Sécheresse : des nappes phréatiques quasi à sec, un été de restrictions se profile en Paca

Les nappes phréatiques sont en-dessous de leur seuil habituel en Paca, avec des conséquences immédiates bien visibles. L'été 2023 s'annonce sec et ravageur.

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Conséquence de l'absence de pluies cet hiver et de la sécheresse précoce, le niveau des nappes phréatiques est anormalement bas pour la saison, constate Marc Moulin, hydrogéologue pour le Bureau régional de géologie minière. "C’est la première fois que deux années de suite, il y a un déficit hydro climatique". La situation est préoccupante dans la région et laisse présager une sécheresse identique à 2022 et inévitablement des restrictions d'usage de l'eau.

Selon la carte d'Infosécheresse, le niveau est moyennement bas dans les Bouches-du-Rhône (jaune),  bas dans les Alpes-de-Hautes-Provence (orange) et très bas sur l'ensemble des autres départements de Paca. 

"La période des recharges des nappes phréatiques se situe d’avril à mai. Après cette période, les températures augmentent, la végétation fleurit et il y a moins de précipitations», explique Marc Moulin. 

Depuis le début de l'année, le déficit pluviométrique à l’origine de la situation n'a fait que s'aggraver.  "Au mois de mars, le déficit de pluie dans la région atteint les 35%", poursuit l'hydrologue. La station météo de Marignane est celle où il a le moins plu depuis 2023. 

De janvier à avril, le cumul des pluies à Marseille a atteint 23,3 mm, un chiffre en-dessous des moyennes pluviométriques. En 2022, 390 mm de pluie étaient cumulées sur l’année dans les Bouches-du-Rhône, la moyenne nationale se situe à 620 mm. 

Seuls 20% des eaux de pluie sont efficaces pour alimenter les sols et s’infiltrer dans les nappes phréatiques.

Marc Moulin, hydrologue

Les orages ne permettent pas de renouveler les sols de façon durable, en effet ils charrient une quantité de sédiments qui se jettent en bout de course dans des cours d’eau. "En réalité, seuls 20% des eaux de pluie sont efficaces pour alimenter les sols et s’infiltrer dans les nappes phréatiques", précise Marc Moulin, hydrologue.

Des conséquences directes sur les crustacés 

Cela entraîne des conséquences en cascade. Des fleuves, lacs et rivières sont se situent à des niveaux inférieurs aux seuils précédemment relevés par des hydrologues. La rivière de la Durance est en état d’alerte rouge dans le département des Bouches-du-Rhône, ainsi que l’amont et l'aval du fleuve de l’Huveaune. L'alerte est maintenue à un seuil élevé pour la zone du Gapeau dans le Var.

"Les crustacés, les espèces animales et végétales sont les premières victimes de la déshydratation des sols. Elles s'éteignent ou s'amoindrissent", alerte Marc Moulin. 

La préfecture des Bouches-du-Rhône a pris un arrêté sécheresse le jeudi 20 avril, qui place en "état de crise rouge" 19 communes sur l'Huveaune amont et aval et le Réal de Jouques, et en "état de crise jaune" 28 communes sur l'Arc amont et aval, à lest du département.

Des mesures de restrictions

Ces arrêtés également pris dans le Var impliquent des mesures de restrictions pour les particuliers et les entreprises ou les agriculteurs comme la consommation d’eau pour les fontaines, le nettoyage des voitures, le jardinage. De même, puiser ou forer dans un bassin d'eau restreint est sanctionné d'une amende. 

Les restrictions spécifiques des eaux superficielles prises par l'arrêté préfectoral concernent tout le bassin méditerranéen. Les restrictions des eaux sous-terraines s'appliquent elles en grande majorité dans le département du Var.  

Le 30 mars, en visite dans les Hautes-Alpes, Emmnanuel Macron a annoncé un "plan eau" , une série de mesures, à commencer par un "écowatt" de l'eau, un outil pour mesurer la consommation d'eau en France, prévu pour mai. 50 mesures viennent compléter le dispositif pour économiser 10% d'eau à l'horizon 2030. Colmatage des fuites, recyclage des eaux usées et optimasation de l'eau pour le secteur agricole, qui représente 58% de la consommation d'eau.

Ce plan d'urgence ne permettra cependant pas d'inverser la tendance pour l'été prochain, si la situation pluviométique ne s'améliore pas.

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