Dopage: Di Grégorio mis en examen par le parquet de Marseille
Le coureur de l'équipe Cofidis Rémy Di Grégorio, mis en examen jeudi après-midi à Marseille pour détention de matériel prohibé, a assuré ne s'être "jamais dopé" et pouvoir "se regarder dans une glace".
Placé sous contrôle judiciaire, "il est mis en examen pour détention de produits réputés dopants", a annoncé son avocat Me Dominique Mattei à la sortie du tribunal de grande instance (TGI), où le cycliste avait été transféré dans la matinée après avoir passé près de 48 heures en garde à vue.
Le chef de mise en examen retenu par le parquet est la "détention d'un procédé interdit sans justification médicale". Le procédé en question est en fait un "kit d'injection de glucose", que le coureur a apporté au cabinet marseillais d'un naturopathe de 75 ans, qui a pratiqué l'injection.
La détention, sans justification, d'un tel kit est passible d'un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende, a indiqué le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest, lors d'une conférence de presse jeudi matin.
"L'avenir est encore devant moi"
"Je peux vous affirmer que je ne me suis jamais dopé sauf si on m'a trompé. Les gens qui me supportent, qui me soutiennent doivent savoir que je peux me regarder dans une glace, la justice fera le reste. Malheureusement le Tour c'est fini, mais le plus dur a été fait et l'avenir est encore devant moi", a déclaré le coureur à la presse après son audition.
"Quelle est la frontière entre une préparation physique performante telle qu'elle est conseillée par des praticiens et le dopage, et ce sont donc les expertises qui détermineront cela", a souligné de son côté Me Mattei, évoquant des "traitements homéopathiques".
"Ce qui est très regrettable, c'est que M. Di Grégorio a été suspendu du Tour de France alors qu'il n'y aucune certitude qu'il ait pris des produits dopants", a-t-il déploré.
Le naturopathe a quant à lui admis aux gendarmes avoir pratiqué des injections au coureur: "deux injections directes d'ozone, une troisième de sang prélevé puis enrichi d'ozone et réinjecté, une quatrième de glucose", selon le procureur.
Un "bon train de vie"
Cet homme, qui par ailleurs menait "bon train de vie" et au domicile duquel ont été saisis "26.000 euros en liquide", a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour "administration à un sportif de substance ou procédé interdit", ce qui est puni de 5 ans d'emprisonnement. Le chef d'exercice illégal de la médecine, en récidive, a également été retenu contre lui.
Au vu des premiers éléments, Rémy Di Grégorio a subi ces injections au cabinet du naturopathe, "entre fin mai et fin juin", avant le début du Tour de France cycliste, selon le vice-procureur en charge des questions de santé publique au TGI, Ludovic Leclerc. Le cycliste était déjà dans le collimateur de la justice lorsque l'information judiciaire contre X a été ouverte le 28 juin 2011, mais "aucun élément probant" n'avait pu sortir de cette première phase. L'enquête, qui n'avait pas été close et reste entourée de nombreuses zones d'ombre, a été "réactivée au printemps".
Ces éléments ont abouti à l'interpellation, mardi, du coureur, du naturopathe et d'un "proche" de Di Grégorio, "qui venait lui livrer à Bourg-en-Bresse des produits, venant de Marseille", qui appartenaient au coureur.
Dans la voiture de cet homme, remis en liberté mercredi, se trouvaient des "produits licites - vitamines, compléments alimentaires, kits de transfusion sanguine - et d'autres produits à analyser: des fioles, des ampoules, dont on ne connaît pas la nature". "Le caractère aggravant de bande organisée", initialement visé par l'information judiciaire qui soupçonnait un trafic, a été abandonné.