Mimet, Fuveau, Port St Louis... parmi les 27 communes visées par le virus, les maires mécontents

Ils l'ont appris par voie de presse. Leurs mairies font partie des 27 communes des Bouches-du-Rhône à avoir dépassé le taux d'incidence de 100, preuve d'une circulation active du virus. Plusieurs maires se disent être confrontés ce matin à leurs populations inquiètes.

"Attendez, j’ai la population affolée là. Ils viennent me voir à la mairie en me disant « vous ne nous l’aviez pas dit ! »Il est faux de dire que ça a été fait en concertation avec les maires. C’est faux !"

Georges Cristiani, le maire de Mimet ne décolère pas.

La veille, l'annonce a été faite devant un parterre de médias, par le préfet des Bouches-du-Rhône concernant des mesures restrictives pour 27 communes du département, où le virus circule activement.

S’ils le savaient que ma commune était contaminée, pourquoi ne me l’ont-ils pas dit ?


Georges Cristiani, maire de Mimet



C'est à ce moment là que le maire de Mimet découvre que sa commune est fortement touchée par la présence du virus.

"L’ARS (ndlr :Agence Régionale de Santé), depuis que cette crise existe, on ne les entend jamais, ils ne nous répondent pas au téléphone. S’ils le savaient que ma commune était contaminée, pourquoi ne me l’ont-ils pas dit ? A quoi servent-ils ces gens ?"

Le maire de Mimet paraît désemparé. D'autant que les établissements publics de sa commune n'ont signalé aucun cas de covid-19 ces derniers temps.

"J’ai des attestations de l’école, de l’Ehpad, de la maternelle, de la crèche, du centre aéré. Ils n'ont aucun cas positif. Et d’un coup je me retrouve dans la liste des communes très contaminées !"

Georges Cristiani en viendrait presque à douter... Le silence de l'ARS crée le malaise. Notre rédaction a joint l'agence pour comprendre la situation.
En attendant la version officielle de la direction régionale, un service de l'ARS, dans un échange téléphonique, nous a expliqué que "les chiffres étaient envoyés par les laboratoires à Santé publique France".

Les noms, prénoms et lieu de résidence des personnes testées sont mentionnés et informatisés. Un algorythme au niveau national "fait une extraction pour avoir le nombre de malades".

De la déception et "un peu de colère"

Cette réponse faite, la situation n'est guère plus claire pour les élus. Béatrice Bonfillon-Chiavassa, la maire de Fuveau, renchérit :

"L'ARS ne nous répond pas, au motif du secret médical. Honnêtement je ne comprends pas. On va affoler la population alors qu’on se base sur aucun chiffre... je n'ai aucun signalement de cas de covid dans mes écoles et mes crèches. Chez nous, nous avons deux laboratoires qui testent. Mais quels chiffres sont pris en compte ?"

La maire de Fuveau dit n'avoir toujours pas reçu de document officiel de la préfecture.

Même remarque de la part du maire de Port Saint-Louis du Rhône, commune de l'ouest du département des Bouches-du-Rhône, qui figure également dans la "liste des 27".

Martial Alvarez avoue avoir "de la déception et un peu de colère". La concertation des élus locaux annoncée à grands enforts par l'Etat "n'est pas une réalité".

"Aujourd’hui je me retrouve avec une population qui peut imaginer qu’on lui cache des choses, puisqu’on est censés être au courant, parce qu’on est "concertés", et ça je veux m’en défendre", souligne le maire de Port Saint-Louis.
"A l’heure où je parle, je suis un maire qui n’est informé ni du nombre de cas de personnes qui sont positives sur la commune, ni de la manière dont est calculé notre taux d’incidence.
Il faut que je me débrouille, par mes relations, d’appeler le directeur de l’hôpital dArles ".

Le maire de Port Saint-Louis est d'autant plus dépité, qu'il est l'un des premiers à avoir lancé le dépistage organisé. Il dit avoir toujours suivi les conseils sanitaires pour sa population, annulé des manifestations, "amené ses concitoyens à la plus grande vigilance..."

Il se montre déçu à l'appel du préfet aux maires à apporter l'assistance de leur police municipale pour faire respecter les nouvelles mesures sanitaires.

"Moi je veux bien, mais plutôt que de le dire à la presse ouvertement comme ça, ils ne peuvent pas nous parler directement, à nous les maires ?"

En fin de journée, la préfecture a répondu à la demande de notre rédaction par un communiqué dans lequel il est dit :

"Ce que les maires contestent, c'est leur classement par rapport au taux d'incidence (de 100 pour 100 000), dont les données dépendent de l'Agence Régionale de la Santé".

Pour sa part, l'ARS, dans un communiqué court, a de son côté précisé que l'agence allait "écrire conjointement aux maires concernés pour les informer de la situation. La liste des communes concernées sera revue chaque semaine."
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