Taxi contre les VTC et Uber : à Marseille, "la plupart des chauffeurs sont illégaux"

Les taxis se sont mobilisés mardi 28 mai un peu partout en France. Ils s'insurgent contre la Loi des Mobilités, votée à l'Assemblée nationale. Ce texte vise à donner plus de droits aux VTC. A Marseille, rencontre avec Philippe, 30 ans de taxi et une sacrée dent contre les "clandestins Uber".

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"Si j'étais payé à l'heure, je serais millionnaire". Philippe est chauffeur de taxi depuis 30 ans. Sept jours sur sept, de jour comme de nuit, il voit les lampadaires défiler derrière la vitre, et les passagers se succéder sur la banquette arrière.

Ce père de famille transporte des voyageurs dans la cité phocéenne sans compter ses heures. "Je n'ai pas vu grandir ma fille", regrette-t-il avec le recul. Mais son métier, c'est sa passion, et il ne compte pas y changer.

Pourtant quand on lui en parle aujourd'hui, c'est avec un ton désabusé qu'il répond. "J'ai lâché l'affaire. J'attends ma retraite. Il me reste 10 ans à faire".

Sur Facebook, on peut acheter des contrefaçon de la Vignette Uber pour 500 euros.

Comme beaucoup d'autres, Philippe a vu sa profession évoluer de "façon effrayante" ces cinq dernières années, avec le raz-de marée Uber.

Il a réussi à conserver sa clientèle, qu'il entretient depuis ses débuts, mais il craint pour l'avenir de son métier. "Les clients qui prennent des courses Uber ne se rendent pas compte qu'ils sont souvent à bord de VTC clandestins". Pour lui, "la plupart des chauffeurs de la plateforme sont illégaux".

"Sur Facebook, on peut acheter des contrefaçon de la Vignette Uber pour 500 euros. Et la plateforme ne fait aucune vérification, tant qu'ils ont leur 25% de commission. On a même vu des chauffeurs conduire avec un bracelet électronique au pied", affirme-t-il.

"La majorité roulent en voitures de locations. C'est totalement illégal et dangereux: ils ne sont pas assurés, les passagers non plus".

Devenir VTC, il en a fait l'expérience

Pourtant il y a quelques années, Philippe avait sauté le pas. Exit le luminaire taxi sur le capot. Il s'était installé comme VTC indépendant, pour lui aussi tenter sa chance sans licence. Très vite, il est revenu sur son choix.

"J'ai voulu faire les choses légalement. J'étais inscrit à la chambre des métiers, avec toutes les contraintes que ça comprend. Mais rien n'y faisait, les gens me confondaient avec un Uber. Me dire ça, c'est me salir. Uber, pour moi, ce sont des clandestins."

Selon lui, le statut de VTC a perdu de son prestige depuis l'arrivée du monstre californien.

"Un VTC, c'est un chauffeur privé qui offre un grand standing. Il roule en costume, avec une voiture à 120.000 euros. C'est ce que j'ai voulu faire en lâchant ma licence. Mais je ne pouvais pas être comparé aux chauffeurs "Uber" d'aujourd'hui, qui sont en jogging dans des Toyota Yaris".

C'est le pot de terre contre le pot de fer.

Philippe a alors repris l'appellation Taxi, avec sa société indépendante et ses trois salariés. Grace à une clientèle haut de gamme et fidèle, il dégage un petit chiffre d'affaires, lui permettant de vivre tout justement.

Mais aujourd'hui, il craint la loi d'orientation des mobilités (LOM), adoptée par l'Assemblée nationale, la semaine dernière.

Ils sont sur le point de donner les mêmes droits aux VTC qu'aux taxis : droit d'attendre sur la voie publique, de racoler, d'emprunter les voies de bus, ou encore de s'exonérer du port obligatoire de la ceinture", déplore-t-il.

Avant d'ajouter : "De toutes façons ça ne sert plus à rien de se battre. C'est le pot de fer contre le pot de terre. Je ne dis plus rien".
 
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