Coronavirus : évolution des prix des produits de grande consommation depuis le confinement

Depuis le début du confinement, la plupart des ménages constate une augmentation significative de leur budget alimentation. Les prix des produits de grande consommation ont-ils augmenté ou est-ce un changement de mode de consommation ?
 

Société
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Le 16 mars dernier, après l’allocution du président de la République Emmanuel Macron, les Français se sont rués dans les hypermarchés pour stocker des provisions, essentiellement des produits non périssables comme des pâtes ou du papier-toilette, créant du même coup une pénurie temporaire.

En France, la grande distribution a connu ce jour-là, un pic de +229 % des ventes des produits de grande consommation, indique la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).

Les jours suivants, avec le confinement et le "sur-stockage" des ménages, les achats ont été moins frénétiques, mais restent, encore aujourd'hui, supérieurs à une période « normale ».

Les prix des produits ont-ils augmenté depuis le confinement ?

Non, affirme la FCD, « les acteurs de la distribution sont plus que jamais mobilisés pour assurer l’alimentation des Français et ils veillent particulièrement à le faire à des prix accessibles, tant pour les produits de première nécessité que pour le reste de leur assortiment, dans le cadre de cette crise inédite », indique Jacques Creyssel, délégué général de la FCD.

Une version des faits constatée aussi par les analystes de Nielsen France. Il n’y a pas d’inflation des prix depuis le début du confinement.
Et pourtant, Jamy Belkiri, présidente de l’association Familles de France des Bouches-du-Rhône, affirmait au micro de France Bleu Provence, que des personnes avaient constatées des prix en forte augmentation depuis le début du confinement.

Elle évoque l’exemple de la mâche, qui coûtait six euros le kilo et que l’on trouve maintenant à 10,99 euros.

Une impression de hausse des prix ?

Le prix global du panier à provision a-t-il augmenté ? Si nombre de consommateurs ont pu le constater, il y a plusieurs raisons à cela.

Au début de la période de confinement, les ménages ont "sur-stocké" des produits de première nécessité et généré des pénuries, notamment sur les produits de marque distributeur. "Les consommateurs se sont reportés sur des produits similaires, mais de marque et plus chers", explique Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille-Provence (CCIAMP).

D’autres clients se sont dirigés vers des commerces de proximité, indépendants, chez qui les produits sont vendus plus chers, tout au long de l’année.

À panier égal, le consommateur se retrouve à la fin, avec une facture plus élevée.

Vrais facteurs d’augmentation des prix

Le prix de certains produits a pu, cependant, augmenter. La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) ne confirme pas de réelle inflation des prix. En revanche, elle a constaté des hausses de prix des transports qui peuvent impacter le coût des marchandises, mais elle veille à ce qu’aucun opérateur ne profite de la situation, pour pratiquer des prix excessifs.

"Avec le confinement, la logistique a beaucoup changé", indique Jean-Luc Chauvin, "les transporteurs sont contraints d'effectuer des retours à vide, un surcoût qui peut être répercuté sur le prix des produits". 

Il ajoute que c'est l'occasion de privilégier les circuits courts. "Un accord a été signé avec la grande distribution pour qu'elle se fournisse en priorité chez les producteurs locaux".

La CCIAMP a créé une carte des Bouches-du-Rhône, actualisée en temps réel, où sont répertoriés tous les commerces autorisés à l'accueil du public pendant la période de confinement. 1.100 commerces sont recensés pour le moment.

Cette carte est destinée à guider les consommateurs vers les commerces de proximité.

Le manque de main-d’œuvre chez les producteurs de fruits et légumes peut aussi entraîner une hausse des prix. Avec le confinement obligatoire pendant la période de récolte, certains producteurs ne peuvent alimenter les distributeurs en quantité suffisante.

Lorsque l’offre diminue alors que la demande est là, les prix augmentent naturellement. Ce qui peut être le cas de certains fruits et légumes de saison.

Un changement du mode de consommation

Avant la période de confinement, peu de ménages mangeaient à la maison à midi. Les repas se prenaient à la cantine, au restaurant ou sur le pouce à un coin de rue. Depuis le confinement, tous les repas sont pris à la maison, ce qui donne une impression de surcoût du budget alimentation.

"Ce n'est qu'une impression", explique la Fédération du commerce et de la distribution, "en réalité, il s'agit plutôt d'un transfert. L'argent dépensé lors des repas pris à l'extérieur se reporte sur ceux, pris à la maison".

Selon les chiffres de l'analyste économique IRI, depuis le confinement, environ 100 millions de repas ne sont plus servis par les restaurants et les cantines, chaque semaine, soit une perte d'un milliard d'euros par semaine.

"On a constaté une augmentation très significative de la vente d'oeufs", ajoute Jean-Luc Chauvin, "ce qui veut dire que les ménages passent plus de temps à faire la cuisine et donc à consommer différemment".

"Ca pèse sur le budget de la famille, certes, mais d'autres dépenses ont disparu avec le confinement et c'est aussi l'occasion de se faire plaisir durant cette période très anxiogène", conclut le président de la CCIAMP.
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