À l'image de la météo des neiges ou des plages, il y a aussi la météo des forêts. Elle est établie par météo France, pour prévenir les risques incendie. Pour une plus grande précision, plusieurs données sont utilisées et l'une d'elles provient de prélèvements de l'ONF sur les végétaux.
Depuis 1996, l’Office nationale des forêts mesure sur tout l’arc méditerranéen la teneur en eau des végétaux. Environ cinq mois par an, l’ONF quantifie ainsi le degré de sécheresse de certaines plantes pour compléter les données de Météo France. Des données primordiales pour l’évaluation du risque incendie.
Inspection à Carry-le-Rouet
Ce mardi 16 juillet, près de Carry-le-Rouet, il ne fait pas moins de 35°C à l’ombre et presque pas d’humidité dans l’air. Pour Jean-Marc Mascre, technicien spécialisé à l'Office national des forêts, les conditions sont idéales pour la cueillette, ou plutôt pour des prélèvements. Sa mission consiste à scruter de près les broussailles du plateau végétal de la commune, plus précisément les jeunes pousses de chêne kermesse et de romarin.
Avec son sécateur, il coupe ce qu'il appelle "les pousses de l'année" et il semble assez déçu de ce qu'il constate "il n'y a pas grand-chose". À l'œil nu, "on voit le romarin qui commence à jaunir, donc on peut se dire que cela commence à devenir un peu compliqué", indique le spécialiste.
Des plantes représentatives de la garrigue
L’ONF n’a pas choisi ces plantes au hasard, elles sont très présentes dans les garrigues provençales. Ces échantillons sont donc particulièrement représentatifs du niveau général de sécheresse.
"On prélève sur des pousses de l'année, car c'est là où l'on voit le plus rapidement la variation de teneur en eau en fonction de la sécheresse. Cela nous permet de mesurer l'inflammabilité, la combustibilité de la broussaille, c'est-à-dire, sa sensibilité au feu", précise Luc Venot, coordinateur pour la Défense des Forêts contre l’Incendie ONF 13.
Analyse des prélèvements et déshydratation en étuve
Pour mesurer cette teneur en eau, les prélèvements effectués sur différents secteurs de la région vont être analysés à l'ONF. Et pour cela, ils vont subir un traitement de choc : une déshydratation en étuve. Ces données apparemment anodines vont être très précieuses dans la lutte contre les incendies.
Selon Luc Venot, "plus un végétal va être sec, plus il va être facilement inflammable. Et en fonction des paramètres météo du jour, plus le feu va se propager rapidement. C’est donc un des indices qui va nous permettre d'adapter nos dispositifs et notre travail de prévention et de lutte pour les pompiers et les marins pompiers".
La coopération Météo-France, ONF et pompiers
Les pompiers de la zone sud travaillent en étroit partenariat avec l’ONF et Météo-France pour les prévisions et anticiper les contextes propices aux départs de feu. En période estivale, du 15 juin au 15 septembre, un prévisionniste de Météo France est dédié pour travailler sur la météo des incendies et des feux de forêts.
Cinq prévisionnistes spécialisés feux de forêt à Météo France, basé à Aix-en-Provence, se relayent sur toute la période estivale. Chaque département de la zone sud est découpé en huit sous zones. Sur ces zones, est étudié le risque météorologique avec la prise en compte de certains paramètres : la température, la vitesse du vent, l‘humidité de l’air, et les précipitations ainsi que les relevés hydriques de l'ONF.
Cela donne un niveau de sécheresse expertisé. Il existe six niveaux : faible, léger, modéré, sévère, très sévère et extrême. Évaluer le risque incendie au plus proche de la réalité. Ces relevés de sécheresse des végétaux permettent également de réguler au mieux, les activités humaines.
Avec Sylvain Bouillot et Valérie Bour
