ViensVoirMonTaf, c'est l'association qui permet aux jeunes de faire un premier pas dans la vie professionnelle mais également de s'ouvrir à de nouveaux horizons. Basée à Paris, l'association ouvre une antenne à Marseille et a déjà suscité de nouvelles vocations.
Un réseau pour les jeunes sans réseau : voici le credo de l'association Viens voir mon taf, fondée en 2015 par Gaëlle Frilet, Virginie Salmen et Mélanie Taravant. L'association permet de mettre en relation des jeunes issus de l'éducation prioritaire avec des professionnels motivés, afin qu'ils découvrent le métier de leur rêve pendant 5 jours, lors de leur stage de 3ème. Basée à Paris, la plateforme associative a ouvert une antenne à Marseille.
Ouvrir leur carnet d'adresse
C'est l'initiative de trois amies : deux journalistes, Mélanie Taravant à France 5 et Virginie Salmen, journaliste éducation à Europe 1 ainsi que Gaelle Frilet, professeur d'anglais à Romainville en Seine-Saint-Denis. L'enseignante avait montré le rapport de stage d'un jeune de sa classe, qui travaillait dans un Kebab de son quartier. Il tenait en quelques lignes sur une feuille A4 :
Mélanie Taravant, qui a multiplié les expériences professionnelles, a donc profité d'avoir un carnet bien fourni : "aucun interêt s’il dort au fond de mon sac ! J’ai donc décidé d’en faire profiter le plus de monde possible".Lundi j'ai roulé 400 beignets dans la farine,
Mardi j'ai roulé 500 beignets dans la farine,
Mercredi j'ai roulé 600 beignets dans la farine, etc.
L'initiative du trio se fait rapidement connaître sur les réseaux sociaux, où l'association possède une page Facebook et un compte Twitter. S'ensuit alors de nombreuses propositions de stage dans des milieux très divers : radio, studio de création, restaurant étoilé, institutions publiques, industrie du luxe... autant de domaines que de profils pour ces élèves, pour qui l'association a déjà permis de décrocher près de 800 stages. Face à l’effet boule de neige, l'association a décidé de créer une plateforme numérique de mise en relation entre élèves et professionnels, et de la déployer sur tout le territoire.
Un objectif, plusieurs combats
Pour les trois publics que l'association accompagne, les REP,REP+ (Réseaux d'Éducation Prioritaire) et les QPV (Quartiers Prioritaires de la Ville), le déterminisme social est particulièrement prégnant : les jeunes issus de ces quartiers sont enclavés, sans mobilité sociale et géographique, et ne connaissent que les métiers exercés par les membres de leur famille. Selon l'INJEP, deux enfants sur trois issus de REP et QPV ont des parents inactifs ou ouvriers. Des chiffres qui montrent à quel point ces jeunes ont un réseau familial et un capital social faible, voire inexistant pour ceux qui ne bénéficient pas d'une cellule familiale stable.
L'objectif de l'association est clair : élargir l'horizon des jeunes, en organisant des rencontres avec des adultes impliqués afin de dépasser l’autocensure qu'ils s’infligent eux-mêmes. Un moyen pour l'association de lutter contre le déterminisme social, le décrochage scolaire et le combat pour plus d'égalité des chances.
Faire tomber les barrières
Guillaume Perennes, salarié de l'association, distingue deux formes d'autocensure : l’autocensure sociale, d’élèves qui ne se pensent pas légitimes pour aspirer à telle ou telle carrière, et l’autocensure de genre, où les jeunes filles s’orientent presque automatiquement vers les métiers de leurs mères ou leurs tantes, à savoir le social, la santé et la puériculture.
Il y a un an, nous avions rencontré Kader, qui habite les quatiers Nord de Marseille et qui a trouvé un stage dans une boite d'évenementiel grâce à ViensVoirMonTaf :
L'association entend aider les jeunes à atteindre les objectifs qu'ils se fixent, au moment de l'étape charnière qu'est le stage de 3ème dans la construction de leur parcours scolaire.
Aujourd’hui, 30% des stagiaires passés par ViensVoirMonTaf disent changer leurs projets d’orientation après le stage. Tous pour revoir leurs ambitions à la hausse.
Une valeur ajoutée pour l'entreprise
Au-delà de l'expérience bénéfique pour les élèves, qui trouvent les stages utiles et motivants, les entreprises se montrent très satisfaites de la présence de leurs jeunes stagiaires. Les équipes pédagogiques avec lesquelles travaille l'association le confirment : 97% de satisfaction du côté des professionnels, et aucun stage accompagné en 3 ans n'a posé le moindre problème, selon Guillaume Perennes.
La présence d’un jeune remobilise les salariés car ils sont souvent désarmés par des questions pleines de naïveté, ce qui pousse les employés à reconsidérer sous un œil nouveau les tâches quotidiennes ou routinières.
Même constat chez les familles de ces élèves qui voient un impact positif sur leurs enfants.
L'association, dont la réputation s'étend désormais aux régions de Lyon, Lille et Nantes, a ouvert une antenne à Marseille en 2016 et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin.