Sociologue et fondatrice de l'association AncrAges, Samia Chabani a accepté de rejoindre le comité présidentiel des villes d'Emmanuel Macron. Suite au rejet du "plan Banlieues" par le gouvernement, ce comité doit conseiller le gouvernement dans la prise en charge des quartiers.
Samia Chabani est à la tête de l'association AncrAges depuis sa création il y a 18 ans. Elle milite pour la mémoire et la reconnaissance du patrimoine populaire de Marseille, notamment dans les quartiers Nord de la ville. Son association organise des "balades patrimoniales" tout au long de l'année pour faire découvrir aux marseillais mais aussi aux touristes l'héritage parfois méconnu et délaissé de la ville.
Ce travail de mémoire s'accompagne aussi de formations linguistiques comme des cours de français langue étrangère pour les primo arrivant au centre de l'association située à l'Estaque (16e). Dans ce quartier, les nouveaux habitants ont changé la sociologie originaire. Pour Samia Chabani, cela n'a pas permis de recréer du vivre ensemble ni d'empêcher la précarisation massive du quartier. Alors, elle souhaite depuis plusieurs années créer un "café citoyen" dans le foyer abandonné de la gare de l'Estaque.
Le projet est à découvrir ici.
De Marseille à l'Elysée
Son action auprès des quartiers populaires a fait de Samia Chabani un profil intéressant pour le gouvernement. Emmanuel Macron a en effet rejeté il y a quelques jours le "plan banlieues" qu'il avait lui-même commandé à M. Borloo. Le président veut constituer une équipe loin des élus locaux pour "changer de méthode" sur les banlieues. Samia Chabani, elle, veut saisir l'opportunité de s'adresser directement aux décideurs. "J'ai alerté le président sur la précarité des habitants qui se rapproche plus de l'indigence que de la pauvreté", a-t-elle déclaré.Mais alors que les collectivités territoriales ont vu leurs subventions diminuer drastiquement (300 millions d'euros de dotations en moins pour l'année 2017), quels moyens vont-être accordés aux projets pour les banlieues? Quels acteurs de terrain seront en charge ? M. Macron veut s'assurer que ce seront les entrepreneurs, les associations et des particuliers qui seront aux manettes. Mais auront-ils suffisamment de marge de manoeuvre et de moyens financiers?
Le plan de M. Borloo prévoyait 19 plans d'action (qualité urbaine, mobilité, éducation, emploi...) pour un budget estimé à 48 milliards d'euros. Depuis le rejet de ce rapport, la question des finances reste en suspens.