Filmer "la pulsion vitale de la jeunesse" à Marseille : dans "Corniche Kennedy", la cinéaste Dominique Cabrera fait le portrait d'un trio amoureux formé par une fille des beaux quartiers et deux jeunes garçons avides de liberté. Sorite en salles mercredi prochain.
Une histoire de désir et de libertéQuelques jours avant de passer son bac, Suzanne, Lola Créton, se mêle à une bande de jeunes qui passent leur journée à sauter de la corniche à Marseille.
Attirée par leur liberté, elle va bientôt se jeter dans le bain et prouver qu'on n'est pas sérieux à 17 ans, en devenant inséparable du ténébreux Marco et du doux Mehdi. Histoire de désir et de liberté, "Corniche Kennedy", en salles mercredi, est une nouvelle adaptation d'un roman de Maylis de Kerangal, après "Réparer les vivants" porté à l'écran cet automne.
"J'ai été touchée par l'écriture très documentaire et très lyrique de Maylis. J'ai reconnu une voix: on la voit regarder les jeunes, ça m'a touché". C'est l'histoire d'"une parenthèse enchantée quand Suzanne, Marco et Mehdi sont tous les trois. Après il y a les choix à faire, la vie adulte commence et il faut se frayer un chemin" dans un univers où le crime organisé n'est jamais loin" explique la cinéaste Dominique Cabrera.
Tout en abordant des problématiques sociales et en faisant le portrait de jeunes des banlieues marseillaises, le film refuse de forcer le trait, préférant montrer le désir qui circule et les horizons qui s'ouvrent.
Marseille, une ville romanesque
Pour la réalisatrice de "L'autre côté de la mer", l'envie première était de poser son oeil sur Marseille, une ville romanesque doublé d'"un port ouvert sur la Méditerranée et le monde". Il y a eu ensuite l'idée de montrer la corniche, ce lieu entre terre et mer, où les personnages font le pont entre adolescence et âge adulte. Le film est également l'histoire d'une rencontre entre la cinéaste et ces jeunes qui sautent pour de vrai et qui "rasent la mort". Lors de repérages, "j'ai pris des photos de mon avancée vers eux, j'ai eu des atomes crochus, ils m'ont plu", explique-t-elle. Il n'était alors pas question de casting déguisé, mais plutôt de leur demander des tuyaux. Deux ans plus tard, après un "travail considérable", l'évidence lui saute aux yeux: les sauteurs de la corniche, en particulier Alain Demaria (Mehdi) et Kamel Kadri (Marco), doivent faire partie du film, aux côtés d'Aïssa Maïga, qui joue une policière, et de Lola Créton qui, à 23 ans, a déjà tourné pour Mia Hansen-Love et Olivier Assayas. Une réalisatrice qui a rajouté"Ca a changé quelque chose dans leur vie, dans la mienne aussi. Entre le moment sur la corniche et aujourd'hui, ils ont participé à la création d'un film. "Quelque chose s'est ouvert dans leur vie"...