On vous explique pourquoi les chenilles processionnaires sont une calamité pour les humains et les animaux

Elles reviennent à chaque printemps avec leurs poils urticants particulièrement dangereux pour les chiens mais aussi pour les humains.

Elles semblent bien inoffensives quand elles cheminent en file indienne au pied des pins. A l'approche du printemps, les chenilles processionnaires quittent leur cocon pour s'enfouir dans le sol et devenir papillons. Leurs processions démarrent plus ou moins tôt selon les climats des régions, et de plus en plus prématurément selon les spécialistes en raison du réchauffement climatiques. En Provence-Alpes Côte d'Azur, on est actuellement en plein pic. Leurs poils très irritants représentent un danger en cas d'ingestion ou de contact avec les muqueuses. France 3 Provence-Alpes vous explique pourquoi les chenilles processionnaires sont une calamité pour les humains et leurs compagnons à quatre pattes.

  • Comment les reconnaît-on ? 

Au détour d'un sentier dans la colline, ou dans un jardin, la chenille processionnaire se rencontre partout où il y a des pins. Son nom scientifique, c'est Thaumetopoea pityocampa. Cette larve de papillon de nuit, originaire du pourtour méditerranéen, fait partie de la famille des Notodontidae, et elle est classée nuisible depuis 2022.

La chenille mesure quelques millimètres au stade larvaire 1 et jusqu'à 40 cm de long au stade 4 ou 5. Brune noirâtre, elle est reconnaissable à ses tâches rougeâtres sur le dessus et les flancs, et à son ventre jaune. Surtout, elle présente sur son corps fortement velu, des poils urticants et allergisants qu'elles dispersent au gré du vent par ses "miroirs" et peuvent s’accrocher comme des harpons aux habits ou à la peau.

Ces soies sont urticantes et allergisantes et il n'est pas besoin de les toucher car la chenille projette ce qu'on appelle des miroirs qui se plantent dans tout ce qu'ils touchent.

Ces chenilles doivent leur nom à leur façon de marcher sur le sol en procession, à la sortie de leurs nids de soies facilement visibles aux extrémités des branches de pins. 

  • Quels sont les risques pour l'homme ?

Selon une étude publiée en juin 2020 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), sur la base des cas enregistrés dans les centres anti-poison entre 2012 et 2019, il y a eu environ 1 300 cas symptomatiques d’exposition aux chenilles processionnaires. 

Selon ce rapport de toxicovigilance, la grande majorité des expositions aux poils de chenilles processionnaires entraîne des éruptions cutanées avec démangeaisons, oedème localisé, conjonctives ou irritations des voies respiratoires. Les symptômes sont sans gravité dans plus de 9 cas sur 10. Deux cas de forte gravité sont rapportés, celui d'un enfant de 3 ans ayant ingéré une chenille et une surréaction d'un homme de 51 ans allergique aux hyménoptères. Aucun décès n'a été observé.

L'Anses souligne que les expositions sont de plus en plus fréquemment observées en France métropolitaine, et peuvent concerner des enfants de moins de 5 ans "qui peuvent facilement s'exposer du fait de leur comportement exploratoire, attraper la chenille, puis en porter les mains à la bouche et/ou aux yeux." 

En prévention, l'Anses fait quelques recommandations. En promenade, dans un endroit où il y a des pins, de janvier à mai, porter des vêtements longs, ou éviter les zones à risques. Ne pas approcher ni toucher les chenilles ou leurs nids et garder les enfants à distance. Et ne surtout pas balayer une procession de chenilles au risque de créer un nuage de poils urticants.

Au jardin, il est recommandé de porter des gants pour le jardinage, d'éviter de faire sécher le linge à proximité d’arbres infestés, et laver les fruits et légumes cueillis. Éviter aussi de se frotter les yeux et se laver les mains au retour de la promenade.

  • Que faut-il faire en cas d'exposition ? 

En fonction de la gravité des symptômes il convient d'alerter les secours. En cas de détresse respiratoire ou de réaction allergique grave : appeler le 15 ou le 112.

Si un enfant en bas âge a porté une chenille à la bouche, il est recommandé de consulter immédiatement le service des urgences.

En cas d’autres symptômes (rougeur, démangeaisons…), il faut appeler un centre antipoison ou consultez un médecin.

En cas de suspicion d’exposition : ne pas se toucher les yeux, prendre une douche, enlever ses vêtements et les laver à plus de 60°C.

  • Est-ce dangereux pour les animaux domestiques ? 

Les consultations se multiplient en ce moment chez les vétérinaires de la région, même si le pic n'est pas encore atteint. Les chenilles processionnaires sont très dangereuses pour les animaux domestiques. Les chats sont moins concernés que les chiens, qui vont avoir tendance à aller renifler les chenilles et leurs soies urticantes.

"Si c'est gueule fermée, ça va toucher la face, on aura simplement ce qu'on appelle un myxoedème, un oedème de la face généralisé, et ça n'épargne pas d'avoir une réaction systémique complète, avec l'oedème de Quincke", explique Eric Bonnifay, vétérinaire de la région Paca, à France 3 Provence-Alpes.

Si le chien renifle la chenille gueule ouverte, l'affaire est encore plus grave. "Les miroirs vont se planter sur la langue, on va avoir des gros œdèmes de la langue, des lésions plus ou moins étendues et plus ou moins profondes avec possiblement des pertes de morceaux de langue." 

L'exposition aux chenilles processionnaires peut aussi entraîner des kératites (des inflammations de la cornée) ou des atteintes oculaires graves, avec risque de nécrose, qui nécessitent une consultation en urgence. 

"La première chose à faire, c'est un rinçage abondant gueule, et de la face, à l'eau froide pour décongestionner et rincer les toxines, et on appelle très rapidement le vétérinaire le plus proche."

Dr Eric Bonnifay, vétérinaire

Les signes qui doivent alerter, c'est un chien qui salive énormément, la langue tellement grosse qu'il ne peut plus la rentrer dans la gueule, ou des yeux complètement fermés avec une inflammation des paupières. 

  • Que dois-je faire si mon chien est atteint ?

"En cas de moindre doute, la première chose à faire, avant même d'aller chez le vétérinaire, c'est un rinçage abondant gueule, et de la face, à l'eau froide pour décongestionner et rincer les toxines, et on appelle très rapidement le vétérinaire le plus proche", souligne le docteur Bonnifay, qui recommande un suivi les 24 à 48 heures pour éviter les risques de nécrose.

"Si le chien est très atteint ou très sensible, on peut avoir des oedèmes de Quincke, c'est une urgence vitale, parce que toute la gorge gonfle, il a du mal à respirer et l'étouffement peut arriver", ajoute-t-il. 

En fonction du type d'atteinte, et de l'état des dégâts parfois très lourds, le vétérinaire déterminera le traitement adapté. "Le pronostic vital peut-être engagé", rappelle le docteur Bonnifay.

Pour éviter ces risques, le vétérinaire conseille, en balade comme chez soi d'être vigilant. "S'il y a beaucoup de nids dans les pins, on regarde parterre et on tient le chien en laisse, on marche plutôt sur les pistes forestières en colline et chez soi ; si on n'a pas de pins on regarde chez le voisin, surtout qu'avec le vent les nids peuvent tomber, et il faut surveiller régulièrement le jardin parce qu'il est déjà arrivé qu'une procession de chenilles traverse le salon d'une maison, c'est très rare mais on peut très bien croiser une procession de chenille sur une terrasse sans avoir de pins chez soi."

  • Quelle est la période à risques ? 

Selon l'Observatoire des chenilles processionnaires - Fredon France, en zone méditerranéenne, la période à risques se situe en février-mars, au moment des descentes massives des chenilles qui quittent le nid pour s’enfouir sous terre.

Les autorités locales appellent d'ailleurs à la vigilance comme la préfecture du Var, qui donne des conseils pour s'en protéger et  lutter contre leur prolifération.

L’Anses préconise notamment de mettre en place des mesures de détection de la présence des papillons processionnaires à l’aide de pièges à phéromones en été. Et en cas de détection de mâles dans les pièges, de procéder à une lutte curative en privilégiant la destruction des nids, les pièges autour des troncs pour les chenilles et les nichoirs pour les mésanges et les chauves-souris qui en raffolent.

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