L'abattage de plus de 200 arbres dans un parc urbain à Aubagne mobolise les défenseurs de l'environnement, le chantier s'inscrit dans la renaturation écologique de l'Huveaune.
Le chantier qui démarre dans le parc de la Botte est un crève-cœur pour de nombreux Aubagnais, qui venaient chercher un peu de fraîcheur en déambulant sous leur ombrage. Frênes, hêtres, chênes... 234 arbres, dont la plupart ont plus de 80 ans, vont être abattus, le long des berges de l'Huveaune. Cet abattage est dénoncé par un collectif de militants écologistes et de défenseurs de l'environnement.
Selon eux, abattre ces arbres est "une catastrophe écologique" qui aura des conséquences sur la flore et la faune. "Il y a énormément d'espèces présentes, nous avons commandité une étude par un expert naturaliste indépendant qui a répertorié 29 espèces protégées sur le parc", s'inquiètait début septembre Marc Bouchet, porte-parole du collectif Huveaune, interrogé par notre journaliste Eric Cottaz.
France 3 Provence-Alpes vous explique pourquoi le projet du parc de l'Huveaune rend nécessaire l'abattage de ces arbres dans ce projet piloté par l'Epage, le maitre d'ouvrage qui porte la compétence GEMAPI "gestion de l'eau, des milieux aquatiques, prévention des inondations", en lien avec la Ville et la Métropole.
Pour recréer les méandres au fleuve
Le chantier concerne un tronçon du fleuve de 700 mètres. Des travaux de terrassement sont prévus pour élargir les berges. Cette renaturation écologique va ainsi consister à remodeler les berges qui sont aujourd'hui très abruptes, des méandres vont être créés. L'objectif est de redonner un cours plus naturel au fleuve côtier.
"Aujourd'hui, l'Huveaune est rectiligne, et l'objectif est de lui redonner de l'espace de liberté pour qu'il puisse s'étaler, de s'oxygéner, quand il veut faire des méandres", explique Tiphaine Zarrouga, chargée de projet GEMAPI.
"Ce qui semble être de la biodiversité aujourd'hui, n'est pas aussi riche qu'elle devrait être. Cette renaturation consiste à rendre un cours d'eau naturel, c'est-à-dire avec des méandres, sources de biodiversité", souligne Didier Réault à France Bleu Provence, élu à la Métropole, délégué à la gestion des milieux aquatiques.
Pour limiter les risques d'inondation
L'impératif est autant de préserver le milieu aquatique que de limiter les risques d'inondations dans ce secteur d'Aubagne.
Parmi les aménagements prévues, une zone humide pourra accueillir les débordements de l’Huveaune. L'objectif est protéger notamment des logements et le lycée Joliot-Curie, situé en rive gauche pour une crue vicennale, dont le risque de survenue dans une année est de 1 sur 20.
La nouvelle reconfiguration du cours d'eau permettra de ralentir l’écoulement de ses eaux en période de crue.
Pour planter des végétaux plus adaptés
La végétation le long des berges est très développée, mais environ 20 % des espèces sont invasives et 30% sont dégradées ou en moyen état. "L'objectif est de pouvoir renouveler cette végétation pour implanter notamment des espèces locales qui soient adaptées à la sécheresse. Chaque année, l'Huveaune est frappée de plus en plus tôt par les arrêtés sécheresse", analyse Tiphaine Zarrouga.
Selon cette spécialiste, avec le changement climatique et la nappe de l'Huveaune qui baisse d'année en année, les arbres qui vont être abattus ne seront pas capables de survivre, et certains sont déjà malades. Dans le cadre de ces aménagements, les 17 000 plans choisis pour être plantés seront des espèces résilientes face aux sécheresses à venir.