Visite d'Emmanuel Macron à Marseille : "à La Castellane, on est oubliés", les habitants ne croient plus au changement dans leur cité

Le président de la République s'est rendu ce mardi 19 mars dans la cité des quartiers Nord au lendemain du lancement de l'opération "place nette" XXL contre les trafiquants de drogue.

Les habitants de La Castellane ont assisté à un grand ménage dans leur cité depuis hier,18 mars. Déploiement de policiers, contrôles de véhicules, fouilles des caves et des parties communes avec des équipes cynophiles, et ce matin, visite d'Emmanuel Macron accompagné de ses ministres de l'Intérieur, Gérald Darmanin et de la Justice, Eric Dupond-Moretti. 

Le président est venu juger de lui-même des effets de l'opération anti-drogue baptisée "place nette" XXL lancée hier : plus de 82 interpellations et une soixantaine de gardes à vue ont été effectuées. Une opération de plus ? Les habitants que nous avons interrogés n'attendent pas grand-chose du pilonnage des points de deal. Pour eux, l'urgence est ailleurs. 

Des habitants désabusés 

"Pour moi, il ne changera rien", tranche Nordine, commerçant, né dans la cité. "Moi, je n'attends rien, réagit un riverain agacé par tout ce déploiement médiatique, ça fait 40 ans que je vis là, il n'y a rien qui a changé, vous voyez des jeux pour les enfants ? Il n'y en a pas. On est abandonnés par l'État". 

"Ce qui est important, c'est l'éducation nationale avant tout, explique une habitante, qui pense que cette nouvelle opération "ne changera rien". Pour elle, la priorité, c'est de mettre des moyens pour les jeunes, écoles et stade de foot, mais aussi des équipements, des magasins, la poste, etc. "On a besoin de tout ça, à La Castellane, on est oubliés".

Des discours et des promesses déjà entendus

Mattéo, jeune chômeur de la cité, a pu approcher le président. "Il m'a dit qu'on allait m'aider, qu'on prend mes coordonnées pour chercher du travail, mais je n'y crois pas trop, quand il est passé l'année dernière, il a dit pareil". Pour lui, "la priorité, c'est le travail, la rénovation des parcs et des logements, c'est tout, ce ne sont pas les stups, ça dérange personne ici". 

Un autre jeune homme qui cherche lui aussi du travail explique qu'il a enlevé son adresse à La Castellane de son CV parce que ça lui ferme toutes les portes. "Il n'y a pas que la drogue comme problème ici, il y a vraiment des citoyens qui sont en galère ici. Moi, j'essaie de me débrouiller, mais je n'arrive pas parce que je suis d'ici."

Il y a une lassitude et une certaine fatalité qui s'est installée dans nos quartiers" des habitants.

, reconnaît Hassen Hammou, fondateur du collectif "trop jeune pour mourir"

à France 3 Provence-Alpes

Une fatalité "compréhensible" selon Hassen Hammou, parce que "les choses tardent à arriver".

"Remettre de l'humain" dans les quartiers

Pour lui, ce type d'opération anti-drogue et la présence policière sont nécessaires. Mais les habitants attendent plus : "on ne voit pas d'autres signes de la reconquête de ces territoires". Et selon lui, ça passe par remettre "de l'humaine dans ces quartiers", des services publics, des éducateurs pour les jeunes, de l'emploi, aider les associations de quartier et les centres sociaux, etc. "Comme tous les habitants, je vais regarder cette séquence en espérant qu'à la fin, il en reste quelque chose", conclut-il.

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