Quelques semaines après la polémique à Mallemort, l'usine provisoire d'enrobage destinée aux travaux sur l'autoroute A7 a été déplacée quelques kilomètres plus loin sur la commune de Lamanon. Les habitants dénoncent les conséquences environnementales et lancent à leur tour une pétition en ligne.
Il y a un mois, nous vous parlions de l'installation polémique d'une usine à bitume sur la commune de Mallemort dans les Bouches-du-Rhône. Le projet émanant de la préfecture a depuis été arrêté, suite à une mobilisation importante des habitants et des associations. Rebelote aujourd'hui. Il a été déplacé à 10 km à Lamanon, précisément sur le lieu-dit Le Défends. Encore une fois, la population refuse l'installation de cette usine mobile, notamment pour des raisons environnementales. France 3 Provence-Alpes fait le point sur cette affaire.
L'opposition des habitants et lancement d'une pétition
Initialement prévu à Mallemort, le projet d'installation de cette centrale d'enrobage s'est déplacé à 10 km, sur la commune de Lamanon de 2 000 habitants. L'initiative ne passe pas du tout auprès de certains d'entre eux. Une pétition a été lancée sur internet pour s'y opposer, ce samedi 3 août. Elle récolte déjà plus de 1 250 signatures.
Le 1ᵉʳ août, la mairie organise une réunion publique pour informer aux Lamanonais le futur projet de la société Trabet. L'entreprise se veut temporaire, elle fonctionnera pendant trois mois. Elle sert à la fabrication du goudron, utilisé pour rénover l'A7, à proximité de la commune, entre Sénas et Avignon. L'objectif est de refaire une partie des voies circulables. Moins de trente personnes assistent à cette réunion.
Un des habitants, Cédric Favre, à l'initiative de la pétition, assure que la mairie n'a pas partagé l'information sur la tenue du rassemblement et accuse celle-ci d'accepter un "accord sous-marin". Le Lamonais assure que "les travaux ont déjà commencé". Les opposants au projet ont déjà pu apercevoir les silos transvasés sur le site et les allers-retours de camions en son sein.
"Ils sont en terrain conquis", lance avec agacement Cédric Favre. Pour ces habitants, le manque de communication avec la mairie est désolant. "On se sent floués. On n'a aucune information réelle", soupire-t-il.
Des conséquences environnementales
Le site pose plusieurs problèmes pour ceux qui soutiennent l'abandon de ce projet. Il se situe à proximité d'une zone Natura 2 000 et d'une ancienne base militaire de la Seconde Guerre mondiale. "Elle stockait des armes, de munitions, des obus. S'il y a un incendie, ça explose à tout moment", précise-t-il. La centrale serait installée également à 200 mètres d'un canal EDF "qui dessert toute la région des communes qui s'en servent pour l'eau potable".
Les opposants sont également inquiets pour l'environnement, le site étant localisé à proximité d'habitations, à 1,5 km d'une école et 900 mètres d'une microcrèche. "Ils disent qu'ils relâchent des vapeurs d'eau et récupèrent des filtres à sec polluants. Mais ils rejettent des polluants malgré tout", soutient Cédric Favre. Il assure que 2 000 camions par jour vont faire des allers-retours et 150 par nuit. Ces trajets auraient donc des conséquences environnementales et entraîneraient des nuisances sonores. "On est en 2024 et rien n'a changé avec 1970. À l'époque, ça polluait. Aujourd'hui, c'est la même manière avec connaissances de causes et en sous-marin."
Pour Thierry Platon, administrateur de la FNE 13 et soutenant l'abandon du projet de la centrale, les conséquences environnementales ne sont pas connues. Il souhaite que les chiffres mesurés par l'entreprise Trabet face aux conséquences environnementales soient dévoilés.
Il faut que les gens sachent. Si on n'a pas les chiffres, la peur s'installe.
Thierry Platon, FNE 13France 3 Provence-Alpes
Il affirme que la disposition n'est pas la même à Mallemort et à Lamanon. "On traversait à Mallemort l'agglomération. Là, ce n'est pas le cas. Les habitations sont aussi plus isolées, il y a moins de monde autour", rendant donc plus difficile l'abandon du projet.
L'usine en activité à Lamanon en 2010
Le site au Défends, construit en 2003, a déjà été exploité en 2010 pour un motif similaire. Cédric Favre soutient qu'il y avait eu plusieurs accidents, un jet de gasoil jusqu'à 200 mètres et une explosion de plusieurs machines. "Deux personnes travaillant sur le chantier avaient été blessées, le site avait directement fermé", explique-t-il.
Le maire n'est pas opposé au projet
Le maire de Lamanon, Christian Nervi, assure que ce n'est pas la mairie qui est à l'initiative du projet, mais la préfecture des Bouches-du-Rhône, sans toutefois s'opposer à celui-ci, puisqu'il "faut bien faire les travaux de l'A7". "Ce n'est pas un terrain communal, il appartient à l'État et est mis à disposition des Autoroutes du Sud de la France", assure-t-il. L'élu réfute également toute accusation concernant le lancement des travaux. "L'entreprise a simplement posé son matériel."
Il assure que des capteurs seront installés pour mesurer la qualité de l'air, en collaboration avec la FNE 13, avant la mise en service de l'usine. Christian Nervi soutient par ailleurs que l'entreprise Trabet garantit de tout contrôler, "les filtres des poussières, des cheminées et du recyclage de l'eau".
Une enquête publique sera lancée le 9 septembre pour un mois, où "tout le monde pourra s'exprimer", conclut-il.