Des peines de prison avec sursis ont été requises devant le tribunal correctionnel contre les 7 policiers
Grasse : Compte-rendu 1ère journée procès Ajimi
Ouverture du procès Ajimi, ce jeune homme de 22 ans mort asphyxié en mai 2008 suite à une interpellation musclée. Ils sont 7 policiers à comparaître devant le tribunal correctionnel de Grasse
Affaire Ajimi / Grasse: 7 policiers comparaissent
Quatre ans après la mort par asphyxie du jeune Hakim Ajimi lors d'une interpellation musclée, sept policiers devront se présenter ce lundi devant le tribunal correctionnel de Grasse pour homicide involontaire ou non assistance à personne en danger.
Grasse(06): mort suspecte Ajimi enquête relancée
Deux policiers de la BAC pourraient être mis en examen. La Chambre d'instruction de la Cour d'appel d'AIx en Provence, est revenue sur le non-lieu obtenu par les policiers dans la mort d'Hakim Ajimi en mai 2008. Elle demande un supplément d'enquête.
Des peines de prison avec sursis ont été requises devant le tribunal correctionnel
de Grasse contre les 7 policiers impliqués dans le décès du jeune Ajimi, mort par asphyxie lors d'une interpellation violente le 9/5/ 2008. 4ème jour : place aux plaidoiries de la défense, plaidoiries boycottées par la famille et les proches de la victime.
4ème jour du procès : Plaidoiries de la défense, boycottées par la famille de la vicitme :
La famille d'Hakim Ajimi, choquée par les peines de prison "avec sursis" requises la veille, a décidé de boycotter le dernier jour du procès des sept policiers impliqués dans la mort par asphyxie du jeune homme lors d'une interpellation violente en 2008.
La famille était arrivée en groupe dans la salle le matin, cinq minutes après le début des plaidoiries des avocats des policiers.
"Il aurait dû, mais c'est tellement facile de le dire, se laisser interpeller", plaide alors Luc Girard, avocat du policier municipal qui avait aidé à menotter aux pieds la victime et la maintenir. "On n'aurait pas dû en arriver à la mort d'Hakim Ajimi", ajoute l'avocat.
Après dix minutes de présence, Ekram, la soeur de la victime, se lève brusquement et quitte la salle, suivie silencieusement par toute la famille et leurs sympatisants présents dans le public.
A la sortie, la douleur et la colère éclatent: "justice nulle part, police partout!" crie la famille.
"Je n'ai pas envie d'écouter leurs mensonges. Maintenant c'est assez parce que les faits sont là, les experts ont parlé, l'autopsie a parlé, les témoins ont parlé. C'est une mascarade", a commenté calmement le père Boubaker Ajimi, qui s'est battu pendant quatre ans pour un procès.
"Le procureur veut passer pour celui qui n'accepte pas le comportement des policiers. C'est de l'irresponsabilité. A la fin, il les regarde et puis il demande des peines complètement minimes", s'est insurgé le bouillant Walid Klai, porte-parole de la
famille.
Hier, le procureur Jean-Louis Moreau avait estimé que les policiers devaient tous être condamnés, en détaillant leurs nombreuses erreurs professionnelles. Il a recommandé des peines de prison avec sursis, allant dans un cas jusqu'à deux ans avec sursis.
Soutenue par une quarantaine de personnes, la famille est partie loin du tribunal, marcher dans les rues de Grasse derrière des banderoles demandant "Justice pour Hakim" ou disant encore "Pas de justice, pas de paix".
Joël Rosenkranz, avocat de plusieurs des prévenus, a regretté l'absence de la famille pour les plaidoyers de la défense. "Je pensais exprimer à cette famille, qui n'est pas là, le sentiment de compassion ressenti par chacun des prévenus présents", a-t-il dit.
Les rapports d'expertise médicale ont conclu que la mort -le 9 mai 2008- du jeune homme de 22 ans était due à une asphyxie mécanique, résultat d'une compression thoracique et d'une clef de bras pratiquées par les policiers avec trop de force et durant trop longtemps.
Hakim Ajimi, transporté inconscient vers un véhicule de police-secours selon de nombreux témoins, est possiblement décédé lors d'un court transfert vers le commissariat
réalisé dans des conditions jugées "inhumaines" par un rapport d'une commission de déontologie.
Le tribunal correctionnel de Grasse va se donner plusieurs semaines pour arrêter son jugement.
Mort par asphyxie d'Hakim Ajimi: peines avec sursis requises contre 7 policiers
asphyxie d'Hakim Ajimi en 2008 :
Le procureur Jean-Louis Moreau a estimé que les policiers devaient tous être condamnés, détaillant dans son réquisitoire les nombreuses erreurs professionnelles ayant
entraîné la mort du jeune homme de 22 ans dans un laps de temps très court.
Les avocats des sept policiers plaident aujourd'hui. Le tribunal mettra ensuite sa décision en délibéré, souhaitant se donner plusieurs semaines avant de prononcer son jugement, a indiqué le président.
Les réquisitions les plus sévères visent sans surprise les deux agents de la brigade anti-criminalité (Bac), accusés d'"homicide involontaire" pour avoir employé des techniques d'immobilisation ayant entraîné la mort du jeune homme par asphyxie lente.
Le procureur a requis de un an à 18 mois de prison avec sursis contre Jean-Michel Moinier, qui a pratiqué une compression thoracique sur Hakim, et 18 mois à 2 ans de prison avec sursis pour son collègue, Walter Lebeaupin, qui exerçait dans le même temps une clef d'étranglement.
Ce dernier, ainsi que les cinq autres policiers impliqués, est également accusé de "non assistance de personne en danger".
Outre ces réquisitions contre ces sept policiers, six à huit mois avec sursis ont été requis contre le policier municipal Jim Manach venu aider les deux agents de la Bac à menotter Hakim aux pieds et le maintenir au sol.
Un an avec sursis a été également réclamé à l'encontre de Bernard Julien, chef des quatre agents de police-secours qui ont emmené le jeune homme menotté et affalé par terre dans leur voiture, dans des conditions jugées "inhumaines". Des peines moins lourdes ont été requises contre ses quatre subordonnés.
La famille d'Hakim, qui se bat depuis quatre ans pour la tenue d'un procès, n'a pas caché son désarroi devant à l'absence de réquisitions de prison ferme.
"On est déçus, ce n'est pas normal", a glissé Hatem, le frère de la victime. Ekram, sa jeune soeur, note "qu'aucun des policiers n'a demandé pardon en quatre ans".
"Pour les familles de victimes ce n'est jamais assez lourd. Mais on revient de très très loin, on est passés tout près d'une absence de procès", a commenté l'un des avocats de la famille, Franck de Vita. "Ce qui est important, c'est que la culpabilité soit établie".
Joël Blumenkranz, l'un des avocats des policiers, a estimé pour sa part que "les réquisitions mettent la barre relativement haut et n'ont pas tenu compte de la réalité des faits". "Nous allons remettre jeudi de l'ordre dans la discussion et plaider la relaxe", a-t-il précisé.
Rappel des faits :
Quatre ans après la mort par asphyxie du jeune Hakim Ajimi lors d'une interpellation musclée, sept policiers se présentent devant le tribunal correctionnel de Grasse pour homicide involontaire ou non assistance à personne en danger.
Hakim Ajimi, qui avait blessé l'un des policiers, s'était retrouvé face contre le sol. Un policier avait pratiqué une clef d'étranglement, son collègue blessé s'était assis sur son dos à califourchon, ce qui était "totalement inutile", arguera l'avocat au cours du procès.
"La défense reconnaît à minima que le jeune homme a été immobilisé pendant 12 minutes face contre le sol. Mais on peut parler de 15 mn, voire de 18 mn. L'interpellation intervient à 14h45, l'arrivée de police secours 15h03", précise Me de Vita. Hakim a ensuite été "jeté" sans ménagement, inconscient ou déjà mort, dans la voiture de police-secours. Cinq autres policiers impliqués devront répondre lundi de "non assistance à personne en danger".
Me Gérard Baudoux défend deux des sept policiers
Me Gérard Baudoux défend les deux policiers ayant immobilisé Hakim Ajimi qui comparaîtront pour "homicide involontaire" (passible de trois ans de prison). L'un d'eux est en outre accusé de "non assistance à personne en danger" (passible de 5 ans).
"Je ne vois pas ce que l'on peut reprocher à l'un ou à l'autre, il n'ont fait qu'appliquer ce qu'on leur apprend à l'école de police", plaide-t-il déjà.
Les avocats de la partie civile présenteront 8 témoins dont 7 témoins oculaires.
La défense fera venir à la barre cinq personnes, dont trois pompiers, le supérieur hiérarchique des policiers et un policier spécialiste des techniques d'immobilisation.
Me Franck de Vita, avocat de la famille Ajimi
Pour Me Franck de Vita, "l'affaire est extrêmement simple. S'il n'y avait pas eu un cheminement judiciaire extrêmement tortueux, elle aurait pu être réglée en deux ans".
Les deux policiers de la Bac avaient notamment été blanchis en mai 2010, après une ordonnance de non-lieu rendue par des juges d'instruction. Mais le procureur de la République de Grasse Jean-Michel Cailliau avait fait appel.
En septembre 2010, la cour d'appel d'Aix-en-Provence avait renvoyé les deux policiers devant le tribunal correctionnel de Grasse.
"Ce procès nous a toujours paru nécessaire", a commenté samedi Jean-Michel Cailliau, "la Cour d'appel a suivi notre opinion".
"La question sera celle de la formation de tous ces personnels", précise-t-il, même si la victime, très fragile psychologiquement, a "traversé une crise" au moment de 'interpellation.
Boubaker Ajimi, le père de la victime
Les abords du tribunal pourraient se transformer la semaine prochaine en tribune des comités de soutien à la famille et aux policiers.
Il y a une semaine deux cents personnes s'étaient rassemblées à Grasse en mémoire de la victime.
"Cela fait quatre ans qu'on se bat pour ce procès", avait alors confié son père Boubaker Ajimi, "c'est un combat dur, on a perdu un enfant de 22 ans".
"Ce n'est pas un procès contre la police, mais contre des policiers qui doivent être jugés comme des citoyens", avait-il précisé.