Vols, casse, dégradations, l'envers du couvre-feu : "ils ont pris ma caisse pour un magasin de pièces détachées"

Pare-brises et vitres brisées, boucliers avant et pneus volés... À Marseille, les témoignages de vols et casse en tout genre se multiplient, en centre-ville comme en périphérie. Ces actes de délinquance sont commis en soirée ou la nuit, quand les rues sont désertées à cause du couvre-feu.

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Rentrée chez elle pour le couvre-feu, Candice a garé sa voiture avant 18h lundi, dans une petite rue passante du Panier (2e arr.). Le lendemain matin, elle a eu le choc de retrouver sa Clio désossée. 

"Ils ont brisé la vitre du petit triangle, côté passager, pour ouvrir le capot et tout démonter. Ils ont pris le pare-choc avec la plaque, un phare, les feux antibrouillard...".

Vols de pièces détachées

"Ils ont pris ma caisse pour un magasin de pièces détachées", a ironisé la jeune femme en partageant les photos de sa voiture avec ses amis sur les réseaux sociaux.  

C'est la deuxième fois que son véhicule est pris pour cible en un mois. Jusque-là elle avait eu la chance d'être épargnée. "J'habite le square Protis depuis dix ans, et ma voiture dort dehors depuis trois ans", souligne Candice, qui a porté plainte au commissariat de quartier. "Ils m'ont dit qu'ils avaient pas mal de vols et de cambriolages en ce moment". 

Contactée la préfecture de police ne confirme pas une hausse des actes de délinquance liée au couvre-feu. "Nous n'avons pas le recul nécessaire sur les chiffres depuis le début du couvre-feu actuel (18h)," indique-t-elle, notant une baisse des atteintes aux biens de 19% pour le mois de décembre 2020, comme les précédents mois.

Les témoignages, eux, se multiplient au quatre coins de la ville. Jusqu'au pied des Calanques, où vit Vanessa et sa famille.

Des équipes bien organisées

"Mercredi matin, on est sortis pour aller se faire tester à l'IHU et on a découvert la voiture comme ça, ils ont carrément enlevé l'avant de la voiture, le capot, les ailes, le pare-choc, le radiateur... bien sympas, ils nous ont laissé la plaque d'immatriculation sur le pare-brise!," raconte la jeune maman qui habite sur les hauteurs de Mazargues (9e). 

Dans la rue, pas d'autre voiture dégradée. L'opération a été rondement menée par une équipe bien organisée. "On a demandé aux voisins,  personne n'a rien vu, rien entendu. On pense que c'est une commande, ils étaient équipés pour découper tout ça proprement", juge Vanessa. 

Le 12e arrondissement n'est pas épargné. La voiture de Sidonie a été plusieurs fois visée. "J'ai retrouvé ma voiture posée sur des parpaings", témoigne-t-elle. Une fois, les pneus, une autre, les jantes. Et parfois, c'est purement gratuit. "Ils ont lacéré le pneu".  

#Touchepasmarue

Même ras-le-bol des habitants dans le secteur Lily Pastré à Saint-Loup (10e arrondissement). "On en a marre de se réveiller le matin et de voir nos véhicules cassés. La semaine dernière, ils ont fait lundi, mardi, mercredi dans tout le quartier... raconte Cédric Luciano, à l'initiative du groupe #Touchepasmarue sur Facebook.

"La casse des voitures, c'est récurrent depuis la création de la résidence en 2018, mais en 2020, on a eu une hausse incroyable des vols", explique-t-il. "Le couvre-feu, ça accentue le problème, il y a moins de va-et-vient dans les rues, et dans les garages car les gens rentrent chez eux très tôt". 

Vitres brisées, voitures désossées. Les témoignages affluent sur le groupe créé début octobre.  Il compte 550 membres qui partagent les clichés des vols et dégradations dont ils sont victimes. Dans les parkings ou dans la rue. Le même scénario, nuit après nuit. "C'est l'angoisse permanente tous les matins quand on récupère sa voiture pour aller bosser", témoigne l'un d'eux. 

Des vols sur commande ?

Cédric Luciano est lui aussi convaincu que ces vols sont le fait de bandes organisées qui opèrent sur commande pour fournir des pièces détachées qui seront revendues. "Ils sont très bien équipés pour découper un bloc volant, ou démonter les pneus avec écrou antivol..."

"On n'en peut plus, c'est invivable, résume Cédric Luciano. Les habitants tentent de s'organiser, ils font des rondes la nuit par les coursives qui mènent aux garages, ils relaient les informations via l'appication Whatsapp. "L'autre matin, à deux heures, c'est un chauffeur poids lourd qui partait travailler qui nous a alertés, on est descendu, on a vu les véhicules cassés, on a appelé la police de suite".  

"C'est incessant, on ne se sent pas en sécurité, lâche pour conclure Cédric Luciano. Avec son collectif il se bat pour obtenir plus d'éclairage et de la vidéosurveillance dans les rues. Il encourage aussi les victimes à porter plainte pour permettre de mesurer l'ampleur réelle du phénomène. 

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