A partir du jeudi 25 février, les médecins généralistes peuvent vacciner leurs patients avec le vaccin AstraZeneca sous plusieurs conditions. Les pharmaciens, eux, ne sont pas encore autorisés à vacciner.
Les choses s'accélèrent, un peu. Jeudi 25 février, il sera désormais possible de se faire injecter une première dose du vaccin AstraZeneca chez son médecin généraliste. Mais inutile de se ruer au cabinet. Cette vaccination ne concerne pas tout le monde, et doit suivre certaines règles. France 3 Provence Alpes vous explique tout.
Qui est concerné ?
La vaccination chez le médecin généraliste à partir du 25 février concerne les personnes âgées de 50 à 64 ans avec comorbidité, notamment l’hypertension artérielle, la transplantation d’organe, l’insuffisance cardiaque, les diabètes de type 1 ou 2 ou un cancer de moins de trois ans dont la chimiothérapie est terminée.
Pour l'instant, la Haute Autorité de santé (HAS) déconseille l'usage du vaccin AstraZeneca pour les personnes de plus de 65 ans. "Les données n’étant pas encore assez robustes pour ce vaccin, la HAS recommande de vacciner ces dernières préférentiellement avec un vaccin à ARN messager", peut-on lire dans un communiqué datant du 2 février.
"Il y a une tranche qui est complètement oubliée, c’est la tranche des 65-75 ans, déplore un médecin marseillais désirant garder l'anonymat. Pour eux on ne fait rien, même avec une comorbidité".
Les médecins, s'ils sont volontaires, doivent le confirmer auprès d'une pharmacie avant ce mercredi soir, puis venir chercher un seul flacon, soit dix doses, et les aiguilles en pharmacie jeudi 25 février. Dix doses, et pas une de plus pour l'instant.
Comment prendre rendez-vous ?
Pour cette première vague(lette) de vaccination, ce sont donc aux médecins de "choisir" les 10 personnes de leur patientèle les plus à risques dans la tranche d'âge imposée. "Comme il y a très très peu de doses, il faut qu’on les réserve aux plus fragiles", témoigne ce médecin.
La plateforme Doctolib a annoncé le lancement du service "Doctolib vaccination", disponible à partir du 24 février, soit la veille des premières vaccinations chez les médecins. "Doctolib vaccination va soutenir la prise de rendez-vous chez les médecins généralistes", a confirmé Stanislas Niox-Chateau, cofondateur de Doctolib.
Pour les médecins qui n'utilisent pas Doctolib, la prise de rendez-vous s'effectue de façon classique par téléphone, au cabinet, ou sur Internet. Sans oublier que pour les 10 premières doses récupérées par les médecins, ce sont eux qui fixeront les rendez-vous avec leurs patients les plus à risques.
Comment se passe la vaccination le jour J ?
Au moment de la prise de rendez-vous, le patient doit déclarer sur l'honneur son âge et ses comorbidités. Il n'a pas à aller chercher le vaccin en pharmacie, il sera directement fourni par le médecin au cabinet.
A la différence du vaccin Pfizer BioNTech et Moderna qui utilisent l'ARN messager, il s'agit d'un vaccin à vecteur viral : un autre virus modifié et inoffensif (ici, un adénovirus de chimpanzé) est injecté dans l'organisme. Par conséquent, il est plus facile à stocker.
Le vaccin se conserve 6 mois à une température de 2 à 8 degrés, soit la température d'un simple réfrigérateur. Une fois le flacon ouvert, la durée de conservation des 10 doses est de 48 heures. Le vaccin peut aussi se maintenir 6 heures à température ambiante, mais en dessous de 30 degrés.
Deux schémas sont donc proposés par la direction générale de la Santé : soit le médecin généraliste vaccine dans les 6 heures après le retrait de flacon en pharmacie, soit il possède le matériel nécessaire pour maintenir la chaîne du froid entre la pharmacie et son cabinet, avec un réfrigérateur exclusivement réservé au stockage de médicaments. Il dispose alors de 48 heures pour vacciner ses patients.
Une fois le vaccin injecté, le patient devra rester 10 à 15 minutes en salle d'attente pour la surveillance d'effets secondaires. Cette vaccination est prise en charge à 100% par l'Assurance-maladie.
Quels sont les risques ?
Le vaccin britannique AstraZeneca/Oxford University est le troisième et dernier en date à avoir été validé par l'Union européenne, le 29 janvier. "Son efficacité est satisfaisante (entre 62% et 70% selon les études), sa tolérance est très bonne et ses modalités de conservation vont faciliter son déploiement sur le territoire", indique la Haute Autorité de Santé (HAS).
Jeudi 11 février, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé que 149 soignants vaccinés sur 10.000 avec le vaccin AstraZeneca avaient développé des effets secondaires, à savoir des symptômes grippaux de forte intensité.
Dans le cadre du dispositif de surveillance renforcée des #vaccins avec @Reseau_CRPV nous suivons étroitement la #VaccinationCovid
— ANSM (@ansm) February 11, 2021
? Chiffres clés et rapport issus du Comité de suivi du 11 février : https://t.co/fghby87bJ3 pic.twitter.com/wpuIoLauyx
Selon le médecin marseillais dont nous avons pu recueillir le témoignage, ce ne sont pas les effets secondaires qui inquiètent, mais l'efficacité du vaccin sur les variants. "Je vais appeler mes patients et leur dire 'j'ai le vaccin mais je ne sais pas s’il est sensible sur les variants'. On est dans le flou, comme depuis le début".
L'Afrique du Sud a décidé dimanche 7 février de suspendre du déploiement du vaccin AstraZeneca, après qu'un essai clinique a mis en doute son efficacité contre le variant sud-africain.
L'étude menée depuis fin juin 2020 dirigée par le professeur Shabir Madhi dans le pays montre que ce vaccin "ne protège pas efficacement contre les infections du Covid-19 légères à modérées causées par le variant B.1.351" dit variant sud-africain.
De son côté, l'OMS recommande ce vaccin pour les plus de 65 ans dans un rapport publié le 10 février. Le groupe d'experts indique que "cette étude (du professeur Madhi, ndlr) a été conçue pour évaluer l'efficacité contre toutes les formes de gravité de la maladie, mais la petite taille de l'échantillon n'a pas permis d'évaluer spécifiquement l'efficacité du vaccin contre les formes graves du Covid-19".
"L'OMS recommande actuellement l'utilisation du vaccin AZD1222 […] même si des variantes sont présentes dans un pays", notent-ils.
Quand doit-on faire la deuxième dose ?
Le vaccin AstraZeneca se fait en deux doses, espacées de 9 à 12 semaines. 1,1 million de doses AstraZeneca doivent arriver en France la semaine prochaine, dont 700.000 livrées en pharmacie à disposition des médecins.
Ces derniers doivent vacciner les patients prioritaires d'ici au vendredi 26 février au soir. La semaine suivante, ils disposeront de deux à trois flacons et jusqu'à quatre flacons les semaines suivantes. La prise de rendez-vous est unique pour les deux injections.
A quand une vaccination en pharmacie ?
Pour l'instant, les pharmacies de la région notent très peu de commandes de doses de la part des médecins généralistes. "Cela prend énormément de temps, d'organisation administrative, les médecins n'ont pas le temps", estime Stéphane Pichon, président de l’Ordre régional des pharmaciens de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse. "Le vaccin contre la coqueluche, ça prend deux minutes. Pour le Covid, il y a beaucoup de contraintes administratives qui sont un frein à la vaccination".
Dès que les pharmacies ont le feu vert, le taux de vaccination en France va faire un bon considérable.
Les pharmacies ne sont pas encore autorisées à vacciner. Or, elles sont "complètement disponibles, estime-t-il. Nous qui sommes les acteurs de la vie sociale, on a envie de s’y mettre pour sortir de ce marasme sociétal".
Face aux déserts médicaux qui se multiplient, Stéphane Pichon souligne l'importance des pharmacies, "qui, en tant que lieux physiques, restent dans les villages".
"Dès que les pharmacies ont le feu vert, je peux vous certifier que le taux de vaccination en France va faire un bon considérable, assure Stéphane Pichon. Toute la journée, nous avons des demandes de la part des clients".
"On est au-delà des combats corporatistes, tous les gens qui ont la formation professionnelle et la capacité de faire le vaccin, qu'ils le fassent ! L’ennemi commun à toutes nos professions c’est le Covid. Ca doit primer sur tout dans la concorde la plus totale."