La désalinisation : une fausse bonne idée pour lutter contre la sécheresse dans le Var et les Alpes-Maritimes ?

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La désalinisation, solution à la sécheresse ? ©FTV

Dessaler l'eau de mer pour la rendre potable, et ainsi faire face à une sécheresse sans précédent qui frappe le Var et les Alpes-Maritimes depuis deux ans. La solution parait séduisante, elle est pourtant rejetée par les communes et les spécialistes du traitement de l'eau. On vous explique pourquoi.

La Méditerranée, la baie des anges ou la baie de Saint-Tropez : futures sources d’eau potable pour la population des Alpes-Maritimes et du Var ? L’hypothèse est lancée depuis la sécheresse sévère observée sur la Côte d'Azur et la baisse des nappes phréatiques.

Le constat est plus qu'alarmant, selon l'agrométéorologue Serge Zaka :

En mars, la préfecture des Alpes-Maritimes a même placé l'ensemble du département en alerte sécheresse.

Dans le Var, depuis le 24 mars dernier, 95 des 153 communes du département sont en alerte sécheresse, 56 en vigilance, et 2 (Riboux et Saint-Zacharie) en crise sécheresse. 

Confrontés eux aussi à la sécheresse, de nombreux pays comme Israël, l'Espagne ou Malte dessalent l'eau de mer pour avoir de l'eau douce, alors pourquoi pas nous ? À cette question, l'écologiste Patrice Miran dit tout de suite non :

La désalinisation présente deux gros désavantages : premièrement, elle consomme, beaucoup d'énergies puisqu'on extrait le sel de l'eau de mer pour rendre l'eau douce ; et surtout, elle rejette aussi de l'eau très salée et très chaude dans les milieux, ce qui provoque tout un tas d'impacts négatifs sur le plancton, etc.

Patrice Miran, porte-parole "Écologie au centre"

Auteur d'un rapport pour les Nations-Unies, il admet que la désalinisation est vitale pour des pays qui n'ont pas d'autres solutions. Mais, pour la région Paca, il milite plutôt pour le recyclage de nos eaux usées.

C'est aussi le discours de l'entreprise Véolia, pourtant un des leaders mondiaux du dessalement. Pour l'instant, l'entreprise ne voit pas l'utilité de cette solution sur la Côte d'Azur et préfère recycler, comme à Antibes ou à Sainte-Maxime. 

L’eau douce perdue, c'est l’eau de toutes les stations d'épuration du Var : c’est à peu près 50 millions de m3 qui repartent à la mer tous les ans. Cette eau, c'est de l’eau douce épurée. Plutôt que d’aller désaliniser l’eau de mer, faisons de la réutilisation des eaux usées traitées, c’est de l’eau recyclée, il y a un potentiel considérable.

Philippe Denis, directeur développement Véolia Eau - PACA Méditerranée.

Ces eaux purifiées par étapes pourraient peut-être, à terme, être bues avec un traitement particulier. En attendant, à Sainte-Maxime (Var), elles sont utilisées pour arroser des espaces verts et un golf de 32 hectares. 200 000 m3 d'eau traités chaque année sont récupérés dans un mini lac. Sans cela, le site ne pourrait pas survivre en pleine période de sécheresse.

Nous serions aussi sujets aux restrictions d’eau, aux arrêtés préfectoraux. Alors que, grâce à l’utilisation de cette eau recyclée, nous ne sommes pas limités dans les quantités pour notre arrosage. Nous sommes complètement autonomes.

Dominique Maffre, intendant parcours de golf - Sainte Maxime

La communauté de Cannes Pays de Lérins, elle aussi, dit non au dessalement de l'eau de mer. Impensable de voir une usine sur la Croisette. Ici, on mise sur les économies d'eau en traquant les fuites dans les vieilles canalisations qui sont en train d'être remplacées. Les tuyaux neufs en fonte ont ainsi permis de sauver 5 millions de mètres cube d'eau potable sur l'ensemble du réseau.

On va continuer à améliorer les choses, à la fois en faisant du renouvellement, à la fois en travaillant aussi sur de la prélocalisation : il y a près de 9 millions d'euros qui vont être investis pour mieux connaître le réseau, le sectoriser, l'écouter avec de petits appareils et, du coup, identifier de manière beaucoup plus précise les tronçons qui sont fuyards et les réparer.

Michel Tani, directeur général des services - Communauté d'agglomération Cannes Pays de Lérins

L'eau de mer n'est pas, pour l'instant, la solution d'eau douce du Var et des Alpes-Maritimes. Les communes préfèrent clairement travailler sur les fuites et le retraitement. Dans l'Hérault, une mairie va même jusqu'à offrir des kits d'économiseurs d'eau à tous les habitants. Placés dans les robinets, ils sont censés réduire de moitié la consommation quotidienne.

Sollicitée, la Métropole Nice Côte d'Azur n'a pas donné suite à nos demandes d'interview sur sa politique de recyclage de l'eau ou d'éventuels projets de désalinisation.

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