Inébranlables gilets jaunes, un an après :"Quand je mets mon gilet, je sais que je vais au combat"

Pendant plusieurs mois, ils ont occupé les ronds-points, les péages. Un an après le premier rassemblement, à Martigues, La Ciotat ou Arles, la colère citoyenne de ces gilets jaunes de la première heure, reste intacte. 

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Le 17 novembre 2018, 282 000 gilets jaunes se mobilisent dans la France entière. Ils occupent les ronds-points, les péages, les carrefours... Un mouvement social qui naît sur les réseaux sociaux, suite à l'annonce du gouvernement, d'augmenter les taxes sur l'essence et le diesel.

Impôts, pouvoir d'achat, retraites, les revendications sont nombreuses, et les occupations perdurent. Lucie, Jean-Claude, Olivier, Paul étaient là, dès la première heure. 

Aujourd'hui, s'ils ont quitté les ronds-points, une colère de citoyens révoltés reste intacte, contre le pouvoir et les élus en général, contre l'ascenseur social en panne, contre le "système".

A Arles, la colère de Lucie et Jean-Claude

Dans le quartier de Rivesaltes, à Arles, Lucie Sadoulet nous accueille dans la ferme de son mari Jean-Claude. Tous les deux, ont porté le gilet jaune pendant des mois, pour une raison simple : "Tout le monde a le droit de demander à vivre de son travail..."

Jean-Claude est agriculteur, il élève des brebis et fait du foin. A 61 ans, il pourrait penser à prendre bientôt sa retraite... "La retraite ?! J'ai cotisé toute ma vie, et ils vont me verser 600 euros par mois ! Comment voulez-vous vivre avec 600 euros par mois ?".

"Il suffit d'une étincelle pour que ça redémarre"

Seule solution pour le couple, vendre, ou louer une partie de sa propriété, pour pouvoir espérer avoir une retraite. Lucie elle, est photographe en Camargue. En vendant ses photos aux touristes ou aux entreprises, elle peut ainsi arrondir les fins de mois.

Aujourd'hui, elle se rend compte que la colère est toujours là : "On nous a pris pour des fadas, mais on ne demandait pas la lune !"

Sur le Rond-point de Pont-de-Crau, que le couple a occupé pendant plusieurs semaines, ils retrouvent d'autres anciens gilets jaunes, comme Dominique Dufournet. Pour lui, c'est sûr, un an après, "il suffit d'une étincelle pour que ça redémarre, et ça va redémarrer, c'est sûr". 

A Martigues, le goût de la politique pour Olivier

"C'est ici qu'on a monté notre première cabane, où on collectait la nourriture qu'on nous donnait". Olivier revient sur le rond-point, à l'entrée de Martigues, qu'il a occupé dès le 17 novembre 2018.

A cette époque, le quadragénaire était au chômage : "J'avais perdu l'intérêt à la politique, comme beaucoup de français. Ces gens ont réussi à nous dégoûter de la politique, pour faire leurs combines, tranquillement de leur côté," se désole-t-il.

Peu importe que les gens portent un gilet jaune ou autre, le mouvement ne s'est pas arrêté

Un an plus tard, Olivier l'affirme, ses objectifs ont changé : "Ce mouvement m'a permis de m'intéresser de nouveau à ce qu'il se passe en France, et à comprendre beaucoup de dysfonctionnements". 

Aujourd'hui, il crée son entreprise de shampoings solides bio. S'il ne porte plus le gilet jaune, il garde néanmoins un pin's, confectionné par sa compagne. 

Pour lui aussi, le mouvement ne s'est pas arrêté : "Peu importe que les gens portent un gilet ou autre, ils vont continuer à contester. Certains vont militer dans des associations. Mais le mouvement ne s'arrêtera pas, tant qu'il n'y aura pas de changement de système". 

La Ciotat, "mon gilet c'est mon armure"

A La Ciotat, sur le rond-point de l'autoroute, une vingtaine de gilets jaunes se retrouvent. Il est 15 heures. Même s'ils ont été évacués du péage qu'ils occupaient pendant des semaines, près de 12 mois après le début du mouvement, ils y reviennent symboliquement tous les après-midi. 

Parmi eux, Paul Hubac, un retraité de 77 ans. Le déclic, il l'a eu très tôt : "Quand j'ai commencé à voir des petits vieux, qui à la fin du marché, ramassaient les fruits pourris, pour manger, j'ai compris qu'il y avait en France, un très gros problème. Et j'ai commencé à me battre". 

Quand je mets mon gilet, je sais que je vais au combat

Et il s'est battu Paul, pendant plusieurs semaines, pour tenir le péage de la Ciotat, évacué à plusieurs reprises par les forces de l'ordre : "Quand je mets mon gilet, je sais que je vais au combat. Je sais que je vais tousser pendant deux jours, et que je ne vais peut-être pas rentrer le soir, mon gilet, c'est mon armure".

S'il continue de le porter fièrement, c'est parce qu'il n'accepte pas la misère : "J'ai commencé à travailler à 13 ans, jusqu'à 70 ans. Je n'ai jamais fait un jour de chômage de ma vie. Aujourd'hui, je touche 900 euros de retraite. Vous trouvez ça normal ?"

Son rêve, acheter un bout de terrain, pour cultiver son jardin. C'est sûr, ce ne sera pas à La Ciotat. Trop cher...
 

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