Depuis toujours, elles font l'objet de chasses aux sorcières et font peur aux enfants. Les chauves-souris sont pourtant une espèce protégée aux vertus écologiques insoupçonnées. À Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône), on l'a bien compris. Les habitants se mobilisent pour protéger les chiroptères.
Les chauves-souris traînent derrière elles une mauvaise réputation. Entre leur nom vilain et les légendes terribles qu’on leur impute, elles portent malgré elles le mythe d’animal monstrueux.
À Septèmes-les-Vallons, dans les Bouches-du-Rhône (13), on a décidé de prendre leur défense. Depuis un mois, la commune organise avec le Groupe Chiroptères de Provence une opération de comptage du nombre de chauves-souris sur le territoire, afin de mieux les protéger.
L’objectif est de créer "un atlas de la biodiversité communal", pour mieux connaitre l’environnement de Septèmes-les-Vallons, explique Patrick Magro, conseiller municipal en charge de la biodiversité.
Colonie de reproduction de Petits rhinolophes du LuberonSuivi d'une colonie de reproduction de Petits rhinolophes pour le Parc naturel régional du Luberon. Chaque femelle protège son bébé entre ses ailes. La dégradation de la toiture laisse de plus en plus entrer la lumière. Les gîtes se raréfient et l'espère aussi. Nous travaillons à leurs conservation mais la tâche est grande.
Publiée par Groupe Chiroptères de Provence sur Jeudi 10 août 2017
Les Chauves-souris, alternative naturelle aux pesticides
Pourquoi cette attention particulière aux chauves-souris ? Ces petites bêtes nocturnes sont plus bénéfiques qu’on ne le pense. "Elles ont un rôle considérable dans la biodiversité", développe Maud Le Nagard, du Groupe Chiroptère de Provence."Les chiroptères sont insectivores. Une seule chauve-souris peut éradiquer 300 moustiques par nuit. Elles régulent la population de moustiques, moucherons, chenilles, etc. Des études sont même en cours chez des viticulteurs pour en faire des auxiliaires de cultures contre les nuisibles dans les vignes. Autrement dit, une alternative naturelle aux pesticides. Cet animal protège vraiment la qualité de vie des populations".
Pour tout savoir de la chiroptérologie en PACA
Des vertus écologiques remarquables qui sont pourtant méconnues du public. La sensibilisation de la population est donc une partie majeure de la mission. De fait, l’opération de comptage tient essentiellement sur la collaboration des habitants."Nous en appelons aux témoignages des habitants pour recenser les chauves-souris, dans les maisons et immeubles", explique la chercheuse. Pour l’heure, les riverains "ont du mal à comprendre notre intérêt pour ces questions", déplore l'élu Patrik Magro, d’où l’importance de cette pédagogie en amont.
La chauve-souris, une espèce protégée
Aujourd’hui, il existe 29 espèces de chauves-souris en région PACA, sur les 35 que compte l’Europe. Cet animal est classé comme espèce protégée. Plusieurs lois interdisent de "détruire leurs gîtes et de les déranger". Pourtant, les chiroptères continuent de voir leur nombre diminuer.Pour réaliser l’opération de comptage, le Groupe Chiroptères de Provence a déjà soumis un questionnaire aux habitants, dans lequel ils peuvent reporter s’ils ont vu ou non des chauves-souris autour de leurs logements.Une fois ces témoignages recueillis, les experts vont procéder l'été prochain, avec les habitants, à des opérations de repérage méthodique dans les zones quadrillées.
"On sait déjà repérer les bâtiments propices aux chauves-souris", assure Maud Le Nagard. "Elles aiment les bâtiments avec poutres, les toits peu isolés, et par cette période chaude, elles se perchent sous les toits pour mettre bas", développe la spécialiste.
En parallèle de cette grande battue participative, les chercheurs vont aussi procéder à des enregistrements nocturnes, permettant de repérer la présence de l’animal dans les forêts et espace naturels.
"Nous posons toute une nuit des enregistreurs d’ultrasons dans un lieu naturel, et en fonction des fréquences enregistrées, on peut définir le nombre d’espèces présentes dans la zone et les différencier", raconte la biologiste Maud Le Nagard.
Ces enregistreurs ont été posés jeudi 20 juin dernier. Certaines écoutes seront faites de manière publique, et les habitants sont invités à se joindre à l’opération.
Pour se joindre à l'opération, les habitants peuvent remplir le sondage par mail et recevoir les informations nécéssaires en écrivant à biodiversite@ville-septeme.fr, ou en appelant le 04.91.96.31.70. Plus d'informations sur le site de la ville http://www.gcprovence.org/