Avec d’autres scientifiques, il a créé l’institut de l’adaptation humaine. Son dada ? Comprendre comment notre corps et notre cerveau s’adapte aux changements en règle générale et au changement climatique en particulier. Pour cela, Christian Clot organise des expéditions exceptionnelles, atypiques et pédagogiques.
Christian Clot est un homme atypique. À 16 ans, il quitte l’école pour partir explorer le Grand Nord. Aujourd’hui, il est explorateur et chercheur à Marseille.
Sa nouvelle expérimentation : la chambre climatique mobile
Ça ressemble à un camion, ça roule comme un camion, mais à l’intérieur, c'est notre futur qui est recréé. La chambre climatique, créé à Marseille, nous permet de nous immerger dans les conditions climatiques du futur. Un lieu à vivre sous 50 degrés. L’idée est d’analyser la réaction de notre cerveau et de notre corps lors des activités quotidiennes : marcher, courir, faire du vélo, travailler… Certains ont déjà tenté l’expérience. "J'ai l'impression d'avoir couru un marathon, alors que ça ne fait même pas 10 minutes que je suis là.c'est inconcevable de pouvoir survivre avec une telle chaleur."
Ça fait même un petit peu peur de se dire que si c'est notre avenir, ce n'est pas tout beau.
Testeur du camion à 50 °, en activité physiqueFrance 3 Provence-Alpes
Il est fondamental de vivre l’expérience dans notre chair pour que notre cerveau déclenche la volonté du changement. L’expérience montre que sans une expérience sensoriel vécu, c’est difficile d’opérer un changement de comportement.
Christian Clot, l'Institut de l'adaptation humaineFrance3 Provence-Alpes
Sensibiliser les étudiants, c’est bien, mais qu’en est-il de nos décideurs ? Face à cette question, l’équipe de Christian Clot négocie actuellement le stationnement de la chambre climatique mobile dans la cour de l’Assemblée Nationale, afin que les députés s’emparent de l’expérience et comprennent que ce n’est pas viable. Au moment de l’interview, Christian Clot attendait justement un appel du premier ministre…
50 degrés… c’est pour bientôt
La France connaitra très bientôt des pics à 45 degrés très régulièrement, et même jusqu’à 50 degrés dans quelques décennies. Avec l’Institut d’Adaptations Humaines Christian Clot et plusieurs scientifiques multiplient les expéditions inédites, comme celle en Arabie Saoudite. L’équipe est partie plusieurs semaines, en terre chaude et aride, pour trouver et analyser les limites de leur corps. "Le cerveau doit lutter pour rester à 36,5 degrés", explique le scientifique. "Plus il lutte, plus il chauffe et dégrade sa manière de fonctionner. Ça se manifeste par moins de mémoire, plus d’agressivité, ou encor la multiplication des erreurs. D’une manière générale, le cerveau ne s’habitue pas à la chaleur, c’est à l’homme de tout faire pour se protéger de la chaleur, et construire des systèmes de refroidissement par l’air et non par des systèmes électriques."
Singapour ou le Moyen-Orient l’ont déjà compris et anticipent déjà leurs nouvelles constructions différemment, avec d’autres matériaux. Bien sûr, il faut éviter des solutions comme celle adoptée par le Quatar, qui utilise de la climatisation à outrance dans les rues. La vraie question est : comment refroidir nos habitats sans utiliser de l’énergie.
La technologie ne fait pas tout. C’est sur notre cerveau qu’il faut aussi travailler. En France, nous sommes forts pour former des ingénieurs, moins pour former des citoyens.
Christian Clot, Institut de l'adaptation humaineFrance 3 Provence Alpes
Au Japon, les enfants ont des cours sur des tremblements de terre à l’école. Nous, il faudrait qu’on intègre dans notre scolarité des cours sur les grandes chaleurs. Il faut apprendre aux humains à se protéger eux-mêmes et à vivre dans ces conditions.
L’expérience de la grotte sans repères
Pas de soleil, pas d’horaires, pas de repère… voilà en résumé en quoi consiste l’expérimentation dans la grotte. Une quinzaine de volontaires ont passé 40 jours, sous terre, dans une grotte en Ariège. Au bout de quelques jours seulement, certains prenaient leur petit déjeuner, au moment, d’autres dinaient ! "Dans notre monde, nous avons énormément d’injonctions temporelles : les rendez-vous, les réseaux, les infos ... Notre cerveau est surchargé. Nous n’avons plus d’espace cognitif pour l’apaisement et la projection future. Voilà pourquoi on a du mal à comprendre ce qui peut nous arriver demain. En coupant tout, comme dans la grotte, le cerveau se régénère et trouve de nouveaux espaces de fonctionnement. Et ça fait tellement du bien. » Pour information : Christian Clot fait part de ses résultats dans un livre : « Les clefs de l’adaptation humaine », chez Denoël
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>>> Retrouvez Christian Clot ce 12 octobre dans ICI l'invité, rubrique du 19/20 du samedi.