Confinement : quatre questions sur l’interdiction de vente des produits non essentiels dans les grandes surfaces

Plutôt que de rouvrir les petits commerces, le gouvernement a ordonné la fermeture des rayons non essentiels dans les grandes surfaces à partir de ce mardi pour lutter contre lépidémie de Covid-19. Une tolérance a été accordée jusqu'à mercredi. 

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Une mesure d’équité avec les commerces de proximité fermés depuis le retour du confinement. Les grandes surfaces ont jusqu’à mardi 3 novembre pour supprimer tous les produits dits "non essentiels" de leurs rayons. Pour que le confinement soit efficace, le Premier ministre veut ainsi limiter au maximum les occasions de sortir. Retour en quatre questions sur une décision polémique

1. Comment cette décision a-t-elle été prise ?

Le confinement "saison 2" entré en vigueur vendredi a été assoupli pour les commerces de proximité. S'ils restent  fermés, ils sont autorisés à organiser le retrait de commandes en magasin ou les livraisons. Mais la mesure ne passe pas chez les petits commerçants, déjà fragilisés par la crise sanitaire du printemps.

A quelques semaines des fêtes de fin d'années, ils dénoncent le cadeau fait aux grandes surfaces qui vendent aussi bien de l'alimentaire que des produits dit "non essentiels". Les libraires ont été les premiers à monter au créneau, certains bravant ouvertement l'interdition d'ouvrir. Un peu partout, des maires ont aussi pris des arrêtés "illégaux" pour permettre les réouvertures, comme à Gap dans les Hautes-Alpes ou Bollène dans le Vaucluse.

Espérant apaiser les frondeurs, le Premier ministre a annoncé dimanche soir qu'"au nom de l'équité", les grandes surfaces allaient elles aussi devoir interdire l'accès aux produits non essentiels. Cette nouvelle disposition, ajoutée au décret sur le confinement, sera applicable dès mardi.

2. Quels sont les produits concernés ? 

Première précision donnée par Jean Castex dimanche soir, sont interdits à la vente en grandes surfaces tous les produits qui "sont d’ores et déjà interdits dans les commerces de proximité".

L'article 37 du décret du 29 octobre précise les activités autorisées pendant le confinement. Sur la base de cette liste,  les produits pouvant être commercialisés en grandes surfaces sont les suivants :  
  • produits d'hygiène et para-pharmacie
  • équipements et entretien de véhicules, motocycles et cycles
  • quincaillerie
  • produits et outils de jardinage
  • journaux et papeterie 
  • matériel informatique
En clair, il ne devrait plus être possible de trouver en rayon maquillage, bijouterie, jouets, jeux vidéo, CD et DVD, vêtements et sous-vêtements, chaussures, décoration ou électroménager... Mais la liste exhaustive et précise des rayons considérés comme non essentiels n'a pas encore été dévoilée. Elle sera précisée mardi par une disposition ajoutée au décret qui régit le confinement car certaines zones de flou subsistent, comme l'a souligné Alain Griset, ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises sur franceinfo. "Les produits d'hygiène seront gardés, le maquillage non. Les grandes surfaces les retireront", a-t-il relevé. 

3. Comment s'organisent les grandes surfaces ?

Bloquer l'accès aux mascara tout en laissant accessibles les shampoings risquent d'être un véritable casse-tête pour les chefs de rayons. Les enseignes vont devoir baliser les périmètres interdits ou bâcher les rayonnages.

Dix grands distributeurs (Auchan, Intermarché, Netto, E.Leclerc, Carrefour, Casino, Cora, Lidl, Aldi et Système U) ont interpellé le Premier ministre pour expliquer que cela serait techniquement difficile à mettre en œuvre. Conscient de la difficulté de mettre en oeuvre une telle mesure, Bercy a annoncé lundi soir qu'il y aurait une "tolérance" jusqu'à mercredi pour la vente de produits "non essentiels" en grandes surfaces.

Pour Jacques Creyssel, le président de la Fédération du commerce et de la distribution, cette mesure est "incompréhensible". "C'est du perdant-perdant", juge-t-il. Il plaide au contraire pour une réouverture des petites commerces "sur rendez-vous" et se dit prêt "à les aider à développer leurs activités de click&collect."

Le président de l'UFC-Que Choisir, Alain Bazot, a quant à lui qualifié cette mesure d'"hérésie", lundi dans un communiqué. C'est selon lui "une autoroute pour les plateformes de e-commerce, à commencer par les Gafam, particulièrement Amazon". 

4. Jusqu'à quand s'applique cette interdiction ?

Lors de son intervention télévisée, jeudi soir, Emmanuel Macron a promis un rééxamen des mesures le 12 novembre. De son côté, le ministre de l'Economie évoquait dimanche une possible réouverture de certains commerces le 12 novembre "si la situation sanitaire le permet".

En attendant la revoyure, le réseau des Chambres de Commerce et d'Industrie se mobilise pour aider les commerçants à poursuivre leur activité. Pierre Goguet, président de CCI France "invite tous les commerçants à utiliser l'opportunité du retrait de commande" (click and collect et drive) qui figure sur l'attestation de sortie. 

Comme dans les autres régions de France, la CCI Aix-Marseille a par ailleurs réactivé son outil de géolocalisation qui permet aux clients de trouver les commerçants ouverts près de chez eux.
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