La cellule antiblanchiment de Bercy, Tracfin, a signalé à la justice une nouvelle série de virements, dont 130.000 euros pour le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, dans l'enquête sur des soupçons de détournements de fonds publics au groupe UMP au Sénat.
Le sénateur -maire de Marseille Jean-Claude Gaudin est dans le collimateur de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy. Cette dernière vient de signaler une nouvelle série de virements dans le cadre de l'enquête sur des détournements présumés de fonds publics au Sénat, par le groupe UMP. Dans ces dernières informations, il est fait état de 130 000 euros en faveur du maire de Marseille.Comme l'a révélé le site Mediapart, ces nouveaux éléments ont été versés en juin dernier à l'enquête déjà ouverte sur ces soupçons de détournements en faveur de sénateurs UMP, via deux associations (l'URS et le Crespi) alimentées par leur groupe, ou un compte bancaire à la banque HSBC, selon une source proche de l'enquête.
Des frais déjà conséquents
Selon elle, Tracfin relève des virements entre 2012 et 2015, dont 130.000 euros au sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin,ou des dizaines de milliers d'euros au sénateur-maire de Toulon, Hubert Falco.
Les juges du pôle financier s'interrogent sur l'utilisation de ces sommes, alors que les élus perçoivent déjà du Sénat environ 7.100 euros d'indemnités mensuelles (5.300 euros nets), quelque 6.000 euros par mois pour les frais de mandat (IRFM) et une autre indemnité pour rémunérer leurs collaborateurs.
Les groupes parlementaires reçoivent de leur côté des subventions de la Haute assemblée. Montant total: 10,4 millions d'euros en 2013.
Nous avons sollicité le cabinet du maire de Marseille. Voici sa réponse :
"Il s'agit du remboursement sur justificatifs des frais liés à la fonction de président du groupe UMP du Sénat, de mars 2011 à septembre 2014. Lors de la passation de pouvoir, l'ensemble du groupe a donné quittus, ce qui a laissé une situation prospère pour le groupe".
Plusieurs élus visés au Sénat
Mediapart avait déjà révélé que le sénateur de l'Yonne, Henri de Raincourt, avait touché quelque 4.000 euros par mois de 2008 à 2011, y compris quand il avait quitté les bancs du Sénat pour être ministre.En février 2015, il n'avait pas démenti. "Mais ce qui était versé correspond à la période précédente durant laquelle j'ai alimenté les caisses du groupe comme sénateur", avait-il argumenté dans L'Yonne Républicaine. D'autres élus étaient visés par ces révélations.
Les juges s'intéressent aussi à des sommes versées par le groupe UMP à ses sénateurs à chaque Noël (2003-2014), soit environ 8.000 euros qualifiés d'"étrennes". Le groupe Les Républicains, nouveau nom de l'UMP, avait expliqué en juin 2015 qu'il s'agissait en fait d'un reversement car les sénateurs lui versaient chaque mois 720 euros pour constituer sa trésorerie. Le président du groupe, Bruno Retailleau,
avait mis fin à cette pratique lors de son arrivée en septembre 2014.
"Ce qu'écrit Mediapart, c'est peut-être vrai. Nous l'ignorons"
a-t-on déclaré lundi à l'AFP dans l'entourage de Bruno Retailleau.
Les juges ont prononcé une mise en examen, pour détournements de fonds publics, à l'encontre de l'ancien secrétaire général de l'Union républicaine du Sénat (URS), François Thual, dont l'association recevait certains des fonds transmis aux élus.
Des sénateurs ont aussi été entendus par les juges, a précisé la source proche de l'enquête.