La nageuse niçoise a remporté hier soir la médaille d'or du 400 mètres nage libre à Londres. Revivez son sacre
Longtemps cataloguée comme un grand espoir, Camille Muffat a surmonté les difficultés
pour répondre aux attentes et devenir la quatrième championne olympique
française, qui plus est sur 400 m nage libre, "la" distance de Laure Manaudou
Un parcours niçois
Tout a commencé à Nice, il y a 22 ans. C'est là qu'elle est née, a grandi et a découvert la natation à 7 ans. Elle n'a jamais quitté l'Olympique Nice Natation, où elle s'entraîne toujours sous la coupe de Fabrice Pellerin.
"J'ai eu de la chance d'être née à Nice, de commencer dans
ce club et de tomber sur un entraîneur jeune (Pellerin) qui ne faisait pas de haut
niveau, d'avoir fait du 4 nages, d'avoir basculé sur le crawl", résume-t-elle.
Un physique avantageux
La chance, c'est aussi sa taille (1,83 m), dont elle est fière aujourd'hui mais
qui n'a pas été facile à assumer à l'adolescence. "Ce n'est pas facile d'être grande
quand tu es au collège, que tu fais deux têtes de plus que tout le monde", se souvient-elle. Avec ce physique avantageux, des qualités aquatiques indéniables et (beaucoup) de travail, l'avenir s'annonçait radieux.
Sérieuse et rigoureuse
Elle a débuté par la spécialité la plus difficile, le "4 nages". Mais, Camille
Muffat, sérieuse et rigoureuse, ratait souvent les grands championnats, en raison
de certaines lacunes mentales. Alors, elle s'est réorientée vers la nage libre,
en 2010 après le fiasco des Championnats d'Europe à Budapest.
"J'ai préféré la facilité, entre guillemets, avec le crawl, où je me fais vraiment
plaisir. C'est ce que j'avais envie de faire. Ca correspondait à mes caractéristiques
physiques. Depuis ce moment-là, ça a marché et je n'ai jamais regretté mon choix".
Deux médailles aux Mondiaux de 2011
Depuis, elle accumule les médailles (2 médailles de bronze aux Mondiaux-2011)
sur 200 m et au 400 m libre, la distance de Laure Manaudou, qu'elle avait battue
en 2005, alors qu'elle n'avait que 15 ans. Avec un record de France à la clé. La
comparaison était inévitable: elle fut présentée comme un nouveau prodige.
"Je n'étais pas du tout prête à ça. Du fait que c'était Laure, tous les médias
se sont emballés. C'était difficile d'être comparée tout le temps à elle. Elle
a été championne olympique (en 2004). Et puis cette rivalité avec la meilleure
nageuse qu'on ait jamais eue, qui parlait à pas grand monde, qui faisait peur.
On la monte contre moi, j'ai 3 ans de moins, je me dis qu'un jour elle va m'insulter".
Plus mature
Au défi sportif, s'ajoute un cap difficile à passer: l'adolescence. Camille Muffat
suscite de vaines attentes jusqu'en 2011, l'année où tout change. Plus mature,
plus confiante, encore plus rigoureuse à l'entraînement, elle enchaîne les performances.
"Je suis très timide, je n'ai jamais aimé être mise en avant. Mais je n'ai pas
eu le choix. On apprend à parler aux gens et on finit par aimer ça".
D'ailleurs, elle s'amuse de l'image froide qu'elle renvoie: "C'est vrai que je
peux faire peur. C'est ce qu'on me dit, ce n'est pas ce que je veux. Mais j'en
joue parfois aussi ! Je ne vais pas ne pas être contente de ce que je suis".
Muffat est épanouie et ça se ressent dans l'eau. Elle vit en couple avec un nageur
et la famille est son ciment. D'ailleurs, elle confesse "aimer beaucoup être "à
la maison". J'ai une vie de mamie", confie-t-elle, ajoutant être complètement "gaga"
de son chat. "Et j'aime faire des puzzles. Ouais et alors ?! Des 1000 pièces !"