La tentation est grande : effacer les stigmates du feu rapidement après le violent incendie de la Côte Bleue du début du mois d'août... Un pompier a lancé un appel à reboiser sur les réseaux sociaux. Mais l'idée n'est pas si simple que ça.
Mobilisation citoyenne
1 000 hectares partis en fumée, un paysage lunaire, calciné : certains petis coins de paradis de la Côte Bleue ont disparu.Julien Altero, un pompier professionnel de 32 ans est intervenu sur les feux de Martigues et de Port-de-Bouc dès le 4 août :
Pendant les opérations de lutte contre les feux, il reçoit de multiples messages de soutien avec des propositions pour l'aider lui et ses camarades pompiers :J'ai grandi à Chateauneuf-les-Martigues, chaque année je vois mes forêts qui brûlent ça me fend le cœur. J'adore la nature, je cueille les champignons, les asperges et je plante un arbre par an !
Entre copains, ils décident de se donner rendez-vous sur Facebook pour replanter le mercredi 21 ocobre prochain, là où ça a brûlé en 2016...Je répondais à tous les messages : n'apportez pas à manger aux pompiers, on n'en a pas besoin, c'est la forêt qui a le plus besoin de vous, allez planter un chêne vert, surtout pas un pin !
Bonsoir à tous, Afin d’aider la nature et notre belle forêt provençale je vous invite à faire circuler cette page fin...
Publiée par Julien Altero sur Jeudi 6 août 2020
Julien créé un groupe Facebook, au nom de son association Replanter notre forêt provençale, histoire de marquer le coup... Près de 15 000 personnes ont répondu présent sur le groupe en quelques jours !
Je croyais qu'on allait être une dizaine d'amis et d'un coup j'ai vu 3 000 likes ça m'a dépassé complètement ! C'est impressionnant j'en suis ému je n'en reviens pas !
De multiples propositions lui sont faites : une personne lui offre 2 000 chênes verts, une autre 1 500 seed bombs, du terreau, des tracteurs... L'engouement est fort. Mais Julien est conscient que l'engagement citoyen doit se faire en concertation avec la ville de Martigues, et il attendra les consignes.
Reboiser ou pas
L'engouement citoyen a été vite modéré par un communiqué de la mairie de Martigues :En effet, il faut réunir de nombreux acteurs avant toute démarche. Et cela va prendre du temps. Il est bien trop tôt pour dire maintenant quelle action sera engagée.La Ville de Martigues invite les particuliers et les associations à renoncer à toute initiative de reboisement non concertée avec elle.
Les forêts communales sont gérées par l'ONF, l'Office National des Forêts.
La politique actuelle, c'est en général de laisser faire la nature, et surtout de ne pas se précipiter. Claire Vignon de l'ONF rappelle que
La forêt Mediterrannéenne peut se régénérer :Le reboisement, c’est-à-dire la reconstitution artificielle d’une forêt suite à un incendie, par plantation ou semis, ne se justifie que très rarement. C’est un investissement important, sans garantie de réussite.
Pour une partie du paysage peuplé de pins par exemple, la probabilité d’obtenir une régénération naturelle après le passage d’un incendie rapide est importante. Le passage d’un feu favorise l’ouverture des pommes de pin et la dissémination des graines, qui profiteront des précipitations de l’automne pour germer. Et la plupart des feuillus se régénèrent en produisant des rejets à partir de la souche.
Travaux d'urgence et pas plus
Pour l'instant à Martigues, préalablement à toute opération de restauration, un diagnostic doit être établi par l'ONF afin de déterminer ce qui a été brûlé, avec quelle intensité :Après le diagnostic, en cours actuellement, les mesures d'urgence seront proposées à la mairie de Martigues, qui pourraient être :Nous en sommes au stade de la délimitation du contour du feu.
- la mise en sécurité du site par l’abattage d’arbres dangereux en bord de route
- la coupe de bois brûlés pour limiter l’impact paysager et les risques sanitaires (attaques de scolytes sur les pins)
- la mise en place d’ouvrages (fascines) pour lutter contre les phénomènes d’érosion sur les terrains en pente.
Le reboisement n’est donc pas forcément la solution à préconiser en premier.
Il faudra donc patienter au moins jusqu'à l'automne pour savoir ce que vont devenir les paysages calcinés. Et le dernier mot reviendra à la commune.
Revoir l'enquête de région consacrée au reboisement suite aux feux de l'été de 2017 en région : Pour tout savoir sur les Seed Bombs :
Reboiser les zones incendiées grâce aux Seed BombsConcours de lancé de boulettes de graines ! ? Voici une solution étonnante pour reboiser les zones incendiées: la seed bomb, en français, la bombe de graines. Il s'agit d'une boulette d'argile remplie d'essences de chêne ou d'érable qu'on jette dans la nature. Avec le temps, elle donnera naissance à des arbustes. ???? ? France 3 Provence-Alpes pour franceinfo vidéo
Publiée par France 3 Régions sur Mardi 23 janvier 2018