L’Agence de la biomédecine lance une nouvelle campagne nationale d'information sur le don de gamètes du 16 novembre au 6 décembre. Près de 5 000 couples sollicitent chaque année un don d’ovocytes ou de spermatozoïdes en France. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur manque de donneurs.
L'infertilité médicale, c'est l'incapacité de procréer. Selon les chiffres communiqués par l'INSERM, en France, environ un couple sur huit consulte en raison de difficultés à concevoir un enfant. Cette infertilité peut être d’origine masculine, féminine, elle peut aussi associer les deux sexes.Au total chaque année dans le pays, 5.000 couples font appel à un don d'ovocytes ou de spermatozoïdes pour tenter de devenir parents.
Une campagne d'information pour engager une réflexion
L'agence de biomédecine lance une campagne d'information jusqu'au 6 décembre avec un message : il manque des volontaires, notamment dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.> Les chiffres en Paca :Certes, la tendance est à la hausse sur ce territoire avec 49% de donneurs supplémentaires entre 2015 et 2018, mais cela ne suffit pas.
? L'Agence a lancé sa campagne d’information et de sensibilisation sur le #dondegametes qui durera jusqu'au 6 décembre. Aujourd’hui, le nombre de dons ne suffit pas à répondre aux besoins dans les meilleurs délais en France. En savoir +▶️https://t.co/x8Fon2qLUk pic.twitter.com/JVzXBujCt6
— Agence de la biomédecine (@ag_biomedecine) November 17, 2020
"Ma vocation, c'est d'être maman"
Sandy habite dans les Alpes-Maritimes, elle est mariée, mère de trois enfants, et elle aura bientôt 38 ans.
Je suis mère au foyer, j'ai eu mon premier enfant à 20 ans, ma vocation, c'est d'être maman. C'est une aventure merveilleuse, savoir que certaines femmes en étaient privées me fend le cœur...
Un reportage à la télévision sur le don d'ovocytes l'a fait réfléchir. L'âge butoir pour donner, c'est 37 ans. Début 2018, Sandy a consulté le site internet, s'est inscrite.
Après une discussion avec son mari, elle a suivi le parcours traditionnel. Bilan de santé, entretien avec un psychologue, stimulation ovarienne avec une piqure quotidienne, puis le prélèvement à l'hôpital, en ambulatoire.
Dans sa famille, personne n'est au courant de sa démarche. "C'est personnel, cela ne regarde que moi", explique-elle.On ne sait pas que cela va être un peu pénible, mais c'est l'affaire de deux semaines...
"Mais j'en ai parlé à des amies, et je porte le message". Pour elle, pas d'ambiguité, pas de projection, elle n'a donné que 11 ovocytes, c'est tout.
Les ovocytes (comme le sperme pour les donneurs ) seront, après le don, congelés avant d'être implantés.Je ne me dis pas qu'il y a peut-être des bébés qui portent mon patrimoine génétique. Pour moi, c'est une cellule implantée dans le corps d'une autre femme, qui va grandir pendant la grossesse, soit 9 mois... C'est clairement son enfant !
Le don d'ovocytes un enjeu dans les prochaines années
Le docteur Véronique Isnard est responsable du centre d'aide à la procréation au CHU de Nice, à l'hôpital l'Archet 2.C'est dans son service que sont effectués le diagnostic d'infertilité, puis la prise en charge clinique, biologique et les dons. Pour elle, le don d'ovocytes est essentiel et le sera encore plus à l'avenir.
On prélève chez une donneuse une dizaine d'ovocytes avec une stimulation modérée. Un homme, il a 60 à 80 millions de spermatozoïdes dans un éjaculat. Pour les femmes, on ne sait pas encore comment faire en sorte que la fertilité ne diminue pas au fur et à mesures des années, et entre la carrière et plusieurs vies de couple, on se retrouve vite à 35 ans passés, et beaucoup moins de chance d'être féconde. C'est un enjeu majeur, le don d'ovocytes !
Loi bioéthique, confinement, le contexte est bien compliqué
Le docteur Isnard tient à rappeler que le contexte n'est pas simple pour les donneurs.Pour l'heure, le don est volontaire, anonyme et gratuit, mais les modalités de la loi de bioéthique pourraient changer la donne.
L'anonymat est remis en question. Quid des paillettes obtenues dans un contexte où cet anonymat était garanti ? Et puis il y a ce coronavirus, et le service a cessé toute activité pendant deux mois.
Pour le médecin, les donneurs qui hésiteraient à franchir le pas ne doivent pas hésiter : tout leur sera expliqué, pour un consentement éclairé.Tout a été arrêté pendant le premier confinement. Nous avons repris notre activité comme d'habitude. A titre exceptionnel, des dérogations sont accordées pour des fécondations in vitro jusqu'à la fin de l'année pour des femmes de plus de 43 ans. Mais des couples qui avaient des projets d'enfant sont freinés par la perte d'un emploi, ou le contexte général.
Liens utiles :
► Voir la page spéciale sur le site de l'agence de biomédecine et sur l'assistance durant la crise sanitaire.► Sur les dons d'ovocytes
► Sur le don de spermatozoïdes
► Sur la procéation médicale.
ETRE DONNEUR
Pour être donneur, il suffit d'être en bonne santé. Les femmes doivent avoir entre 18 et 37 ans, les hommes entre 18 et 45 ans.Vingt-neuf CECOS (équipes médicales pluridisciplinaires qui dépendent des CHU) existent en France et accompagnent à la fois les volontaires et les couples qui souhaitent fonder une famille et qui sont confrontés à des problèmes de stérilité.
Pour savoir le Cecos le plus près de chez vous, cliquez ICI.