Sur Internet, on peut lire l'incompréhension qui règne autour de la situation météorologique de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il pleut, les orages sont plus que présents, et pourtant, on parle encore de sécheresse.
Orages, jardins verts, rivières remplies, champs détrempés... autant de signes qui peuvent vous faire penser que la sécheresse historique est derrière nous. On sent bien, avec l’apparition du #sécheressemoncul sur Twitter, que l’incompréhension est de mise. Même si tout semble rentrer dans l'ordre et que les jardins verdissent, le niveau des nappes phréatiques reste très bas. On vous explique pourquoi.
Pourquoi parle-t-on encore de sécheresse alors qu’il pleut ?
Avant de pouvoir comprendre la situation actuelle, il nous semble important d’insister sur le fait qu’il existe plusieurs types de sécheresse :
- La sécheresse météorologique, lorsqu’il ne pleut pas,
- La sécheresse agricole, qui elle, est causée par un manque d’eau dans les sols et qui nuit au développement de la végétation,
- La sécheresse hydrologique, lorsque le niveau des lacs, des rivières, cours d’eau ou nappes souterraines est particulièrement bas.
Partant de là, ce n’est pas parce qu’il pleut, que la situation s’améliore sur tous les types de sécheresse.
Des pluies record ?
Le mois de mai a été un petit peu plus orageux que la normale selon Météo-France. Parfois violentes, s’accompagnant de pluies intenses, de grêle et des violentes rafales, ces intempéries laissent place à un mois de juin hors du commun, marqué par des phénomènes de "goutte froide" à répétition. Notre région est celle qui est le plus touchée par les orages, avec un triangle orageux reliant Valensole, Aix-en-Provence et Pertuis.
Cette année, une augmentation de 300 % des précipitations par rapport à un mois de mai classique dans le Verdon, le Var et l’est des Bouches-du-Rhône. Quelques exemples pour illustrer ces propos : 359 mm d’eau sont tombés au Ristolas, 200 mm à Castellane (Alpes-de-Haute-Provence) et enfin 155 mm à Valensole.
Ces précipitations ont permis de sortir de la sécheresse météorologique. Sur l'image de gauche, on voit bien que la pluviométrie est normale, là où il y a trois mois (image de droite), la situation était critique, avec des départements en sécheresse extrême.
Ces pluies suffisent-elles à recharger les nappes phréatiques ?
Malheureusement, et malgré toute la pluie qui est tombée, la sécheresse phréatique se maintient. "Les nappes phréatiques se rechargent de septembre à mars, nous explique Paul Marquis, expert en météorologie. L’eau ne s’infiltre pas dans les nappes, malgré ce record de 22 jours de pluie au mois de mai." Actuellement, dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, le niveau est modérément bas, alors que dans les Alpes-de-Haute-Provence, le Var et les Alpes-Maritimes, il est très bas. "C’est pour cette raison que les arrêtés préfectoraux concernant les restrictions d’usage de l’eau vont durer encore longtemps", insiste Paul Marquis.
A qui profitent ces pluies ?
Si les jardins sont si verts, c’est que ces récentes pluies ont bien un avantage : "À partir du mois d’avril, les végétaux absorbent 90 % des précipitations", développe Paul Marquis. Ce qui signifie que tout n’est pas perdu, puisque la sécheresse de surface s’estompe.
Cette amélioration de la sécheresse agricole permet une période de répit pour les pompiers. "Les incendies sont moins nombreux que d’habitude sur cette même période", relate Paul Marquis. Pour autant, pas question de crier victoire trop vite. La situation de sécheresse peut se dégrader cet été.