Trente ans de réclusion ont été requis mardi pour assassinat et séquestration contre les frères Bengler, dépeints comme les chefs d'un clan ultra-violent, dit des Gitans, au coeur de la guerre de la drogue à Marseille.
Trente ans de réclusion ont été requis mardi pour assassinat et séquestration contre les frères Bengler, dépeints comme les chefs d'un clan ultra-violent, dit des Gitans, au coeur de la guerre de la drogue à Marseille. François et Nicolas Bengler, 35 et 31 ans, sont accusés devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, d'avoir tué un jeune de 16 ans et blessé un garçon de 11 ans d'une rafale de kalachnikov, dans la cité marseillaise du Clos la Rose.
Le procès crée une onde de choc
Ce règlement de comptes, commis le 19 novembre 2010, avait "provoqué une onde de choc" nationale et braqué les projecteurs sur la guerre de la drogue dans les quartiers nord de Marseille, a rappelé l'avocat général Pierre Cortès. Il a assorti ses réquisitions d'une période de sûreté des deux tiers pour François Bengler, "boss" présumé de ce clan. La justice leur reproche également l'enlèvement et la violente séquestration d'un homme, quelques jours plus tard, pour une rançon d'un million d'euros. Ils avaient été arrêtés, à l'aube, aux côtés de deux lieutenants présumés, Anis Rezigue et Nordine Ouertani, dans la villa isolée où ils détenaient leur victime depuis six jours.
"La vie humaine ne compte pour rien"
Le magistrat du parquet a requis contre M. Rezigue et M. Ouertani, également présents dans le box des accusés, 25 et 20 ans de réclusion criminelle. Cinq ans ont été requis contre un cinquième homme, Larbi Yorro, jugé en son absence. Dans un minutieux réquisitoire de sept heures, le magistrat a retracé l'historique de la guerre sanglante entre les clans marseillais dits des Blacks et des Gitans. Des membres d'une famille d'origine comorienne, les Ahamada, piloteraient les Blacks, tandis que les Bengler sont, selon l'accusation, à la tête des Gitans. Ils continuent de se disputer, à coup de kalachnikov, le juteux marché de la drogue dans les cités des quartiers nord de Marseille. Leur rivalité aurait fait des dizaines de morts en près de 10 ans.
Dans cet univers impitoyable, cette valeur suprême que nous partageons tous, la vie humaine, ne compte pour rien", a souligné l'avocat général Pierre Cortès.
Le représentant du ministère public a procédé à un examen approfondi des faits et ironisé sur les "fantasmes" des accusés "d'une presse qui serait à l'origine de la "légende noire des Bengler" et d'une police judiciaire marseillaise qui aurait juré leur perte et "enquêté déloyalement". Les accusés ont reconnu l'enlèvement et la séquestration mais nié tout lien avec la fusillade du Clos la Rose. Les plaidoiries de la défense sont attendues ce mercredi.