noir, qu’est-ce que ça veut dire ? Ils se confient dans un documentaire exceptionnel, "Enfants de Pieds-Noirs, enfants du divorce".
60 ans après l’indépendance de l’Algérie et l’exode des Pieds-Noirs, que reste-t-il de la période française en Algérie et qu’en restera-t-il à l’avenir ?
Est-il seulement souhaitable que cette période se perpétue ou faut-il l’effacer définitivement de nos mémoires, aujourd’hui encore encombrées de ce passé qui ne passe pas ?
Les rapatriés ont peu, ou parfois trop, parlé de l’Algérie à leurs enfants nés en métropole. La transmission de cette page d’histoire et de cette culture est inégale, incomplète et souvent partiale.
Mais ces enfants, qui ont aujourd’hui entre 30 et 60 ans, que connaissent-ils de cette histoire ? Qu’en conservent-ils ? Se sentent-ils eux-mêmes Pieds-Noirs ? Transmettent-ils à leurs enfants ? Autant d’interrogations qui sous-tendent le film de Karine Bonjour.
Un héritage parfois lourd à porter
En 2007, la réalisatrice avait signé avec Gilles Perez, lui-même fils de Pieds-Noirs, un autre documentaire remarquable, "Les Pieds-Noirs, histoires d’une blessure " : 62 témoins y racontaient leur vie en Algérie, la guerre et le rapatriement, la douceur et les violences.
15 ans plus tard, ce sont leurs enfants qui prennent la parole. Dépositaires d’une histoire qu’ils n’ont pas vécue, d’un récit partiel ou confus, d’un héritage parfois lourd à porter.
Comme les autres enfants du divorce franco-algérien, que ça leur fasse plaisir ou non, ils portent la charge de la transmission et au-delà, de la transition vers une société française cicatrisée.
Karine Bonjour, réalisatrice
Histoire familiale, mais aussi histoire sociale, politique et culturelle, celle des Pieds-Noirs constitue un pan du patrimoine national. Il s’agit même du plus fulgurant melting-pot qu’ait façonné la France moderne et du plus grand exil massif qu’ait connu l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Pourtant aujourd’hui la communauté des Pieds-Noirs s’efface, comme celle des harkis, des algériens colonisés, des appelés du contingent.
À travers l’exemple Pied-Noir, le film questionne la transmission d’une période qui marque encore, et parfois abîme, nos relations sociales.
Ils en parlaient, ils en parlaient et puis d’un coup, il n’y avait plus rien à dire… Parce que ça n’existait plus, parce que ce n’était pas la peine de ressasser ça. De toute façon ils n’étaient pas compris. C’est pas les Français qui allaient comprendre ce qu’ils avaient vécu...
Emilie, fille de Pieds-Noirs
En écho aux témoignages de 2007 de leurs parents, Muriel, Nicolas, Mathilde, Raphaël, Emilie et Guillaume nous disent la manière dont l’Algérie leur a été racontée et les non-dits qu’avec le temps ils ont décelés.
Ils nous disent leur manière à eux d’être adultes avec ces souvenirs, ces silences et ces spécificités pieds-noirs.
Enfin, à leur tour, ils sont dans la transmission. Ils expliquent ce qu’ils ont choisi de conserver de cette histoire familiale afin de la restituer à leurs propres enfants.
Un voyage intime aux racines du divorce entre la France et l’Algérie.
Enfants de Pieds-Noirs, enfants du divorce
Un film de 90 mn réalisé par Karine Bonjour, en collaboration avec Gilles Perez.
Une coproduction 13 Prods / France Télévisions, avec la participation d’Histoire TV.
Diffusion jeudi 29 septembre 2022 à 20h50 sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.