Le tribunal administratif a rejeté vendredi le référé déposé par cinq associations demandant la suspension de l'arrêté préfectoral qui autorise les rejets en mer de l'usine d'alumine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône) dans les calanques proches de Marseille.
Le juge des référés a estimé que la situation d'urgence alléguée par les associations requérantes n'était pas suffisamment caractérisée", indique le tribunal administratif dans un communiqué.
Le juge des référés ne peut en effet suspendre l'exécution d'une décision administrative que si la décision contestée crée une situation d'urgence et s'il y a un doute sérieux quant à sa légalité.
Le juge "a en effet considéré que la continuation des rejets par la société Alteo au travers d'un nouveau procédé industriel permettant de supprimer la quasi-totalité des résidus polluants solides n'était pas de nature à créer un danger grave et immédiat", précise le tribunal.
Altéo, les boues rouges et les poissons
Alteo, après 50 ans de rejets de "boues rouges" polluantes en Méditerranée, a obtenu fin novembre une nouvelle autorisation préfectorale : il a modifié ses procédés et ne rejette plus qu'un liquide filtré, que ses opposants continuent de considérer comme très polluant. Les associations, représentées par Me Benoît Candon, reprochaient au préfet de ne pas avoir été assez sévère, dans son arrêté, dans le suivi des rejets exigé à l'industriel. Elles estimaient l'urgence caractérisée par la pollution continue de la mer, soulignant que le flux de rejets était aujourd'hui "de 270 m3 par heure", soit le plus gros rejet en Méditerranée."Il n'y a pas d'urgence, car il n'y a plus de boues rouges", avait de son côté plaidé Me Alain Vidal-Nacquet, le défenseur d'Alteo, soulignant les 27 millions d'euros dépensés depuis 2012 pour améliorer le procédé.
Le juge a considéré que "les études et mesures complémentaires menées en 2015 sur le milieu marin" n'avaient "pas mis en évidence" de danger "sous l'empire de l'ancien procédé industriel, pourtant beaucoup plus polluant".
Les associations déçues
Me Candon, avocat des 5 associations de defense de l'environnement, a regretté cette décision, soulignant que la "procédure au fond continu(ait)". En 50 ans d'activité, le site de Gardanne de production d'alumine à partir debauxite importée de Guinée a déversé plus de 20 millions de tonnes de boues rouges dans les fonds marins de la fosse de Cassidaigne, au coeur du Parc national des Calanques.