Les agriculteurs de Provence sont mobilisés jeudi pour faire entendre leur colère dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes. Poids des normes, pression de la grande distribution, concurrence étrangère et fatigue, les producteurs et éleveurs racontent les raisons de leur mobilisation.
Sur leurs tracteurs, ils bloquent les autoroutes pour faire entendre leur colère. Convergeant sur l'A7, l'A51, l'A54 et l'A8, les agriculteurs expriment, jeudi 25 janvier, leur ras-le-bol face à des conditions de travail qu'ils estiment intenables.
>> DIRECT. Agriculteurs en colère : l'A51 fermée entre Meyrargues et La Saulce
France 3 Provence-Alpes a rencontré plusieurs producteurs et éleveurs sur les axes routiers des Bouches-du-Rhône.
Cédric, maraîcher bio : "Moi, je ne vends pas aux grandes surfaces"
Venu avec deux collègues d'Eyguières, Cédric est maraîcher bio à Eyguières. "Moi, je ne vends pas aux grandes surfaces, car elles nous assassinent, déclare-t-il. Je ne fais que de la vente directe. On a la concurrence des produits étrangers. On demande de pouvoir écouler notre stock à des prix corrects. On ne veut pas d’aides supplémentaires."
François, éleveur ovin : "J’ai travaillé toute ma vie pour rien"
François est éleveur ovin à Salon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône. Il déplore le manque d'aides de l'Etat pour prévenir les attaques de troupeau. "L’état commence à serrer le robinet sur les aides à la prédation. Les quatre dernières attaques que j’ai eues, je n'ai pas eu d’indemnisation : refus de prise en compte. Récemment, j'ai perdu 6 000 euros d’aides pour mes chiens de protection."
A 65 ans, François souhaite prendre sa retraite. Il a travaillé pendant 50 ans, a validé 44 anuités... Mais n'obtiendra qu'une retraite de 900 euros par mois. "J’ai travaillé toute ma vie pour rien", souffle-t-il, en s'estimant "chanceux" : "ma femme peut subvenir à mes besoins".
Lionel, éleveur de volailles : "Il y a trop de pression"
Lionel, éleveur de volailles, annonce qu'il jette l’éponge. "La semaine prochaine, j’arrête, assure-t-il. C’est pas possible trop de pression, trop de normes. Comment voulez-vous faire un poulet bio, élevé en plein air et le vendre 10 euros ? Moi, je ne peux pas. On va se reconvertir vers une activité agricole moins contraignante. J’aime ce métier, j'ai ça dans le sang. Mais avec la grippe aviaire, il y a trop de normes, de précaution."
Silvère, apiculteur : "Le frelon, c’est la goutte d’eau"
Silvère a 50 ans, il est apiculteur à Grans. Il confie son épuisement face aux multiples difficultés auxquelles il est confronté. "Nos miels sont en concurrence avec les importations du monde entier", regrette-t-il. Le réchauffement climatique pèse aussi sur leur production."Les romarins sont déjà en fleurs, mais nos abeilles ne sont pas en état de produire du miel, explique l'apiculteur. On n’a plus d’hiver."
Surtout, les frelons mettent en danger les ruches. Leur présence a doublé selon lui en quelques années. "Les frelons, c'est pour nous ce que le loup représente pour les éleveurs, estime-t-il. J’ai perdu 300 ruches sur 800 cette année. Il faudrait que le frelon soit classé nuisible. On s’en sort parce qu’on est passionnés, on ne compte pas les heures. Mais le frelon, c’est la goutte d’eau."