130 personnes se sont rassemblées devant le poste de la PAF (Police Aux Frontières) du col de Montgenèvre, dans les Hautes-Alpes. Ces manifestants soutiennent un bénévole convoqué par la police. Samedi, il avait porté secours à une famille, dont une Nigériane sur le point d'accoucher.
Français et Italiens se sont retrouvés devant le poste de la PAF au col de Montgenèvre. 130 personnes environ sont venues soutenir Benoît Ducos, un bénévole intervenu le samedi 10 mars auprès d'une famille de migrants et convoqué par le police. Sur les pancartes : "Protégeons les humains, pas les frontières", "France, pleure ! Ton humanité a foutu le camp".
Dans cette zone "frontalière", de nombreux migrants tentent de passer en France, à 1850 mètres d'altitude, dans le froid, la neige, en prenant des risques importants. Les bénévoles organisent des maraudes pour les retrouver et les aider. C'est le cas samedi dernier. Un homme, sa femme et leurs deux enfants âgés de 2 et 5 ans se déplacent difficilement dans la neige. Ils viennent du Nigeria. Elle est enceinte de 8 mois et demi et deux autres réfugiés la portent.
Notre article de ce mardi :
Benoît Ducos, accompagné d'un autre bénévole, décide de les transporter à l'hôpital de Briançon. Dans la voiture, la femme est prise de contractions. A 500 mètres de la maternité, les douaniers arrêtent le véhicule pour un contrôle. Ensuite, les versions divergent. Selon Benoît Ducos, les douaniers prennent tardivement la mesure de l'urgence alors que "la maman continue de se tordre sur le siège passager", et finissent par appeler les pompiers qui transportent la femme à l'hôpital "à 23 heures passées".
Selon la préfecture, le contrôle a eu lieu "à 22h15" et "la femme se plaignant de fortes douleurs abdominales, les douaniers ont sollicité immédiatement les pompiers", "arrivés sur les lieux à 22h31 et à 22h43 au centre hospitalier". Le bébé, lui, est né dans la nuit par césarienne, en bonne santé. Selon Benoît Ducos, il a été question d'expulser vers l'Italie le père et les deux enfants, avant que les forces de l'ordre se ravisent et les conduisent au chevet de la mère, qui les réclamait. Ils sont depuis hébergés à Gap par le Samu social.
Les deux autres migrants, eux, ont été reconduits à la frontière dès dimanche. Lors de son audition par la PAF, Benoît Ducos a revendiqué "une action humanitaire".
L'immunité humanitaire
"Si c'était à refaire, je le referais",
a-t-il déclaré à l'AFP.
Selon le parquet de Gap, l'enquête se poursuit "pour déterminer le rôle précis" du bénévole, "notamment pour apprécier s'il doit bénéficier de l'immunité humanitaire prévue par la loi.
Les Hautes-Alpes connaissent une pression migratoire forte : 1 900 personnes ont été expulsées en Italie en 2017 contre 315 en 2016, selon la préfecture. De plus, 1 224 migrants se déclarant mineurs ont été enregistrés par le Conseil départemental, qui ne dispose que de 215 places dans trois centres d'accueil.