Emmanuel Macron a choisi les Hautes-Alpes pour annoncer son "plan eau" et ce n'est pas un hasard. La région Paca est particulièrement touchée par la sécheresse. Certaines communes ont déjà été placées au stade de crise, trois mois avant le début de l'été.
Un gros coup de chaud sur la Paca. La région est particulièrement touchée par la sécheresse en ce début de printemps à la suite d'un hiver très doux. Résultat : de nombreux habitants sont concernés par des arrêtés de restriction des usages de l'eau. Le plus haut niveau d'alerte a même été déclenché dans certaines communes des Bouches-du-Rhône. France 3 Provence-Alpes fait le point sur la situation alors qu'Emmanuel Macron doit proposer jeudi 30 mars à Savines-le-Lac son plan eau pour faire face à cette situation.
- Une partie des Bouches-du-Rhône en rouge sur Propluvia
Il suffit de se rendre sur le site gouvernemental Propluvia pour constater l'ampleur de la sécheresse. Le site recense les arrêtés préfectoraux de restriction en eau pris sur le territoire national. Selon la carte publiée sur le site, 32 départements de France métropolitaine sont visés par des restrictions. L'échelle commence au stade de vigilance, matérialisé en gris jusqu'à la crise, en rouge.
Dans notre région, seules les Hautes-Alpes et les Alpes-Maritimes échappent pour l'instant aux arrêtés. Dans le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence, la majorité des communes sont en état de vigilance, le niveau d'alerte le plus faible.
Dans le Var et l'est-des Bouches-du-Rhône, la situation est plus préoccupante. Le débit des deux principaux cours d'eau du Var, le Gapeau et L'Argens est jugé insuffisant. La préfecture a donc placé 85 communes en état d'alerte.
La sécheresse touche encore plus durement les communes alimentées en eau potable par l'Huveaune. Ce fleuve côtier à cheval entre le Var et les Bouches-du-Rhône est par endroits complètement à sec.
En conséquence, 19 communes ont basculé du niveau d'alerte renforcé à l'état de crise le 20 mars dernier. Certains arrondissements de Marseille et des villes importantes comme Aubagne sont concernées.
A noter également que le littoral Varois est soumis à une vigilance spécifique concernant l'état des ressources en eau souterraine.
- Comment en est-on arrivé là ?
Emmanuel Macron a choisi de se rendre à Savines-le-Lac, sur les rives du lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes. Les images de cette étendue d'eau presque à sec ont marqué l'été 2022. Et la situation risque de se reproduire à l'été 2023.
Sur l'ensemble de la région, les pluies ont été insuffisantes pour recharger les nappes et alimenter les cours d'eau. Selon le ministère de la transition écologique, l'état d'humidité des sols du mois de février correspondait à celle d'un mois de mars.
Le Var a notamment connu une situation de sécheresse exceptionnelle en 2022. Commencée en avril, elle ne s’est interrompue que le 15 décembre.
Conséquence de ce manque de pluies, les nappes phréatiques n'ont pas pu se recharger correctement. Dans notre région, la majorité affiche un niveau inférieur à la moyenne des cinq dernières années.
- Quelles sont les conséquences pour les habitants des communes placées en état de "crise" ?
Le niveau d'alerte sécheresse prévoit déjà des mesures restrictives comme l'interdiction du lavage de son véhicule à domicile, du remplissage des piscine ou de l'arrosage des jardins en journée. Les industriels, agriculteurs ou artisans doivent eux réduire leur consommation de 20%.
Dans les communes concernées par la crise, les interdictions vont encore plus loin. Il est notamment totalement interdit d'arroser pelouses et massifs fleuris. Seule exception, les potagers entre 20h et 7h, de manière réduite, et les piscines ne peuvent plus être remises à niveau.
L'arrosage des terrains de sport et golf doit être réduit au strict minimum. Pour les agriculteurs, l'arrosage par aspersion est interdit, mais le goutte-à-goutte reste autorisé.
Dans le Var, des maires ont pris des mesures encore plus drastiques en gelant les permis de construire pendant cinq ans.
- Quel est le plan d'action pour le gouvernement ?
Lors de son déplacement à Savines-le-Lac, Emmanuel Macron doit annoncer un "plan eau". 50 mesures pour améliorer la gestion de la ressource dans ce contexte de sécheresse. Parmi les pistes étudiées, la lutte contre le gaspillage. Selon des données communiquées par le gouvernement, 20% de l'eau est perdue dans des fuites sur les réseaux de distribution de l'eau.
Le Président de la république pourrait aussi annoncer des mesures pour développer la réutilisation des eaux usées. Le plan est présenté comme "un vrai tournant" par Benoît Faraco, le conseiller énergie, environnement, transports et agriculture d'Emmanuel Macron à l'Elysée.