Après l'appel du pape François aux paroisses d'accueillir des migrants, l'archevêque de Marseille invite à "développer la culture de l'accueil" en France, qui n'est "pas la plus développée".
Le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Georges Pontier, a jugé mardi nécessaire de renforcer, face au drame des migrants, "la culture de l'accueil", qui selon lui "ne se révèle pas être la plus développée" en France.
L'archevêque de Marseille s'exprimait à la sortie d'une rencontre au siège de la CEF à Paris entre le conseil permanent élargi des évêques et archevêques et le ministère de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, une première dans l'histoire des relations entre l'Eglise et l'Etat laïque.
Le ministre n'a pas fait de déclaration à la presse sur le drame des migrants à la sortie de cet entretien de deux heures qu'il a qualifié de "philosophique, profond", et "assez déconnecté du tumulte et du vacarme de l'actualité quotidienne".
Mgr Pontier a réaffirmé de son côté la volonté des évêques de relayer l'exhortation du pape François à ce que chaque paroisse (il y en a 13.000 en France) et communauté catholique en Europe accueille une famille de migrants.
Des cellules plurielles
Le président de la CEF a indiqué que chaque diocèse travaillait à la mise en oeuvre de "cellules plurielles" réunissant des compétences diverses (administratives, éducatives, de terrain...) pour "répondre aux familles qui spontanément voudraient aider", tout en soulignant la nécessité d'une "concertation" avec les pouvoirs publics (Etat, collectivités locales) et les associations d'aide aux migrants."On sent bien qu'il faut tenir compte de la générosité qui sort de tout coeur humain face à des êtres humains qui vivent un drame historiquement unique, et en même temps qu'il faut tenir le réalisme, c'est-à-dire la durée, et la durée ce
sont des moyens"
a estimé le président de la CEF, citant notamment l'alphabétisation,, le logement et l'accès au travail.
"La chose la plus délicate, c'est de contribuer à travailler à la culture de l'accueil, qui ne se révèle pas être en France la plus développée", a poursuivi le premier des évêques français en l'opposant à "une culture de la peur et de l'isolement".
Interrogé sur les déclarations de maires se disant prêts à accueillir des réfugiés si et seulement s'ils sont chrétiens, Mgr Pontier a simplement remarqué: "Je pense qu'il y a davantage de maires qui disent ça que d'évêques. Je suis assez à l'aise avec l'opinion des évêques".
Les associations du diocèse du Var sont déjà mobilisées depuis le début du conflit en Syrie, et accueillent des migrants.