A Marseille, les voitures pourraient rouler sur des tronçons recouverts de panneaux solaires. Vinci Autoroutes développe un immense réseau de parcs photovoltaïques.
Le soleil est tellement généreux quand il brille dans le Sud, la pollution est tellement toxique pour les riverains d'autoroutes... Et bien, couvrons les autoroutes avec des panneaux solaires ! La belle idée est à l'étude à Marseille. Vinci Autoroutes a déjà commencé son développement, via sa filiale Solarvia.
- Marseille rêve de routes solaires
Le projet s'appelle "la canopée solaire" ; la canopée étant le nom donné à la cime des arbres.
Quatre ingénieurs en reconversion solaire planchent sur trois différents scénarios. Les sections de routes présélectionnés seraient dans les quartiers des Aygalades, La Pomme et Frais-Vallon, ce qui représente au total 10 km. La longueur du tronçon envisagé, dans un premier temps : 2 km.
Si Marseille installe son premier tronçon solaire avant 2025, elle pourrait être la première ville à réussir cette expérience en France. Paris a abandonné, Bordeaux en est au même stade.
L'image fait plutôt penser à de la science-fiction mais le projet est réel. Les voitures circulent sous un toit rigide de panneaux solaires. Le projet est soumis à des contraintes très fortes en matière d'accidentologie mais aussi d'accès pour les secours.
Dans la deuxième hypothèse, les panneaux sont souples, comme des voiles photovoltaïques. En cas de grosses tempêtes, il peuvent être décrochés. Sous ces deux premiers tunnels, la pollution est filtrée.
Si les deux premiers scénarios se révèlent trop compliqués, de grands panneaux voltaïques pourraient être fixés aux murs anti-bruit le long des routes. Ils offriraient dans ce cas beaucoup moins de surface que les deux autres installations.
- Vinci Autoroutes recouvre ses terrains de parcs photovoltaïques
Chez Vinci Autoroutes, on appelle ces terres les "délaissés autoroutiers". Du foncier inutilisé qui va donc être transformé en parc photovoltaïque.
Mille hectares ont été identifiés depuis le début du projet, en 2021. "1 000 hectares produisent 1 000 mégawatts", explique Raphaël Ventre, directeur marketing de Vinci Autoroutes. Oui mais. "Il faut investir 1 milliard pour ces 1 000 mégawatts", précise-t-il.
"Le photovoltaïque s'intègre mieux dans le paysage que l'éolienne", poursuit Raphaël Ventre. Dès que 3 hectares sont libres, l'entreprise examine leur potentiel solaire. Les animaux peuvent constituer de sérieux obstacles. Certaines espèces protégées sont prioritaires sur la production d'énergie.
Qu'importe la région et son ensoleillement, l'opération couvre tout le territoire français.
- A Marseille, une volonté de redistribuer l'énergie
La mairie de Marseille veut réduire la pollution et "redistribuer" cette énergie dans les quartiers les moins riches.
Le coût ? "Ça vaut très cher évidemment", élude Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille, délégué à la transition écologique. "Mais le retour sur investissement prend huit à dix ans. Ensuite, on peut faire de grosses économies. Les quartiers populaires qui ont été victimes de cette pollution routière bénéficieront de cette énergie. On appelle ça l'autoconsommation."
Des "tronçons démo" serviront de test.
- Une volonté de revendre l'énergie chez Vinci
L'énergie créée sur les terres de Vinci Autoroutes sera injectée au réseau électrique, ou plutôt vendue à un prix fixé par la commission de régulation de l'énergie.
Dans certains cas, l'énergie solaire servira à alimenter les bornes pour les voitures électriques sur les parkings autoroutiers. Les ombrières seront équipées en solaire.
"Difficile de chiffrer précisément un projet en cours", déclare Raphaël Ventre, aussi discret sur le budget que notre interlocuteur marseillais.
"La France est en avance dans ce domaine", assure Raphaël Ventre. "Solarisons !", incite Sébastien Barles. Les deux interlocuteurs partagent le même enthousiasme.