Ils ne pouvaient pas changer leurs airbags malgré l’obligation. Voilà qui est fait, en une demi-heure, à domicile. Ils vont reprendre le volant de leur DS3 ou de leur C3 avec peut-être un sentiment de sécurité retrouvé. Enfin... pour les conducteurs qui doivent faire le changement d'airbags défaillants des véhicules du groupe Stellantis.
"On a peur !" témoigne Jade, 20 ans, habitante de Vitrolles, "tu ne roules pas normalement, tu sais qu’à tout moment, ça peut exploser." La jeune femme possède une DS3. Depuis six mois, elle sait que les airbags sont dangereux et qu'il faut les changer.
La première lettre recommandée arrive en janvier, la seconde en juin. Il est interdit de conduire son véhicule dans cet état. Le courrier vient de Stellantis, un groupe automobile qui comprend 14 marques dont Citroën et DS Automobiles. Les véhicules concernés sont les C3 et les DS3. L'opération de remplacement devrait coûter près d'un milliard d'euros.
"À chaque fois qu'elle conduisait, je lui disais de faire attention, sur les dos-d'âne, et d'éviter de taper (un autre véhicule)", raconte Hélène Morvan, la mère de Jade. Depuis le mois de janvier, la jeune femme conduit quand même, mais uniquement pour aller travailler, à trente kilomètres de son domicile.
Des airbags dangereux, voire mortels
Les airbags en question ont été fabriqués par l’entreprise japonaise Takata (qui a fait faillite entre-temps). Depuis 2014, ils ont causé plusieurs décès en projetant des pièces dangereuses, à cause d'un gaz qui vieillit mal dans les climats chauds et humides.
Mathéo, technicien de la concession Stellantis, se rend à domicile pour changer les airbags. Il s’installe dans la voiture de Jade et donne un coup de klaxon pour tester son volant, où se cache l'airbag du conducteur. Côté passager, il démonte une partie de la planche de bord pour accéder au coussin d'air. "Ça prend une grosse demi-heure pour changer les deux airbags", explique Mathéo, "on peut faire huit à dix voitures par jour".
La situation en chiffres
- 246 000 véhicules sont concernés en France
- 67 000 véhicules ont été réparés
- 20 000 clients doivent encore être recontactés
- 80 000 clients n'ont pas répondu
- À Vitrolles, 1 000 véhicules de démonstration ou d’occasion ont été prêtés aux clients
L'impatience, après des mois d'attente
Le 29 juillet, six clients ont déposé une plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui, de tromperie et de pratiques commerciales trompeuses", ont indiqué leurs avocats. Ils demandent notamment des compensations financières.
Maryse-Hélène Malroux, une juriste qui anime un groupe Facebook de clients mécontents, raconte avoir menacé sa concession d'une plainte pour "non-assistance à personne en danger", avant d'obtenir une Fiat 500 électrique de remplacement pour son fils.
Coup dur pour Citroën et DS
"C'est une opération d'une ampleur exceptionnelle", a souligné le patron de Citroën, Thierry Koskas, "je peux comprendre la gêne que nous occasionnons. Mais les moyens qui ont été déployés sont exceptionnels aussi". À ce rythme-là, "la plus grande partie de l'opération de rappel sera terminée d'ici la fin de l'année", espère le patron de Citroën.