Prison de Tarascon : conditions de détention sous covid, des familles en appellent à l'Observatoire International des prisons

Une trentaine de familles de détenus de la prison de Tarascon ont alerté l'Observatoire International des prisons (OIP) sur les conditions de détention de leurs proches alors que l'établissement pénitentiaire est touché par un "cluster" depuis plusieurs jours.

12 agents et 41 des 626 détenus testés positifs à la Covid-19. La prison de Tarascon est un véritable "cluster" depuis quelques jours, selon FO Justice.

La situation est dénoncée par le syndicat notamment dans ce tweet daté du 14 janvier.

Du côté des familles de détenus, ça grince aussi des dents. Angela*, dont le fiancé est incarcéré à Tarascon, a accepté de nous raconter ce que vivent désormais les familles, sous couvert de rester anonyme.

La jeune femme déplore notamment un manque de communication de l'administration pénitentiaire.

"Ils suppriment les parloirs sans nous en informer, nous explique-t-elle ce jour-là au téléphone. J'habite à deux heures de Tarascon. Je me suis déplacée jusqu'à là-bas et c'est une fois arrivée sur place que l'on nous dit : "Non, il n'y a pas de parloir, car il est le cas contact et du coup, il est isolé".

Une décision difficile à accepter pour Angela qui explique qu'une vitre sépare les détenus de leurs visiteurs. Son fiancé sera finalement négatif au test.

"En plus, ils les confinent en cellule, mais en promenade, ils sont tous mélangés, assure-t-elle. Prévenez-nous, au moins via un mail groupé, que l'on ne se déplace pas pour rien".

Pas de test PCR pour les familles de détenus

Pour Sylvain Grellier, secrétaire national du syndicat Horizon Justice, les établissements pénitentiaires tentent de s'adapter au mieux à la crise sanitaire.

"Quand vous allez dans un cinéma ou au restaurant, vous devez présenter un pass vaccinal. Les établissements pénitentiaires sont aussi des ERP (Etablissement recevant du public), mais on ne demande pas de test PCR , antigénique ou de pass vaccinal aux personnes qui viennent visiter les détenus".

"Après, quand un prisonnier est cas contact, les règles gouvernementales s'appliquent et le détenu doit donc être en période d'isolement de sept à dix jours selon son schéma vaccinal". 

Sylvain Grellier poursuit. "La seule mesure qui a été prise par l'administration pénitentiaire, c'est la mise en place de parloirs vitrés. Du coup, ils peuvent se voir mais sans contact physique. Avec en plus, l'existence d'une jauge maximale d'un adulte et deux enfants au parloir. Donc c'est sûr que cela pénalise un peu la population pénale".

La suppression des parloirs n'est pas le seul problème qui règne dans ce centre pénitentiaire où la tension est montée d'un cran ces derniers jours alors qu'un surveillant a été frappé par un détenu le 13 janvier dernier.

Des douches bouillantes, plus de parloirs, pas de sacs d'habits...

Angela a aussi sa version pour expliquer la tension qui règne dans la prison. "Même à la ferme, les animaux sont mieux traités, reprend Angela. Un exemple tout bête, pour les douches, ils n'ont que de l'eau bouillante. Du coup, ils doivent la mélanger à de l'eau du robinet pour la refroidir avant de se laver". 

La jeune femme explique encore que les détenus "n'ont pas le droit de rentrer de nouveaux sacs d'habits et doivent faire leur lessive à la main". Ou encore qu'"avec les cas de covid, ils sont enfermés 23h sur 24. On peut comprendre qu'à un moment, ils soient mécontents". 

 L'Observatoire International des Prisons saisi

Une trentaine de familles a donc alerté l'Observatoire International des Prisons de tous ces problèmes. Charline Becker, coordinatrice pour la région Sud-Est à l'OIP confirme. 

"Beaucoup de femmes parlent de parloirs supprimés. Le dépôt de linge est également interdit à Tarascon, ce qui est une source de crispations."

L'OIP explique être en train de vérifier tous ces éléments, "car pour l'heure, nous n'avons aucune confirmation de la prison". Nous avons également cherché à joindre la direction de l'établissement sans succès. 

"Nous allons probablement saisir la Direction de l'Administration Pénitentiaire (DAP) de ces "tensions" car au-delà du droit, il y a tout ce qui concerne l'information des familles. Et là-dessus, la communication des mesures en cours, aux détenus et à leurs proches, n'a pas l'air d'être quelque chose de très clair".

Le centre de détention de Tarascon a été ouvert en 1991. Il accueille des personnes détenues condamnées à une peine supérieure à deux ans.

*Le prénom a été changé.

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