Pour Salam Kawakibi, politologue franco-syrien, "ceux qui croient encore que Daech représente une référence religieuse se trompent totalement". En marge d'une table ronde prévue puis annulée des Rencontre d'Averroès à Marseille, il explique la réalité cachée de Daech.
Salam Kawakibi, politologue franco-syrien, était à Marseille ce week-end, pour participer à une table ronde des "Rencontres d'Averroès"; finalement annulée en raison des attentats à Paris. Au micro de notre journaliste Marc Civallero, il raconte la réalité cachée de Daech, le groupe terroriste fortement implanté en Syrie.
"Ceux qui croient encore que Daech représente une référence religieuse se trompent totalement", explique le politologue. Il rend compte alors de témoignages émanant de jeunes ayant fui Daech.
"Il y a une corruption organisée au sein de leurs rangs, pour vendre des armes, pour acheter des loyautés, pour coopter des groupes". Les jeunes recrutés sont humiliés.
"Ils passent par le viol systématique pour arriver à obtenir des postes, des armes, et à ne pas se contenter de nettoyer les toilettes"
"Il y a aussi la distribution de cachets de drogue pour stimuler leur violence et leur loyauté"
poursuit le politologue. "Alors cette image utopique que certains reçoivent par internet est une image complètement faussée". Dans ce contexte, "se revendiquer de cette religion (l'islam) est porter atteinte avant tout à cette religion".
Une responsabilité de chacun d'entre nous
Pour le politologue, "les musulmans de France et d'ailleurs doivent faire un travail de fond pour empêcher un tel radicalisme de se propager dans la religion musulmane". Il appelle également les "citoyens de France (...) à ne pas généraliser et stigmatiser les étrangers, d'abord parce qu'une bonne partie d'entre eux est née en France".Le franco-syrien rappelle qu'il va falloir "penser dans la globalité". et ne pas se contenter "des solutions sécuritaires. Ce sont les plus faciles. Certains politiciens les utilisent pour leurs enjeux électoraux".
"Il faut se méfier de ce piège. La solution est de travailler ensemble
tous les citoyens français et autres, et aussi s'attaquer à la cause (...) du radicalisme religieux, et non à ses conséquences (...) La solution est sociétale et économique".