Marseille : le "pilonnage" des points de deal permet-il vraiment de faire reculer le trafic de drogue ?

Depuis janvier 2021, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône applique la stratégie dite "du pilonnage". Elle consiste pour les forces de l'ordre à intervenir régulièrement sur les points de trafic de drogue. Inefficace, selon certains spécialistes.

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Le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, s'en félicite ce lundi sur les réseaux sociaux. Chaque mois, plus de 1000 points de deal sont "pilonnés" sur le territoire. Les Bouches-du-Rhône est le département où les forces de l'ordre sont les plus actives.

Selon le ministre, cette stratégie aurait "permis de faire baisser le nombre de points de deal de près de 20%" sur la France entière.

Une donnée nuancée par certains connaisseurs du dossier. Dans un entretien pour le JDD, Stéphanie Cherbonnier, à la tête de l'office antistupéfiants (Ofast) estime que très souvent, les points de deal fermés réapparaissent.

"Les organisations sont souvent assez agiles et inventives pour investir de nouveaux lieux d'implantation ou se diversifier en utilisant les réseaux sociaux avec ce que l'on appelle l'ubérisation des trafics."

Du côté de Marseille, une source policière confirme. "Il y avait 230 points de deal à Marseille en janvier 2021. Depuis aucun n'a fermé."

Selon lui, le pilonnage relève de "la communication, de l'effet d'annonce. Vous avez beau leur confisquer 100, 200, même 300 kilos de résine de cannabis, arrêter dix personnes, cela ne sert à rien. Quand on fait 70 000 euros par jour de chiffre d'affaire, c'est facile de retrouver de la marchandise et de rouvrir le point de deal."

La nécessité d'enquêtes d'envergure

Pour ce fin connaisseur du terrain c'est la stratégie qui est inadaptée. "Pour faire la guerre, vous aurez beau tuer des soldats vous ne gagnerez pas. Il faut s'attaquer aux généraux. Pour le trafic de stups c'est la même chose."

Cette source estime que seules des enquêtes d'envergures, menées pendant de longs mois permettent de déstabiliser les réseaux en les privant de leurs têtes pensantes.

A Marseille, le trafic de drogue gangrène certains quartiers. Depuis janvier 2021, plusieurs dizaines de personnes sont décédées lors de fusillades liées au milieu du deal. Ce week-end, trois personnes ont ainsi trouvé la mort dans le quartier de la Belle-de-Mai.

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