Ce vendredi, deux jours avant le marathon de Paris, le Conseil d'Etat a autorisé Clémence Calvin à courir. L'athlète française était supendue pour s'être soustraite à un contrôle antidopage le 27 mars. Son appartement de Martigues a été perquisitionné, aucun produit dopant n'a été trouvé.
Le domicile de la vice-championne d'Europe du marathon, Clémence Calvin, a été perquisitionné ce vendredi après-midi à Martigues. "Aucun produit dopant" n'a été retrouvé, indique ce samedi le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux. Ces perquisitions ont eu lieu dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte à Marseille pour "infractions à la législation sur les produits dopants".
Le conseil d'Etat autorise l'athlète à courir
Toujours vendredi, dans la soirée, la suspension provisoire de Clémence Calvin est levée par le Conseil d'Etat au terme d'une audience tendue. Le 27 mars 2019, à Marrakech, l'athlète se soustrait à un contrôle antidopage inopiné de l'Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD.) Le Conseil d'Etat lui donne gain de cause, estimant que l'AFLD aurait dû la mettre en mesure de faire valoir ses observations "en temps utile". Autrement dit, avant le marathon. Nos confrères de l'AFP ont assisté à l'audience.Deux versions totalement différentes
La Martégale Clémence Calvin, vice-championne d'Europe du marathon et l'antidopage français ont présenté deux versions totalement irréconciliables au juge du Conseil d’Etat. D'un côté, les responsables de l'AFLD affirment que l'athlète a fui les contrôleurs à Marrakech. De l’autre, Clémence Calvin martèle qu'ils ont été violents avec elle, qu'ils se sont présentés comme des policiers qui en voulaient à son mari et entraîneur, Samir Dahmani. Des fautes lourdes si elles étaient avérées.Même les lieux de la scène diffèrent dans les deux versions. « Tout s'est passé dans la rue », selon Clémence Calvin. Mais d'après le trio d'agents antidopage, l'athlète les a d'abord conduits dans une salle de sport où se trouvait son mari, avant de prendre la fuite, pendant qu’il leur barrait la route.
Le juge fait remarquer qu'aucun des deux camps n'a pu produire le témoignage du gérant de la salle de sport. Plusieurs autres éléments semblent l'intriguer. Pourquoi l'AFLD a-t-elle pris deux ordres de mission, à des heures différentes, pour contrôler l'athlète le 27 mars à Marrakech ? Il s'agissait de ne pas la rater, explique en substance le directeur juridique de l'AFLD, Antoine Marcelaud. Deux semaines avant le marathon, la période était "sensible", "propice" à des prises de produits dopants et la fenêtre de détection ne dure "que quelques heures pour des micro-doses" d'EPO.
Treize déplacements en quinze jours
Les athlètes de haut niveau doivent renseigner une adresse dans un logiciel pour être contrôlés. La localisation de Clémence Calvin était très volatile, assène Mathieu Téoran, le secrétaire général de l'AFLD. Elle a effectué "treize changements en moins de 15 jours" dont une adresse à Ouarzazate, à 4 heures de route de Marrakech. De quoi alimenter les soupçons.Clémence Calvin lance de graves accusations
L'athlète avait son enfant dans les bras et le directeur des contrôles de l'AFLD, Damien Ressiot, aurait fait chuter le petit en la tenant fermement par le bras. Ses conseils disent disposer de certificats médicaux attestant d'"ecchymoses" sur l'enfant.Le juge s'étonne encore. Pourquoi le Docteur Grondin raconte-t-il avoir poursuivi l'athlète lorsqu'elle aurait fui ? "Une marathonienne en plus, c'est assez dangereux", taquine-t-il. "C'est mon devoir de lui notifier la suspension" de quatre ans "qu'elle encourt" en cas de soustraction à un contrôle, répond le médecin, qui ajoute : "Le but ce n'était pas de ceinturer ou de la mettre au sol. Je dois respecter la procédure".
Peu après l'audience, Clémence Calvin semble fatiguée, mais elle a espoir. "Oui, je vais courir le marathon", lance-t-elle aux journalistes. Le Conseil d'Etat lui a donné raison.