Coronavirus : pénurie de masques, mobilisations hôpitaux, cours à distance… à quoi pourrait ressembler le stade 3 ?

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est "relativement préservée" par l'épidémie de coronavirus, estiment les autorités sanitaires. Mais comment se préparent les hôpitaux, les universités et les écoles si le stade 3 épidémique était déclaré ?

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"Au fur et à mesure, on apprend de ce virus, on apprend son comportement, la façon dont il se développe avec quelque fois des surprises qui ne sont pas toujours bonnes", expliquait Philippe de Mester, directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS), lors d'un point presse ce mercredi à Marseille.

C'est justement pour prévenir ces "surprises" que les autorités en Provence-Alpes ont souhaité expliquer à la presse leur stratégie, si l'épidémie de coronavirus venait à s'amplifier.

"Même s'il n'est pas grave dans 85% des cas, pour 15%, il peut présenter des évolutions très rapides et c'est ça la différence par rapport à la grippe. On constate notamment à travers l'exemple italien que les phénomènes d'aggravation sont beaucoup plus importants qu'on ne pouvait le penser", précise Philippe de Mester.

Plus de prise en charge ambulatoire

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, le nombre de contamination s'accélère, mais la région est "relativement préservée", juge-t-il.

Le passage à un possible stade 3 épidémique est anticipé par les autorités sanitaire autour de deux axes : les hôpitaux d'une part et les médecins ou personnels de santé de ville d'autre part.

Concrètement, il s’agit d’anticiper pour ne pas se retrouver dans le cas italien où les hôpitaux sont saturés, sous-équipés et les médecins contraints de sélectionner les patients qu’ils doivent soigner en priorité.

Dans le cas d’un passage au stade 3, les médecins et personnels de santé de ville pourront prendre en charge les personnes atteintes du coronavirus en ambulatoire (quelques heures) pour des symptômes faibles et moyens.

Actuellement, toutes les personnes atteintes par le coronavirus dans la région sont hospitalisées, quelle que soit la gravité de leur état. Mais cette situation ne sera plus possible si le nombre de malades venait à augmenter.

Besoin de lits en réanimation

Du côté des hôpitaux, "le point critique, ce sont les lits de réanimation", explique le directeur général de l'ARS).

"Car cette maladie particulière génère de gros besoins de prise en charge des personnes en réanimation, elle génère des insuffisances respiratoires qui peuvent se développer assez rapidement. Beaucoup de gens s'en sortent très bien, mais ont besoin d'être assistés temporairement sur le plan respiratoire".

Pour qu'un nombre suffisant de lits de réanimation soient disponibles dans les hôpitaux publics et privés, l'Agence régionale de santé peut leur demander de "se débarrasser de toute activité qui pourrait générer des besoins de réanimation en dehors des besoins strictement liés aux urgences vitales".

Pour éviter la saturation, les opérations chirurgicales programmées en amont pourront par exemple être reportées.

L'Agence régionale de santé n'exclut pas non plus, en cas de "crise aigüe" de faire appel à des "ressources" extérieures à l'hôpital, comme des personnels de santé retraités ou d'autres personnes dont les compétentes le permettent.

Pénurie de masque malgré les commandes

Si les stocks des hôpitaux sont actuellement passés en revue pour anticiper d'éventuels besoins, Philippe de Mesters le reconnaît : "Nous sommes dans un contexte de pénurie de masques".

Si des commandes ont été passées, si l'ARS fait en sorte de répartir les nouvelles commandes de masques en fonction des besoins des établissements, il s'agit surtout de masques chirurgicaux.

Les masques qui apportent le plus de protection, de type FFP2, principalement utilisés par les médecins, font face à une pénurie "plus grave", l'essentiel de la production se trouvant en Chine.

Scolarité, des cours à distance

Du côté du rectorat, on a anticipé la fermeture possible des classes. "Un plan de continuité pédagogique peut être mis en place grâce au CNED [Centre national d'enseignement à distance, ndlr], explique le recteur de la région académique Provence-Alpes Côte d'Azur, Bernard Beigner.

"Les enseignants non touchés par le virus continueront leur travail de suivi des élèves à distance", détaille-t-il.

Si les rassemblements de plus de 1000 personnes sont interdits, les lycées qui comptent autant d'élèves dans la région ne les concentrent jamais en un même lieu, dans une même classe. Ils ne sont donc pas concernés par les mesures annoncées par le ministre. Les journées portes ouvertes sont en revanche reportées.

Pour l'heure, les concours nationaux sont maintenus. "Les mesures de distance entre les candidats sont déjà respectées", indique Bernard Beigner.

Le recteur a également expliqué que des "mesures adéquates" pourront être prises si les internats de l'enseignement secondaire ou les logements universitaires devaient fermer. Mais il n'a pas donné davantage de précisions.

Mais concrètement, quand passera-t-on au stade 3 ?

Le passage au stade 3 se fera localement, "en fonction de l'évolution du nombre de cas", explique Philippe de Mester pour l'ARS.

"Il ne sera déclenché que lorsqu'on constatera que le virus sur une aire géographique donnée circule véritablement librement sans que les mesures qu'on prend actuellement pour essayer de le limiter et de l'endiguer ne soient efficaces".

Emmanuel Macron fera jeudi à 20h une déclaration télévisée sur le nouveau coronavirus, a annoncé mercredi l'Elysée, la première allocution solennelle du chef de l'Etat depuis le début de la crise.

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a indiqué que le président allait "sans doute s'employer à rassurer les Français", alors que le dernier bilan officiel fait état de 33 décès sur les 1.784 cas confirmés.

En attendant, les recommandations qui prévalent sont connues : se laver les mains régulièrement, éviter les contacts rapprochés, utiliser des mouchoirs jetables, se moucher et éternuer dans son coude.
 
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