Kem One investit pour moderniser sur son usine de Lavera

Après des années difficiles, l'horizon s'éclaircit pour le numéro 2 européen du PVC qui annonce d'importants investissements d'ici 2016, dont le plus important servira à changer son unité d'électrolyse de l'usine de Lavera dans les Bouches-du-Rhône. 

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Le chimiste Kem One a laissé derrière lui deux années de turbulences et peut désormais se concentrer sur la modernisation de son outil industriel, clef de sa survie, à laquelle il entend consacrer 250 millions d'euros d'ici la fin 2016.

150 M d'euros investis

La plus grosse partie des investissements projetés le seront à Lavera sur la commune de Martigues. Ces 150 millions d'euros serviront à remplacer l'unité d'électrolyse de l'usine des Bouches-du-Rhône qui emploie 330 personnes, pour rendre son fonctionnement moins gourmand en énergie, moins polluant, tout en améliorant la qualité de sa production, a expliqué Alain de Krassny, le repreneur de Kem One en 2013. Le groupe compte 1.200 salariés sur ses sept sites de production en Rhône-Alpes et en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Alpes-de-Haute-Provence et Bouches-du-Rhône), et a son siège de Lyon.
"On est en train de changer le +coeur du réacteur+. Ce sera pratiquement un nouveau départ car cet investissement majeur va nous permettre de rattraper notre déficit de compétitivité", résultant d'années de sous-investissement, résume le patron du groupe Alain de Krassny. Avec un chiffre d'affaires de 800 millions d'euros, Kem One est le numéro deux (ou trois, selon les critères) européen du PVC (polychlorure de vinyle), derrière le géant à naître du rapprochement entre le belge Solvay et le suisse Ineos. Cette grande matière plastique, résistante, étanche et bon marché, est surtout utilisée dans le bâtiment (tubes, profilés de fenêtres, revêtements de sol, etc.) et dans l'automobile (tableaux de bord...).
"Le vinyle est un produit de commodité, avec de nombreux intervenants, sur un marché qui n'est pas en croissance et dont nombre  d'applications ont disparu comme les bouteilles... ou les disques", souligne M. de Krassny. D'où la nécessité de serrer les coûts au plus près: "si vous voulez survivre dans un marché stagnant, vous devez être le meilleur en matière de coûts". Pas forcément d'ailleurs via des plans sociaux: "on ne sauve pas une entreprise en massacrant les effectifs". Mais plutôt en se dotant des meilleurs procédés de production, ceux qui permettent de fabriquer au meilleur coût.

Retour à la compétitivité

"On est dans un métier de gagne-petit", où chaque sou compte, relève l'élégant septuagénaire qui s'est engagé à ne pas réclamer de dividendes pendant cinq ans.
"Je recommence là en plus grand ce que j'ai fait en 1997", résume M. Krassny. Cette année là, M. Krassny, un vétéran de l'industrie chimique aux attaches familiales autrichiennes, se voit proposer par son employeur depuis 25 ans, Rhône-Poulenc, de reprendre la société Donau Chemie qu'il dirige. Active dans la chimie lourde, l'entreprise autrichienne n'entrait plus dans les plans de Rhône-Poulenc. Recentrée et modernisée, Donau Chemie a doublé ses effectifs depuis sa reprise par M. de Krassny (900 personnes aujourd'hui) et plus que triplé
son chiffre d'affaires (à 300 millions d'euros). M. de Krassny avait pu se retirer de la gestion au quotidien de l'entreprise autrichienne et, de son propre aveu, "s'ennuyait" ferme lorsqu'on est venu lui proposer de racheter Kem One. L'ancien pôle vinylique d'Arkema avait été repris en juillet 2012 par le sulfureux homme d'affaires américain Gary Klesch, mais l'aventure avait tourné court avec le dépôt de bilan de la nouvelle entreprise l'année suivante. Kem One et Donau Chemie sont présents sur des métiers tout à fait différents mais la clé de leur compétitivité résulte dans la maîtrise de l'électrolyse, remarque M. de Krassny, qui se targue de disposer en la matière d'une solide expertise.

Améliorer le cash flow

En décembre 2013, le Tribunal de commerce de Lyon validait le plan de reprise présenté par M. de Krassny et son allié, le fonds d'investissement américain OpenGate Capital, avec le soutien financier des pouvoirs publics inquiets pour l'avenir des 1.300 salariés de l'entreprise. Depuis le printemps dernier, Kem One a franchi une série d'obstacles: rachat des activités "aval" que Klesch entendait conserver, feu vert des autorités de la concurrence européennes, mise à disposition des financements publics. L'horizon s'éclaircit donc: la société recommence à dégager du "cash" et aurait été en avance cette année sur ses prévisions si son fournisseur d'éthylène, de vapeur et d'électricité Naphtachimie n'avait pas vu sa production interrompue pendant près de deux mois à Lavera. En 2012, cette société avait connu un premier incident de ce type... qui avait précipité le dépôt de bilan de Kem One. Si Kem One réalise 80% de son chiffre d'affaires hors de France, 90% de ses coûts sont engendrés dans l'Hexagone où le dialogue social, a réalisé M. de Krassny, est autrement plus compliqué qu'en Autriche.
Une fois les investissements engagés menés à bien, Kem One devrait pouvoir améliorer son cash flow d'environ 30 millions d'euros, pronostique M. de Krassny. Et l'objectif final est de ne plus jamais retomber dans le rouge, même en bas de cycle. Selon lui, "à partir de 2017, nous devrions pouvoir générer quelques dizaines de millions de résultat qui serviront à continuer à moderniser l'entreprise et
à développer sa production de vinyles de spécialité", alors que ceux-ci ne représentent encore que 10% de son activité.
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