Suite aux peines de prison avec sursis prononcées à l'encontre de 3 policiers, leurs collègues démissionnent
"Il s'agit d'une petite dizaine de fonctionnaires, composant l'intégralité de la BAC de Grasse. Ils ont déposé un rapport de démission qui doit être accepté par le chef de service, mais ils souhaitent aller au bout de leur démarche", a déclaré à l'AFP Laurent Martin de Frémont, délégué départemental adjoint du syndicat Unité SGP Police, majoritaire dans les Alpes-Maritimes.
Des peines de prison avec sursis ont été prononcées vendredi à l'encontre de 3 des 7 policiers impliqués dans le décès d'Hakim Ajimi,
Des peines de prison avec sursis ont été prononcées vendredi à l'encontre de trois des sept policiers impliqués dans le décès d'Hakim Ajimi, lors d'une interpellation violente à Grasse en 2008, les quatre autres étant relaxés.
Parmi les condamnés, deux agents de la BAC, reconnus coupables d'homicide involontaire, ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Grasse
à 18 et 24 mois de prison avec sursis, l'un d'eux également reconnu coupable de non-assistance à personne en danger. Ils ont fait appel.
Des rassemblements sont prévus ce mardi avant midi devant le commissariat de Grasse et un commissariat de Nice. "Il y a une vraie solidarité, car c'est l'incompréhension la plus totale au sein des services de police aujourd'hui", a ajouté le représentant syndical.
Retour sur la condamnation
Des peines de prison avec sursis ont été prononcées à l'encontre de 3 des 7 policiers impliqués
Les deux agents de la brigade anticriminalité (BAC) Jean-Michel Moinier et Walter Lebeaupin, reconnus coupables d'homicide involontaire, ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Grasse, respectivement à 18 et 24 mois de prison avec sursis, Walter Lebeaupin ayant également été reconnu coupable de non-assistance à personne en danger.
Le policier municipal Jim Manach a été reconnu coupable de non-assistance à personne en danger et condamné à six mois de prison avec sursis.
Les quatre autres policiers impliqués, qui appartenaient à une unité de police-secours, accusés de non-assistance à personne en danger, ont été relaxés.
Me Franck de Vita
"La faute a été reconnue mais la peine ne suit pas: j'ai perdu un enfant et eux, ils prennent du sursis", a déploré Boubaker Ajimi, le père de la victime. "Ils vont pouvoir continuer à travailler (comme avant). Il y a une justice à deux vitesses: une justice première classe et une justice deuxième classe, c'est pas normal".
"De toutes façons, on continue le combat (...) pour que ce genre de choses n'arrive plus à personne", a-t-il assuré.
Je considère qu'au moins sur le principe, pour la famille, il y a un constat qu'elle attendait depuis longtemps, c'est qu'il n'y a personne au-dessus des lois", a tempéré l'avocat des parties civiles, Me Franck de Vita.
Pour Paul Monmaur, membre du comité Vérité et justice pour Hakim, ce délibéré montre que "la justice protège la police: il y a une justice de classe pour une police de classe". Ce jugement équivaut à un "permis de tuer pour la police", a estimé le comité dans un communiqué.
Me Gérard Baudoux
Me Gérard Baudoux, qui défendait les deux fonctionnaires condamnés pour homicide involontaire, s'est dit pour sa part "convaincu que les policiers n'ont fait qu'appliquer ce qui leur avait été enseigné à l'école de police (...) même si on a compté à l'occasion de cette affaire un certain nombre de carences dans l'enseignement et dans les instructions qui sont dispensées".
"Mais il n'est pas sain à mon sens de faire de ces deux fonctionnaires de police jusque-là parfaitement irréprochables les boucs émissaires d'un certain nombre d'impérities", a-t-il ajouté, assurant qu'ils allaient faire "très vraisemblablement appel".
"Nous recevons cette décision comme un coup de massue. (...) Solidaires, les policiers des Alpes-Maritimes se rassembleront en silence mardi 28 février à 11h45 devant le commissariat de Grasse", a annoncé pour sa part le syndicat Unité SGP Police.
Le ministère public avait estimé que les policiers devaient tous être condamnés à des peines avec sursis, détaillant dans son réquisitoire les nombreuses erreurs professionnelles ayant entraîné la mort du jeune homme de 22 ans dans un laps de temps très court.
Il était environ 14h45, le 9 mai 2008, lorsqu'a eu lieu l'interpellation dans une rue de Grasse, le jeune homme, psychologiquement fragile, venant de gifler son banquier.
Très vite, elle se transforme en bagarre extrêmement violente, le jeune homme refusant d'obtempérer. Ajimi se retrouve au sol, menotté aux pieds et aux mains, maintenu par trois policiers.
Lorsque le jeune homme est traîné jusqu'à une voiture de police-secours à 15h04, plusieurs témoins indiquent qu'il paraît inconscient. Il décède probablement durant son transport au commissariat, sans qu'aucun policier ne s'en rende compte.