Déconfinement : pour les guides de haute montagne, le moral n’est pas encore au sommet

La nouvelle est tombée mardi. Le ministère des Sports, dans son livret d’accompagnement de reprise des activités, autorise à nouveau les guides de haute montagne à pratiquer leurs activités. Mais attention sous certaines conditions, loin du grand bol d'air financier espéré.  

Et cela ne sera pas facile ! Impossible, par exemple, en alpinisme de faire une voie de plusieurs longueurs. Les points de pose sont interdits, trop de monde sur des endroits trop exigus.

En escalade les grimpeurs devront se tenir éloignés d’au moins 1 mètre 50 les uns des autres. L’activité sera donc, en réalité, très limitée.

Benjamin Ribeyre, guide au bureau de la Grave (Hautes-Alpes) et président de la compagnie des guides de Oisans-Ecrins, n’était pas de ceux qui militaient pour reprendre le travail dans ces conditions. Pourtant ce métier c’est sa passion, depuis l’âge de 8 ans. Mais démarrer maintenant cela va être compliqué.

"L’aide gouvernementale de 1.500 euros net sera supprimée et les conditions de reprise de travail ne nous permettrons pas de gagner notre vie", soupire-t-il.

Ses clients, sont toujours soumis à la contrainte des 100 km maximum autour de leur domicile. "Nous n’aurons pas de Parisiens, pas de Bretons, il va falloir travailler uniquement avec les locaux et ils sont peu nombreux".

A 300 euros la journée, Benjamin Ribeyre ne fera sans doute pas suffisamment de jours pour remplacer l’aide de l’Etat sur le mois de mai. Mais il ne se plaint pas.

"Moi je n’ai pas d’enfant, pas de crédit et en plus j’habite dans les Hautes-Alpes, ça devrait aller. Mais attention cela n’est pas le cas de tout le monde, imaginez ceux qui habitent à Chamonix avec les tarifs des loyers".

Refuges fermés : sorties uniquement à la journée

Les autres professionnels du tourisme, eux, n’ont toujours pas le droit d’ouvrir. Pas de restaurant, pas de refuge, pas de vin chaud. Alors Benjamin Ribeyre se pose la question : comment, dans ces conditions, exercer correctement son activité ?

"J’aurai préféré reprendre mon travail de guide en même temps que les autres professionnels de la montagne, nous sommes liés les uns aux autres".

Benjamin Ribeyre avait même imaginé une toute autre stratégie : un mois de mai avec une reprise d’activité interdite qui aurait permis aux professionnels, seulement, de se remettre en jambes après un arrêt total de leur sport.

Faire travailler à nouveau son corps, retourner dans la nature et démarrer en douceur. Ce n’est pas le choix du gouvernement.

Les sorties en montagne se feront donc uniquement à la journée, puisque les gîtes sont fermés.

Des incertitudes mais des espoirs aussi

Benjamin Ribeyre a malgré tout déjà une réservation pour cette fin de semaine. Un client local qui veut, à nouveau, tâter de la montagne. Le programme n’est pas encore établi, il va dépendre de la météo.

Et si le ciel est clément Benjamin et son client iront faire du ski de randonnée du côté du col du Lautaret, dans le Parc national des Ecrins. "Vous voyez qu’il y a tout de même un peu d’espoir !"

Salle d'escalade : l'ouverture est encore loin

Pour les salles d'escalade l'ouverture n'est pas encore prévue. Gabriel Josseron est chargé de développement de l'escalade au sein du SMUC (Stade Marseillais Université Club) depuis six ans. Il gère la salle de grimpe de Luminy.

Depuis le 15 mars il patiente. Et cela devrait encore durer. En temps normal dans sa salle, il accueille jusqu'à 100 personnes dans les 46 mètres linéaires du mur.

Des gens souvent proches les uns des autres et qui touchent des cordes et des prises.

Une après-midi entière pour tout démonter

Avant le Covid, une fois par semaine le mur de grimpe était démonté pour être nettoyé. Pour cette opération, dix personnes sont nécessaires ainsi que deux nacelles.

Des mesures qui évidement ne pourront pas être quotidiennes avec l'apparition du virus.

"Le plus long, ce n'est pas de démonter, c'est de remonter. Il faut deux heures pour remonter une seule voie, il y en a 100 !"

Impossible donc pour Gabriel de nettoyer après le passage de chaque client. Dans ces conditions, on comprend bien le casse-tête sanitaire. "On va voir ce que la fédération va nous dire".

Lorsque la possibilité d'ouvrir à nouveau se présentera il faudra remettre la salle en ordre. Et puis bien sûr, il va falloir aussi réhabituer les organismes.

"L'escalade c'est un sport ingrat, il faut porter tout son poids, alors après deux mois de confinement...".

Gabriel n'est pas inquiet. Il attend. La solution passera sans doute par une reprise d'activité uniquement en extérieur.
 
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