C'est le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qui donne l'alerte. Le spectre d'une sécheresse estivale se renforce, notamment pour une cinquantaine de départements, dont le Var et le sud-ouest des Alpes-Maritimes. Ils pourraient connaître une situation pire que l'été dernier.
"La situation est assez inquiétante car quasiment toute la France est touchée et on enchaîne les années sèches", en comptant 2019, 2022 et 2023, explique Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l'organisme public en charge de la surveillance des eaux souterraines.
Le BRGM a publié jeudi dernier son bilan mensuel. Et il est assez alarmant.
Fin février, au sortir de l'hiver, période où les nappes sont censées se recharger avant que la végétation ne reprenne sa croissance, la situation était déjà critique, avec 80% des nappes métropolitaines à des niveaux bas ou très bas.
Il a plu en mars, mais pas partout et surtout pas assez. 75 % des nappes ont un niveau modérément bas à très bas.
Risque de sécheresse "avéré"
Seules les nappes de la Bretagne à la Nouvelle-Aquitaine ont bénéficié "d'épisodes conséquents de recharge".
Mais plusieurs autres, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, en Champagne, dans le couloir Rhône-Saône ou dans le Roussillon affichent toujours des niveaux inquiétants.
Cela est dû au fait que les pluies sont tombées sur des sols très secs et ont ainsi eu du mal à s'infiltrer en profondeur.
Violaine Bault, hydrogéologue (BRGM)
À cela s'ajoute un automne et un hiver particulièrement doux et secs. Selon le BRGM, le risque de sécheresse estivale pour certaines régions est désormais "avéré", sauf à connaître des pluies exceptionnelles dans les prochaines semaines.
Restrictions d'eau
L'alerte est particulièrement forte pour le sud-est du pays (mais aussi pour les départements allant de la Picardie au bassin parisien, ainsi que le Centre) qui présente un risque "très fort" de sécheresse "présageant d'un printemps et d'un été probablement tendus" avec des restrictions d'eau "très probables".
Le Var et le sud de la Drôme présentent même des "niveaux historiquement bas", continue Violaine Bault.
De quoi craindre une situation pire que l'été dernier, où la sécheresse avait été historique ? C'est possible, répond le BRGM, si le printemps et l'été sont aussi secs qu'en 2022. À fin mars, en tout cas, "le risque est très fort", car le niveau des nappes est actuellement "très inférieur à ceux de 2022".
Guide sécheresse
L'an dernier, à la même époque, seuls 58% des niveaux étaient sous les normales (contre 100% aujourd'hui). Pourtant à fin août 2022, la quasi-totalité du territoire subissait des restrictions d'eau et 700 communes ont été concernées par des problèmes d'eau potable.
Actuellement, une quarantaine de départements métropolitains sont en vigilance, dont une quinzaine en alerte sécheresse, comme le Var (depuis le 17 février) et les Alpes-Maritimes (depuis le 9 mars).
"Face à l'urgence d'agir, nous ne devons pas avoir la main qui tremble pour prendre les décisions nécessaires", indique le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Il précise que le prochain comité d'anticipation et de suivi hydrologique se réunira le 27 avril et qu'un nouveau guide sécheresse sera publié "d'ici la fin du mois".
(Avec AFP)