Le porte-parole du gouvernement a attribué les problèmes de trafics de drogue à Marseille aux cités, "aux énormes tours héritées des années 70, l'héritage Le Corbusier" à l'issue du conseil des ministres mardi 4 avril.
Les habitants de la Cité radieuse, à Marseille, sont formels : ils n'ont jamais vu de dealers au pied de leur résidence, ni de Kalachnikov dans les couloirs.
Le long du boulevard Michelet, dans le très huppé 8e arrondissement de la cité phocéenne, le bâtiment, œuvre de l’architecte d’origine suisse Charles-Edouard Jeanneret, plus connu sous le nom de Le Corbusier, a été construit entre 1947 et 1952. Cette cité-jardin verticale avait été conçue comme un laboratoire pour un nouveau "système d’habitat". La cité radieuse comporte 337 appartements, de 23 types différents, qui constituent autant de logements confortables et modernes pour l’époque.
Les habitants disposent d’une école maternelle au 8e étage, d'un hôtel-restaurant au 3e étage, d'une librairie, d'un salon de thé et, sur le toit, d'un gymnase devenu depuis juin 2013 le MaMo, un centre d’art contemporain dirigé par le designer Ora-Ïto. Un parc de 2,8 hectares, ouvert toute l'année, entoure l’unité d’habitation.
On est loin, donc, de la cité gangrenée par les trafics de drogue et les règlements de comptes.
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A la différence d'Emmanuel Macron et de Gérald Darmanin, Olivier Véran, ex-ministre de la Santé, désormais porte-parole du gouvernement, n'a jamais dû trop venir à Marseille.
Car, selon lui, l'une des raisons des trafics à Marseille, ce sont les cités, "où habitent des milliers de personnes", a-t-il expliqué devant la presse, à l'issue du conseil des ministres mardi 4 avril. "Tant que vous aurez des énormes tours héritées des années 70, l'héritage Le Corbusier, où vous avez des milliers de personnes qui cohabitent dans des conditions insalubres, ça ne marchera pas", a-t-il détaillé devant les caméras.
"Un ministre ne peut pas tout savoir, mais il peut peut-être demander à un de ses nombreux conseillers de se renseigner, non ?"
Cyrille Trignac, qui habite et travaille dans la Cité radieuse
"Mais comment peut-on dire des bêtises pareilles !", s'emporte Cyrille Trignac, qui habite et travaille dans la Cité radieuse, sur la page Facebook des résidents. "Le seul immeuble de Le Corbusier à Marseille est la Cité radieuse, classée au Patrimoine mondial de l'Unesco (depuis 2016, NDLR). Elle date de 1952 et n'est absolument pas insalubre !" insiste-t-il. Avant de conclure : "Un ministre ne peut pas tout savoir, mais il peut peut-être demander à un de ses nombreux conseillers de se renseigner, non ?"
Cette boulette d'Olivier Véran n'est pas la seule à faire sourire à Marseille. Car dans le même compte-rendu du conseil des ministres, le porte-parole s'est pris les pieds dans le tapis en donnant comme exemple de réhabilitation réussie celle de "l'école de Balzens." "Car vous connaissez peut-être le rap comme je le connais et il y a une chanson qui parle de ce quartier", a-t-il précisé.
Patatras : on aura compris avec cette précision musicale qu'il s'agit en fait de l'école de Belsunce, "fleuron des quartiers phocéens, coincé entre la gare et le Vieux-Port" comme le chante Bouga dans son titre Belsunce Breakdown.
Repatatras : "Dans le quartier il y a l'école des Convalescents et l’école Maurice-Korsec mais il n'y a aucune école qui porte le nom de Belsunce", souligne une institutrice marseillaise, moqueuse.
Une visite d'Olivier Véran à Marseille semble donc s'imposer. Pourquoi pas en accompagnant le président de la République, qui a fait savoir qu'il viendrait très prochainement au pied de la Bonne-Mère pour une visite de trois jours ?
