Le Sud-Est a été frappé par des orages violents à répétition ces derniers jours, provoquant des inondations. Ce phénomène est-il lié au réchauffement climatique ? Un prévisionniste de Météo-France répond à France 3 Provence-Alpes.
En quelques heures, le 13 juin, il a plu l'équivalent de quatre mois de précipitations dans plusieurs communes des Bouches-du-Rhône. Les violents orages ont notamment fait d'importants dégâts et inondations à Sénas. Ces pluies record font suite à des orages en série en Provence-Alpes-Côte d'Azur au mois de juin. France 3 Provence-Alpes fait le point Gaétan Heymes, ingénieur prévisionniste à Météo-France.
Ces phénomènes vont-ils se multiplier ?
"Les orages restent un phénomène purement météo, qui sont créés quand une masse d'air instable, chaude et humide en basse couche rencontre une masse d'air froid en altitude, explique le météorologue. Faut-il s'en inquiéter dans un contexte de réchauffement climatique ? La réponse n'est pas si évidente. Lorsque la configuration météo favorise les orages dans une atmosphère plus chaude, l'atmosphère peut contenir de la vapeur d'eau qui se condense et se précipite sous forme d'orage."
Qu'est-ce qui pourrait favoriser ces orages ?
Ces derniers jours en Paca, la configuration était favorable aux orages. L'air à basse altitude était donc humide, ce qui aurait pu engendrer davantage de cumuls de pluie lors des orages. "Mais nous ne savons pas avec certitude si les configurations favorables aux orages vont augmenter ou diminuer sur le long terme, précise l'ingénieur prévisionniste. Surtout dans le Sud-Est, où les étés sont de plus en plus secs."
L'ampleur des orages est donc complexe à prévoir dans un contexte de changement climatique sur plusieurs décennies.
Pour savoir si les orages vont se multiplier en Paca du fait du réchauffement climatique, on peut regarder les études réalisées dans les pays voisins. Les 16 et 17 mai dernier, l'Emilie Romagne était inondée par de fortes pluies. "L'étude d'attribution avait montré que le réchauffement climatique n'avait pas eu de conséquence significative sur les cumuls de pluie enregistrés. La tendance est plutôt à une baisse de la pluviométrie à cette période de l'année", précise Gaétan Heymes.
"L'épisode en cours s'inscrit dans la variabilité naturelle du climat qui fait qu'on a des saisons sèches suivies de saisons arrosées qu'on ne peut pas anticiper. Cela s'inscrit dans une tendance de fond, évidente pour la température mais moins évidente sur la pluviométrie."
Gaétan Heymes, prévisionniste Météo France
Les inondations sont-elles liées à la sécheresse ?
Depuis le milieu du XXe siècle, les étés sont de plus en plus secs. Les sols -- non-goudronnés ou bétonnés -- quand ils sont secs, absorbent mieux les pluies jusqu'à une certaine intensité. Plus le sol est humide, moins il a la capacité d'absorber, selon le météorologue de Météo France. "Ces derniers jours, les sols ont été ré-humidifiés par les épisodes instables. L'épisode du 13 juin a accentué le ruissellement, même en milieu non-urbain. Les inondations les plus graves se produisent sur des sols humides", souligne-t-il.
À court terme, en tout cas, la série d'orages devrait cesser en plaine dans le Sud-Est dès ce jeudi 15 juin. "Ce sera le retour d'un temps sec", précise le prévisionniste, "même si des orages pourraient survenir sur le reste du pays."